Le projet de l’association Couleurs Karayb de créer l’événement autour des Figures de Femmes des Outre-mer va prendre forme à partir du 13 décembre 2016 avec une exposition et des conférences basées sur le thème des « Figures de femmes des Outre-mer : histoire nationale, enjeu local » qui se tiendront au Palais d’Iéna à Paris.
L’association Couleurs Karayb organise plusieurs manifestations auxquelles prendront part des personnalités comme Simone Schwarz-Bart, Roger Toumson, Kathleen Gyssels, Daniel Maximin, Christiane Taubira, Gisèle Pineau ou encore Hanétha Vété Congolo. Chantal Clem, présidente de l’association, nous parle ici des intentions qui ont animé la mise en place d’un tel événement.
e-Karbé – L’ambition essentielle de votre association trouve-t-elle un écho plus particulier à l’heure où se multiplient les débats sur l’identité culturelle en France ?
Chantal Clem – Je ne parlerais pas d’ambition essentielle de notre association car avec ou sans débat identitaire cette démarche est nécessaire. Il s’agit dans notre discours et aussi dans la prise en compte des particularismes locaux d’affirmer avec force et éclat la place des Outre-mer dans l’espace national. Sommes-nous réduits à être une portion congrue, être consultés qu’au moment des élections pour jouer un rôle de viviers de voix ou être ensemble pour co-construire ensemble une belle France à l’identité plurielle ? Dans ce cas, il ne s’agit plus de faire de beaux discours mais que cela soit incarné par des actions concrètes. La France est belle ensemble. c’est un enjeu de cohérence et de cohésion sociale.
e-Karbé – Comment s’est imposé le choix du thème : « Figures de femmes des Outre-mer : histoire nationale, enjeu local » de l’événement qu’organise l’association Couleurs Karayb ?
Chantal Clem – Ce projet est le travail en commun de plusieurs intellectuels et personnalités de la vie civile et du monde associatif. Quelle est la place de ces figures dans l’histoire de la France et de leur inscription au patrimoine national ? Pourquoi encore aujourd’hui devoir tout reléguer dans des confins et des territoires alors que l’histoire, les enjeux et les défis sociétaux actuels nous montrent à quel point tout le monde a besoin de sentir cette appartenance à la France. Mais comment consolider cette appartenance si une partie de l’histoire ou des figures qui ont joué un rôle sont encore occultés et minorés ? Cela est encore vrai pour les hommes voire encore plus pour les femmes.
e-Karbé – Quelle portée espérer de la mise en exergue du capital, notamment littéraire, des femmes des Outre-mer ?
Chantal Clem – Nous souhaitons tellement de choses. Nous aurions aimé que plus d’auteures féminins soient enseignées dans les classes et que la littérature ultramarine ne s’arrête pas aux immenses Césaire et Glissant. Nous espérons au moins pouvoir ouvrir ce chantier. Il y a tant à faire mais je crois que des petites portes s’ouvrent, je souhaite qu’elles continuent de s’ouvrir davantage.
e-Karbé – Après cet événement, quels sont vos prochains objectifs ? Quelles autres étapes peuvent s’inscrire dans l’évolution logique de l’association ?
Chantal Clem – Notre objectif immédiat, c’est l’itinérance du projet à mettre en place mais surtout l’identification d’axes de travail en collaborations avec les équipes ministérielles en place pour continuer à travailler pour tout ce qui peut contribuer à faire valoir ce patrimoine. Je tiens à féliciter toutes les associations et institutions qui font un travail remarquable dans ce domaine. Cela est à souligner avec force. S’agissant de Couleurs Karayb à proprement parler, nous continuerons à faire évoluer ce projet. Nous travaillons en ce moment à préparer notre chantier sur les violences faites aux femmes dans les Outre-mer et préparons un projet d’écriture sur ces femmes, héroïnes oubliées de l’histoire. Vous voyez : tout un chantier…