Ce mercredi 29 juillet verra la sortie au cinéma de Port-au-Prince, Dimanche 4 Janvier, un film réalisé par François Marthouret et inspiré du roman de Lyonel Trouillot, Bicentenaire.
Port-au-Prince, Dimanche 4 Janvier : c’est sous ce titre que sort le film réalisé pour le cinéma par François Marthouret. Tournée à Haïti et en Guadeloupe, cette adaptation s’inspire de Bicentenaire (pour l’année du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti), roman de Lyonel Trouillot. Il sera projeté au Reflet Médicis à Paris, à partir du mercredi 29 juillet.
Comme dans le livre, il est donc question de la chute du président Aristide et de la révolution haïtienne. Mais c’est là « dimension universelle » du roman qui a donné envie à François Marthouret de se lancer dans cette adaptation cinématographique pour laquelle il a fait appel à des acteurs haïtiens professionnels, issus des troupes de théâtre amateur. Pour la suite, c’est la « rencontre affectueuse et amicale » entre François Marthouret et Lyonel Trouillot qui va permettre au projet de se concrétiser et les amener à collaborer sur ce projet pour lequel le réalisateur a eu une liberté totale. « Ce film s’est fait dans le respect et l’amour d’Haïti. Grâce à Lyonel, j’ai pu préparer le film dans le centre culturel qu’il dirige à Port-au-Prince. Non seulement Lyonel m’a aidé à m’imprégner de cette réalité sociale haïtienne, mais il a aussi su me plonger dans son univers. », explique François Marthouret. De plus, le comédien réalisateur, qui s’est nourri du livre et de la réalité actuelle d’Haïti, a aussi réussi à l’atmosphère du roman, ce que confirme l’auteur qui a « retrouvé dans son film les bruits de fond qui sont en quelque sorte la respiration d’Haïti. C’est ce que j’ai aussi essayé d’exprimer dans mon livre, ce murmure constant de la ville. À travers le film de François, j’ai retrouvé Port-au-Prince. Les Haïtiens, qui ont eu la chance de découvrir le film, ont retrouvé leur ville. »
Autre aspect sur lequel se retrouvent également les deux créateurs : le personnage « d’Ernestine, la mère de Lucien, un personnage très fort dans le livre mais aussi dans le film ». Pour Lyonel Trouillot, « Ernestine est un personnage assez contradictoire, il y a des moments où je la regarde avec dureté comme le fait Little Jo son fils, à d’autres moments je la regarde avec plus de douceur comme le fait Lucien son autre fils, et parfois je la regarde en tant que citoyen haïtien et je me dis que si l’on n’écoute pas sa parole, qui va-t-on écouter ? » Pour le réalisateur, Ernestine « est apparue avec toute cette dimension prêtresse et paysanne. J’ai décidé que ce personnage s’exprimerait en français et non en créole ».
Lyonel Trouillot, qui a « légitimé » le souhait du réalisateur de partir de son roman pour écrire et réaliser Port-au-Prince, Dimanche 4 Janvier, affirme que ce film sur Haïti n’est « pas une caricature », contrairement à d’autres réalisations. De quoi attirer encore plus l’attention sur cette production, le réalisateur étant lui-même conscient « qu’il y a énormément de clichés sur Haïti ». Ainsi même si son « film n’a pas la prétention de les évacuer », pour lui il restait « important de dire que ce qui se passe là-bas le concerne aussi ».
Le synopsis
Le 4 Janvier 2004, Haïti célèbre le bicentenaire de la déclaration d’indépendance. Depuis des mois, des manifestations étudiantes et populaires protestent contre la dictature du « Prophète » », le président Aristide. Tout oppose Lucien, étudiant en philosophie convaincu du succès de la manifestation vers la démocratie, à son jeune frère Little Joe, voyou recruté par les Chimères pour réprimer la marche des étudiants. Ce jour va sceller le destin des deux frères.
Les précisions du réalisateur…
Lyonel Trouillot a légitimé, par son accord et son soutien, mon désir de m’inspirer de son roman Bicentenaire pour réaliser Dimanche 4 Janvier reconnaissant le caractère universel de son œuvre. En 2004, Haïti, république de langue française, pourrait concentrer toutes les conséquences et les contradictions de notre civilisation occidentale (utopie républicaine, variations du néocolonialisme, richesse et extrême misère, traditions spirituelles et brouhaha des religions, dictature, corruption, charity business, et aussi formidable foyer d’écrivains, de peintres, de musiciens).
C’est dans un tel environnement que notre héros, un étudiant ordinaire, croit devoir se battre pour une vie meilleure faite de justice, de liberté, de dignité dans la démocratie.
Le fil rouge, c’est Lucien dans sa marche jusqu’à son assassinat. Parti de son bidonville, il va traverser des moments de vie ordinaire dans leur réalité quotidienne, autant d’étapes, de stations vers son destin (son frère, sa mère, l’épicier, le médecin, les habitants de sa ville, sa petite amie et ses camarades de la grande manifestation). […]