Arte propose cette semaine Dirty paradise, un documentaire qui témoigne d’un drame humain et écologique, engendré par l’orpaillage, dont les indiens Wayanas de Guyane sont les premières victimes. Ce film du réalisateur Daniel Schweizer sera diffusé dans la nuit du vendredi 1er au samedi 2 octobre à 0 h 20. Dirty Paradise (paradis sale), « raconte l’histoire d’une tribu amérindienne qui refuse de disparaître dans le silence et l’indifférence ».
Daniel Schweizer a découvert le peuple Wayana dans son enfance, avec le livre Parana le petit indien (texte Francis Mazière, photos Dominique Darbois). Des années plus tard, il s’aperçoit que la version du paradis qu’il a découverte dans ce livre est menacée : Parana (l’un des principaux personnages du film), son peuple, le fleuve et toute la forêt amazonienne sont les victimes impuissantes des orpailleurs qui, pour récolter un kilo d’or, utilisent près de 1, 5 kilo de mercure, anéantissant chaque jour un peu plus le monde de Parana. Les orpailleurs, les tonnes de mercure qu’ils utilisent et déversent dans le Maroni posent aujourd’hui la question de la survie des amérindiens du Haut Maroni et ce documentaire engagé en est l’expression très concrète.
C’est Parana que Daniel Schweizer a voulu retrouver en 2005, en apprenant ce qui se passait pour les populations amérindiennes du Haut Maroni. « C’est en suivant ces indiens pendant quatre ans, en allant chaque été vivre dans leurs villages, que j’ai pu établir une relation de confiance avec eux. Progressivement, ils se sont confiés à l’équipe de tournage et nous ont livré leur sentiment d’impuissance face à des enjeux économiques qui les dépassent. L’originalité de ce projet est qu’il a été écrit et développé avec Parana, Aïma et Tassikalé, des habitants du village Taluwen ainsi que Akama et Mélanie du village de Kayodé. En prenant la parole, ces Amérindiens Wayana nous aide à mieux comprendre la solitude et la la souffrance qu’ils endurent et avec quelle détermination ils sont prêts à lutter. Dirty Paradise est un film sur une partie du monde qui bascule. C’est en refusant les clichés exotiques, en donnant la parole aux Indiens et en élaborant le scénario avec eux que nous avons conçu ce projet. » explique le réalisateur genevois.
Daniel Schweizer a tourné et fait évoluer son documentaire pendant quatre années. Les rencontres et les séjours du réalisateur auprès des populations d’Amazonie confèrent à ce documentaire une force inédite, notamment du fait de la présence efficiente des Wayanas. Contrairement à nombre de documentaire évoquant les effets catastrophiques de l’orpaillage, cette fois la population amérindienne n’est pas oubliée, tant pour leur quotidien dramatique que pour les effets sanitaires de ces pratiques. Si le documentaire dépeint avec un certain fatalisme la situation, il n’est plus possible d’invoquer l’absence d’informations. Il a d’ailleurs obtenu le grand prix du 8e Festival international du film et forum sur les droits humains, en mars 2010. Un prix qui récompense un documentaire de création pour la qualité de la réalisation et l’engagement du cinéaste en faveur des droits humains.
Le synopsys
Une incroyable catastrophe sanitaire et écologique se déroule aujourd’hui au cœur de l’Amazonie sur un territoire européen d’outre-mer, la Guyane, et sa zone frontière avec le Surinam. Dirty Paradise nous fait partager l’histoire d’un millier d’Indiens qui tentent de survivre face à plus de 10 000 chercheurs d’or clandestins qui se cachent dans la forêt.
Pour la première fois, les Amérindiens Wayanas prennent la parole dans un film et dénoncent les conséquences de l’exploitation incontrôlée d’un or « sale ». Ce documentaire accompagne Parana, Akama, Mélanie et leurs enfants dans leur combat quotidien et dérisoire face à la destruction de leur environnement. La forêt primaire est mise à sac, les rivières et les criques sont polluées par des tonnes de mercure et de boue. Les autorités, l’armée et la gendarmerie sont impuissants face à l’immigration massive des chercheurs d’or clandestins. La fièvre de l’or gagne la région et la contamination au mercure entraîne des problèmes de santé mais, le pire est encore à venir.
Dirty Paradise raconte l’histoire d’une tribu amérindienne qui refuse de disparaître dans le silence et l’indifférence.
Rediffusions
Dimanche 10 octobre 2010, 1 h 30
Vendredi 15 octobre 2010, 11 h 05