Le duo Célia Matouba et Médérick Matouba-Vouteau publie un roman aux éditions Jets d’encre pour retracer une histoire familiale qui prend place dans la Guadeloupe du XIXe siècle.
Avec M.C. Ticout épouse L.C. Matouba, les deux auteurs enjoignent très directement les lecteurs à découvrir les personnages qui font l’âme de la famille. De l’arrachement de Lucette à sa terre originelle aux malheurs de Marie-Célestine, le récit se structure autour de la spontanéité des dialogues, comme des instantanés et un rythme qui rappelle le narratif d’une pièce de théâtre. Célia Matouba et Médérick Matouba-Vouteau convoquent le passé familial pour raconter l’histoire d’une famille au sein de laquelle les stratagèmes imprudents d’un père protecteur et même la clairvoyance d’une mère perspicace ne changeront rien à l’ordre des choses.
Entre péripéties et mauvais sort, les tribulations et le destin de Marie-Célestine et de sa fille Louise-Vestine sont au cœur de ce roman à la lecture duquel on peut situer la trame entre hommage et portrait familial. Médérick Matouba-Vouteau éclaire le lecteur.
e-Karbe – Comment est venue l’idée d’écrire et quel a été le déclic pour s’atteler à un roman à quatre mains ?
Médérick Matouba-Vouteau – Dès l’âge de 9 ans, ma mère me racontait l’histoire de sa bisaïeule Lucette Matouba, en me montrant une médaille en or massif représentant le portrait d’une femme africaine. Médaille qui provenait d’elle et qui se transmettait d’aînée en aînée. C’est en regardant cette médaille avec Célia que nous est venue l’idée d’écrire leur histoire (Lucette, Marie Célestine et Louis Charles) sous forme de roman.
Le récit se concentre presque exclusivement sur les interactions entre les personnages. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Ce choix s’explique par la connaissance que Célia et moi avons de nous-mêmes. Ce que nous sommes aujourd’hui n’est qu’un combiné de nos ancêtres. C’est une façon de mieux nous connaître nous-même.
On commence par le sombre destin de Lucette, pour découvrir ensuite le sort douloureux réservé à Marie-Célestine. Elles n’ont pas de lien de parenté direct, mais, selon vous, quelles valeurs rapprochent ces deux personnages ?
Lucette et Marie-Célestine sont deux femmes qui, malgré moult péripéties qui ont jalonné leur vie depuis leur prime enfance, n’ont jamais baissé les bras et ont transmis à leur enfants l’amour de la famille qui était essentiel pour elles. Ce n’est pas une dualité, car il ne faut pas oublier Jeanne qui y a aussi contribué.
Que dit le personnage d’Auguste Lagrenade de la place du père au sein de la famille et de la société à la fin du 19e siècle en Guadeloupe ?
Auguste Lagrenade était un homme, certes. Mais n’oublions pas que nous sommes dans une configuration matriarcale. En public, c’est le patriarcat qui domine, sauf que les décisions publiques sont prises dans le cadre du privé où la domination est matriarcale. Il était un très bon père, qui soutenait le mur principal (Jeanne) de sa famille.
« M.C. Ticout épouse L.C. Matouba », le roman
Guadeloupe, fin du XIXe siècle. Lorsque sa voisine, madame Lépante, lui propose de marier sa propre petite-fille Joséphine à son petit-fils Louis-Charles, Lucette Matouba est interloquée. Car si le jeune homme est très convoité par toutes les femmes à marier du village, il est de notoriété publique qu’il vit déjà avec Marie-Célestine et leur fille, qu’il aime profondément toutes les deux.
Malgré le refus catégorique de Lucette, madame Lépante et Joséphine n’ont pas dit leur dernier mot. Joséphine deviendra madame Louis-Charles Matouba, et ce quel qu’en soit le prix ! De fait, la surprise est totale pour Louis-Charles lorsqu’un beau matin il se réveille aux côtés de Joséphine, qui lui apprend qu’ils se sont mariés la veille. Le jeune homme a beau fouiller dans sa mémoire, il n’a aucun souvenir des dernières vingt-quatre heures…
Entre romance et complot marital, Célia Matouba et Médérick Matouba-Vouteau nous entraînent sur la magnifique île Papillon d’antan pour nous plonger au cœur d’un drame familial.
M.C. Ticout épouse L.C. Matouba
Célia Matouba et Médérick Matouba-Vouteau, Éditions Jets d’Encre
17, 60 euros. 164 pages