Les éditions Vents d’ailleurs viennent de publier Un petit matin, de Simonne Henry Valmore. L’écrivain et ethno-psychanalyste est notamment l’auteure de Dieux en exil : voyage dans la magie antillaise (Gallimard, 1988) ou plus récemment Objet perdu (Présence africaine éditions, 2013), un récit dans lequel elle s’adresse au poète disparu, Aimé Césaire.
Simonne Henry Valmore est la fille de Gabriel Henry, un homme politique martiniquais proche de Césaire. Le poète à qui elle a déja consacré deux ouvrages et auquel on ne peut s’empêcher de penser en découvrant la synthèse du récit de ce nouveau livre. En effet, on retrouve dans Un petit matin un autre nom connu en Martinique, celui d’Aliker, autre personnalité politique proche d’Aimé Césaire.
Un petit matin, de Simonne Henry Valmore
12 janvier 1934. La Martinique est en état de choc. Un jeune garçon a découvert sur le sable d’une petite plage du Nord-Caraïbe le corps rejeté par la mer d’un homme sauvagement assassiné.
Cet homme retrouvé ligoté, bâillonné a pour nom André Aliker. C’est un journaliste. C’est aussi un communiste de la première heure, aimé de la population et en particulier, des dockers et des ouvriers de la canne à sucre, mal payés par le maître du rhum, monsieur Aubéry. À travers son journal, Justice, Aliker n’hésite pas, preuves à l’appui, a le dénoncer pour fraude fiscale et corruption de magistrat.
Le jeune garçon reconnaît Aliker, et son cri « on l’a tué on l’a tué ! » est bientôt repris en chœur par un pays tout entier. Le pouvoir politique étouffera l’affaire, et même si tous savaient Aliker en danger pour s’être opposé au maître du rhum, personne n’a su le protéger et encore moins faire condamner ses assassins.
Le docteur Pierre Aliker jusqu’à la fin de ses jours sera habillé de blanc pour porter le deuil de son frère, pour que nul n’oublie que « l’affaire Aliker est le plus grand déni de justice et le plus grand scandale que la Martinique a connu depuis l’esclavage » (…)
Qu’est devenu le jeune garçon qui s’en allait rejoindre ses camarades de jeux et s’est trouvé plongé, à son insu, en pleine tragédie en découvrant ce corps mort allongé sur le sable noir ?
Personne ne le sait. Personne ne semble s’en être inquiété. Simonne Henry Valmore va imaginer ce qui aurait pu lui arriver et donner ainsi un destin à ce jeune homme.
Le roman commence par une « réunion du jeudi » du grand maître, Lacan, mise en scène comme une pièce de théâtre où apparaît un nouveau personnage, le Massaï, le jeune homme maintenant âgé. Le maître l’aidera au fil des semaines et des mois à dérouler son récit, douloureux, tendre, énigmatique.
Un petit matin, de Simonne Henry Valmore
Vents d’ailleurs, 2015
104 pages