« Dans la maison du père » de Yanick Lahens réédité

En mai prochain, le catalogue de la maison Sabine Wespieser recensera le premier roman de Yanick Lahens, Dans la maison du père, publié initialement en 2000 et qui dans quelques semaines paraîtra dans une édition en grand format.

Depuis Dans la maison du père, Yanick Lahens, « devenue une des voix majeures de la littérature mondiale », compte parmi les grandes plumes qu’a vu naître Haïti depuis plusieurs décennies. Par ailleurs récompensée à de nombreuses reprises, notamment par le prix Carbet pour l’ensemble de son œuvre, elle est traduite dans plusieurs langues. Outre sa place prédominante dans la littérature caribéenne, son implication dans la vie culturelle, politique et sociale de son pays est souvent mis en avant. Des réalités et une histoire dont elle est imprégnée et qui s’entendent dans ses romans. « Yanick Lahens puise l’inspiration de ses livres dans le quotidien de son île caraïbe, dont elle brosse sans complaisance, mais avec une grande tendresse, un portrait tout en nuance », comme l’illustrait déjà ce premier roman dont la reparution est attendue le 8 mai prochain chez Sabine Wespieser.

Dans la maison du père, de Yanick Lahens
Couchée sur l’herbe dans sa robe bleue, Alice Bienaimé est sous le choc. Son père vient de la gifler. Sans penser à mal, dans l’euphorie d’une fin d’après-midi dansante, elle s’était mise à onduler, comme envahie par la force obscure d’autres rythmes. La transe n’a pas droit de cité dans la stricte éducation donnée à la jeune fille de treize ans par sa famille petite-bourgeoise de Port-au-Prince, qui a fait tant d’efforts pour s’arracher à ses origines paysannes et à son ascendance africaine. Cette scène de 1942 sera fondatrice dans la vie d’Alice, que l’initiation aux danses traditionnelles et au culte vaudou, en cachette de ses parents, a déjà grandement troublée.

Yanick Lahens, dans ce saisissant roman de formation, raconte l’enfance apparemment sans histoire d’une gamine haïtienne que rien ne destinait à sortir du rang pour mener une carrière de danseuse. Même si, toute petite, le mystérieux territoire de la servante, Man Bo, dans l’arrière-cour de la maison, l’attirait bien plus que l’école.

À relire ce premier roman, il est frappant de noter à quel point il est annonciateur des leitmotivs de l’œuvre à venir : le local y devient universel, grâce au récit de cette très jeune fille désireuse de vivre dans la plénitude de son corps et de ses origines. De même que le personnel devient politique, tant l’enfance de cette gamine insoumise est traversée par les convulsions de l’histoire : la fin de l’occupation américaine en 1932, les massacres de 1937 à la frontière dominicaine, l’espoir révolutionnaire de l’après-guerre, puis le sombre avènement de la dictature des Duvalier tiennent lieu de toile de fond au récit.

Dans la maison du père, Yanick Lahens
Disponible en librairie à partir du 8 mai 2025
17 euros, 160 pages

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