« Mémoires de la plantation, épisodes de racisme ordinaire », de Grada Kilomba, publié voilà plus de 10 ans, est traduit et paru récemment aux éditions Anacaona.
Le livre de Grada Kilomba, psychologue, professeure d’université et artiste, très remarqué dès sa sortie au Festival international de littérature de Berlin en 2008, aborde les questions du racisme ordinaire et apporte nombre d’éclairages sur les débats contemporains en faisant notamment le lien avec des questionnements post-coloniaux et la pensée de l’essayiste martiniquais Frantz Fanon.
« Mémoires de la plantation, épisodes de racisme ordinaire »
Grada Kilomba analyse de courts témoignages de femmes noires, qui parlent de la famille, du couple, ou des images qui leur sont attachées. Elles racontent le racisme dit « ordinaire » – ces remarques, gestes, actions, aux conséquences psychologiques réelles. Car pour l’autrice, le racisme ordinaire n’est pas un événement isolé ou ponctuel : c’est une exposition constante qui fait revivre des scènes d’un passé colonial, et mêle passé et présent.
Quel est le poids de l’histoire, le poids d’être classé·e comme « Autre » dans une société où la blanchité est la norme ? Comment devenir sujet après avoir été marginalisé·e ? Comment dire ce qui a été mis sous silence ?
Dans cet essai influencé par la pensée de Frantz Fanon et devenu référence internationale dans les études postcoloniales, l’autrice n’est pas celle qui est décrite : c’est elle qui parle. D’objet d’étude, elle en devient le sujet – et s’interroge : Qui peut parler ? Qui peut produire du savoir ? Il est urgent de penser à des stratégies pour décoloniser le savoir, la parole et nos imaginaires.
Mémoires de la plantation, épisodes de racisme ordinaire. Éd. Anacaona
Titre original : « Plantation Memories, Episodes of Everyday Racism »
19 euros, 252 pages