France Ô revient sur l’après-catastrophe de 2010 en Haïti à travers plusieurs documentaires. Dimanche 12 janvier à partir de 22 h 35, Haïti, le retour d’un sauveteur, le film de Frédéric Tyrode Saint-Louis et Teddy Albert, dressera un premier état des lieux de la reconstruction du pays. Plus tard dans la soirée, c’est Bernard Lavilliers qui fera son propre bilan. Le 14 janvier, la chaîne diffusera un documentaire de Guetty Felin qui date de 2011 et a remarqué dans plusieurs festivals.
France Ô a décidé de programmer une soirée pour se rendre compte de ce qui a été accompli depuis quatre années. Elle souhaite mieux appréhender les problématiques de l’après-catastrophe et mesurer les difficultés rencontrées par celles et ceux qui s’investissent pour rebâtir le quotidien du pays, quel que soit le domaine.
Haïti, le retour d’un sauveteur, un inédit sur France Ô
En janvier 2010, un séisme de magnitude 7 frappait Haïti, plongeant la capitale dans le chaos. Bilan de ces quelques secondes de cauchemar : 316 000 morts, 300 000 blessés et 1,5 million de sans-abris réfugiés dans des camps d’urgence. Sapeur-pompier dans la caserne du Lamentin en Martinique, Mathieu Désert fait partie du premier détachement de sauveteurs français déployé en Haïti, dès le lendemain de la tragédie. Il y passe deux semaines à sortir des rescapés, mais aussi des victimes, des décombres. « Cette catastrophe m’a terriblement marqué », avoue le pompier martiniquais. Mais, plus de trois ans après le désastre, Mathieu a eu envie « de retourner sur place pour voir comment le peuple haïtien se relève de cette terrible catastrophe ». L’occasion aussi de retrouver ses homologues haïtiens avec qui il a collaboré et quelques-unes des personnes qu’il a aidé à sauver. Première étape de son voyage : l’hôtel Montana qui fut sa première mission en 2010. Situé sur les hauteurs de la capitale, cet établissement, l’un des plus luxueux d’Haïti, s’était effondré comme un château de cartes. Aujourd’hui, la vie a repris son cours et un nouveau bâtiment a vu le jour. Puis, Mathieu fait la connaissance du commandant Grégory William. Chef des sapeurs-pompiers de Port-au-Prince, il reçoit désormais les visiteurs dans son véhicule, son bureau étant toujours impraticable. « On est là pour sauver, pas pour être dans le luxe », relativise-t-il. Avant de continuer son circuit, Mathieu rencontre Jean-Marie Théodat, pour faire le point sur la situation actuelle dans le pays. « À l’échelle du pays, en seulement trois ans, j’estime beaucoup ce qui s’est fait à Morne-à-Cabris, ce qui se fait aujourd’hui au niveau de Cabaret, avec des logements non seulement salubres, mais esthétiquement beaux, assure le directeur de l’observatoire pour la reconstruction. Nous nous sommes donné les moyens de repartir sur de nouveaux rails. » Si les stigmates sont toujours malheureusement bien présents, Haïti commence tout doucement à panser ses plaies.
Lavilliers, dans le souffle d’Haïti, 23 h 30
« Je viens en Haïti pour expliquer un peu à l’Europe l’état des lieux de la création haïtienne dans tous les domaines : arts plastiques, peinture, littérature, musique… Je ne fais pas un constat, je parle avec des créateurs. » Trois ans après le tremblement de terre, Bernard Lavilliers redécouvre l’agitation et la chaleur poussiéreuse de la capitale de l’île, encore profondément meurtrie par la tragédie de 2010. Les peintres ont repris leurs pinceaux et leurs couleurs pour exprimer l’indicible, et les musiciens leurs instruments. Le chanteur stéphanois s’afflige des lenteurs de la reconstruction et part à la rencontre des artistes sur les hauteurs d’un bidonville ou dans le cimetière de la ville où ils ont installé un atelier à ciel ouvert. L’avenir de la culture haïtienne étant en jeu, il est reçu au palais présidentiel par le chanteur de kompa le plus célèbre de l’île, Michel Martelly…
Notre-Dame de Port-au-Prince, dans Archipels
Mardi 14 janvier à 22 h 50, c’est avec une autre vision d’Haïti avec le film de Guetty Felin, primé en 2012, puis en 2013 respectivement par les prix spécial du jury meilleur documentaire, puis le prix du meilleur documentaire au FEMI en Guadeloupe.
En Haïti, deux ans après le séisme dévastateur, la ville de Port au Prince particulièrement touchée se remet difficilement, la vie a repris son cours, mais les stigmates sont toujours là. Guetty Felin est allée à la rencontre de ces Haïtiens, acteurs, écrivain, mendiants ou mère de famille. Yvrose, Tipied, Dominique Batraville racontent leur vie depuis le tremblement de terre, ils parlent de leur cathédrale, du devenir de leur pays, dans une mosaïque personnelle et intime. A travers une mosaïque de personnages, le documentaire Notre Dame de Port-au-Prince nous emmène dans l’univers personnel et intime d’Haïti après le tremblement de terre. Une plongée poétique dans la transmission de la mémoire orale d’un peuple.
Le soleil se lève sur un ciel laiteux alors qu’une petite foule de gens avance d’un pas décidé. Certains portent des chaises en plastique, d’autres des parasols, d’autres encore des instruments de musique ou des bancs alors que des jeunes gens aident les plus âgés à enjamber les monticules de gravats. Les marcheurs s’arrêtent devant le crucifix qui tient toujours debout, aux côtés de ce qui était l’entrée principale. Ils lèvent leurs bras au ciel, font le signe de la croix, en s’agrippant aux restes de la clôture de fer.
Face à eux, se déploie la carcasse de la cathédrale Notre Dame de l’Assomption, mieux connue sous le nom affectueux de « Notre Dame de Port-au-Prince ».
Ce qui a nécessité 30 ans avant d’être achevé a été détruit en 35 secondes implacables.