La deuxième édition de Danses Caraïbe, la biennale de danse contemporaine, se tiendra du 23 au 28 mars prochain à la Havane. Cet événement contribuera comme le précédent à multiplier les échanges, à encourager la création et à promouvoir de jeunes artistes. Si les compagnies et les artistes cubains seront très présents, la programmation dévoile les prestations de danseurs venant d’Haïti, de Guyane ou encore de Martinique.
Pour Sophie Renaud, directrice du département des échanges et coopérations artistiques de Culturesfrance, l’organisme coproducteur de la biennale, « Danses Caraïbe contribue à rompre l’isolement des artistes en lançant des passerelles entre les îles et le continent sud-américain dont les compagnies représentent un volet important de la programmation ». Danses Caraïbe répond à la volonté de Culturesfrance de stimuler la création dans cette région. Pour ce faire l’opérateur chargé des échanges culturels internationaux travaille en partenariat avec le ministère de la Culture de Cuba à l’instauration d’une dynamique de compétition qui soutiendra l’émulation artistique. C’est ainsi qu’entre les deux biennales ont été organisés des ateliers régionaux en Martinique et en Haïti. Une tournée récompensera les compagnies primées, le gagnant se voyant remettre une aide à la création : 3 000 euros qui contribueront à la mise en place d’un nouveau projet.
Martinique, Guyane, Cuba en compétition
Concrètement, cette biennale s’articule autour du concours, d’une programmation hors concours, d’ateliers d’écriture chorégraphique et de rencontres professionnelles. Quatre compagnies et six solos seront en compétition. A la suite de la soirée d’ouverture du 23 mars, qui verra les prestations de deux compagnies cubaines Teatro de la Danza del Caribe et Ballet Nacional de Cuba, les artistes se succèderont (les 24 et 25 mars). Parmi ceux qui ouvriront le bal : la chorégraphe guyanaise Julie Adami. Sur une musique d’Antoine Villageois, elle présentera sa pièce Peut-être ma sœur : « avec une grande simplicité que renforce une mise en scène sobre, Julie Adami travaille une gestuelle empreinte de réminiscences, ancrée dans la terre, d’une grande humanité ».
C’est la salle Tito Junco qui accueillera toutes les prestations en solo, comme celles de Jean-Aurel Maurice (Saint-Martin/Haïti), d’Abel Berenguer (Cuba), de Lisbeth Saad Godoy (de Cuba sur une chorégraphie d’Osnel Delgado) et enfin de Janoski Suárez (Cuba). Quatre pièces collectives, de Martinique et Cuba, seront présentées au sein du Teatro Mella. Pour la Martinique, les compagnies Christiane Emmanuel et Artincidence. Et pour Cuba : Danzabierta et Teatro Público.
Mangeons… all inclusive, pièce chorégraphiée par Christiane Emmanuel aborde, sous forme d’allégorie, la question du comportement du consommateur. Dans sa pièce, « la possession devient un cérémonial dérisoire […]. Burlesque, déchaînée et aussi riche que la nourriture proposée, la chorégraphie est une sorte d’escalade dansée, une analyse des comportements extrêmes et la critique sauvage d’une société qui se remplit toujours plus sans rien digérer et se cannibalise. » Dans un autre style, Artincidence avec Annabel Guérédrat (la chorégraphe), Sandra Moens et Marie Urvoy, à travers leur pièce Écume, « traitent de l’état mélancolique, de cette impossibilité à faire le deuil d’un être cher ». MalSon et Peso, les deux pièces cubaines, se rapportent aussi aux comportements de l’humain. La première « dresse un état des lieux des rapports humains à travers le prisme du couple d’abord, puis des relations sociales en se servant uniquement de la danse comme support« . Dans la seconde, la chorégraphe Sandra Ramy « joue sur la double signification du mot peso (poids et monnaie) et de ses transferts. Véritable fléau, le peso (pièce de monnaie) et sa position sur le corps des danseurs influe sur le déplacement de leur peso (poids) et la position du corps dans l’espace […] déséquilibrant leur mouvement jusqu’à la chute ».
La programmation offre un foisonnement de spectacles, de rapprochements et de face à face entre les compagnies issues de plusieurs pays. Elles s’expriment avec humour ou gravité, dans des styles multiples, à travers des mises en scènes sobres ou inhabituelles. Pléthore d’artistes, de rythmes et de danses qui résument bien la diversité de leur pays d’origine : Haïti, Équateur, Argentine, Colombie, Brésil, Mexique, Martinique, etc.
Culturesfrance et ses partenaires cubains continuent à initier des projets visant à maintenir la création, les ateliers et rencontres professionnelles qui se dérouleront dans le cadre de la biennale servent à maintenir l’objectif de coopération. Il s’agit pour Culturesfrance « d’œuvrer pour l’insertion, dans les grands courants artistiques, des créateurs et artistes travaillant sur le continent africain ou dans l’espace caribéen« .