Ibis Rouge éditions sera une nouvelle fois au rendez-vous fixé par les lecteurs au Salon du livre de Paris à partir du 21 mars prochain.
La maison d’édition de Jean-Louis Malherbe occupe régulièrement un stand lors de ce rendez-vous entre lecteurs, éditeurs et libraires qui est aussi l’occasion de mettre en lumière la production littéraire antillaise et guyanaise. A quelques jours de l’ouverture du salon, le catalogue de l’éditeur qui fêtera en 2015 ses 20 ans d’existence et se présente comme numéro 1 de l’édition en sciences humaines de l’outre-mer français s’enrichit de quelques nouveaux titres. Parmi ceux-ci, deux portent un regard sur les écrits et la place tenue par certains auteurs caribéens dans l’espace littéraire. Une autre parution, elle aussi à caractère historique, s’attache à une étude de l’influence politique de l’engagement syndical des enseignants exerçant en Guyane.
Ces ouvrages et les auteurs d’Ibis Rouge éditions sont à retrouver à partir du vendredi 21 mars dans le hall 1 au stand B63.
Vincent Placoly, un écrivain de la décolonisation, Jean-Georges Chali et Axel Arthéron (240 pages, 20 euros)
Vincent Placoly (1946-1992), écrivain polygraphe a su redonner à la littérature caribéenne et panaméricaine un souffle nouveau après les premiers essoufflements de la négritude. Si son œuvre (roman, théâtre, nouvelle, essai, critique journalistique et politique) se situe dans le prolongement de l’œuvre de Césaire, Fanon, Zobel et des premiers écrits de Glissant ainsi que des écrivains haïtiens et latino-américains des décennies 50-60, elle se place également dans le sillage des nouvelles écritures qui semblent annoncer les nouveaux contours de l’espace littéraire américain. Le contexte politique et idéologique qui accompagne la genèse de l’œuvre de l’auteur martiniquais est à n’en pas douter à l’origine d’une vision à la fois engagée et panaméricaine de la littérature.
L’écrivain de la décolonisation qu’est Vincent Placoly met donc sa haute conception de la littérature au service de l’émancipation collective. Après le Discours sur le colonialisme de Césaire, Peau noire masques blancs et Les Damnés de la terre de Fanon, Soleil de la conscience d’Edouard Glissant , l’écriture placolienne s’inscrit dans une tradition qui confère à la littérature une mission civique et hautement politique. Les défis que constituent la désaliénation, la décolonisation des pensées et des imaginaires, la formulation de nouveaux schèmes sont autant de préoccupations chez Placoly.
La poïétique placolienne à l’instar de Carpentier puise dans l’histoire, dans le réel pour traduire la vérité de l’Être et de sociétés postcoloniales de l’arc caribéen. Il s’agit d’inventer un nouveau langage littéraire, de poser une esthétique singulière et de concevoir une éthique susceptible de transformer l’animal social.
Littérature et société : la Guyane, Catherine Le Pelletier (348 pages, 30 euros)
L’histoire littéraire de la Guyane, longtemps méconnue, fournit une abondante matière à des analyses théoriques rigoureuses, des rapports entre littérature, société et culture. Depuis les pétroglyphes, jusqu’aux auteurs du début du XXIe siècle, c’est à un véritable voyage à l’intérieur de la Guyane littéraire auquel l’auteur convie le lecteur. Celui-ci retrouvera des noms célèbres, comme René Maran, Léon- Gontran Damas, Félix Eboué, ainsi que d’autres, moins connus, qui méritent d’être découverts.
Les enseignants et la politisation de la Guyane, Edenz Maurice (160 pages, 15 euros)
L’ambition de cette étude est de comprendre la genèse du paysage politique de la Guyane post-coloniale. Plus exactement, il s’agit de montrer dans quelle mesure l’engagement politique en Guyane d’enseignants le plus souvent à gauche et le rôle de ces enseignants dans la gauche politique, et plus largement dans le jeu politique, procèdent du changement de statut de ce territoire.
Cet ouvrage souhaite contribuer à une meilleure connaissance et compréhension de la place du territoire guyanais dans l’espace politique français – colonial puis post-colonial. Il s’inscrit de la sorte dans le renouveau des travaux sur le fait colonial et sur la place de la mémoire de ce fait colonial dans les débats politiques contemporains, qui ne sauraient faire l’économie du débat que soulèvent et nourrissent les territoires d’outre-mer.
Ce livre vise donc également à nourrir la réflexion collective qui s’organise autour de la question de la définition de l’identité guyanaise, en proposant l’histoire d’une période, de 1946 à la fin des années 1960, fondatrice de la Guyane moderne, tant ce territoire subit alors des transformations majeures dans son organisation politique et dans ses structures sociales. Il soutient la thèse selon laquelle, au cours de cette période, les enseignants en Guyane engagés à gauche jouent un rôle moteur dans l’affirmation d’une identité guyanaise sur la scène politique et, partant, dans la politisation de la Guyane.