Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris consacre du 15 octobre 2010 au 30 janvier 2011 une vaste rétrospective à l’artiste américain Jean-Michel Basquiat à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance. Cette exposition est la première de cette envergure à être présentée en France.
D’origine portoricaine et haïtienne, né en 1960 à Brooklyn dans l’État de New York et mort à New York en 1988 à la suite d’une overdose à l’âge de vingt-sept ans, Basquiat appartient à la génération des graffiteurs qui a brusquement émergé à New York à la fin des années 70. En 1977, il commence à signer ses graffitis du nom de SAMO (pour Same Old Shit) accompagné d’une couronne et du sigle du copyright. Au cours de sa fulgurante carrière, sa peinture passe de la rue au tableau. Son univers mélange les mythologies sacrées du vaudou et de la Bible en même temps que la bande dessinée, la publicité et les médias, les héros afro-américains de la musique et de la boxe, et l’affirmation de sa négritude. Il définit ainsi une contre-culture urbaine, underground, violente et anarchique, pétrie de liberté et de vitalité. En 1982, Basquiat est invité à participer à la Documenta 7 de Kassel en Allemagne. L’année suivante, il est le plus jeune et le premier artiste noir à exposer à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York. En 1984 et 1985, il réalise en commun des peintures avec Andy Warhol dont la mort le bouleversera en 1987.
L’art conceptuel et l’art minimal étaient alors les courants dominants et austères de l’esthétique avant-gardiste américaine. Basquiat introduit une rupture et devient la vedette de la nouvelle peinture « néoexpressionniste ». Ce réveil inattendu de la peinture revendiquant l’innocence et la spontanéité, l’absence délibérée de savoir-faire et l’usage brutal d’une figuration violemment expressive s’opère aux États-Unis et en Europe au début des années 80. S’étant toujours défini comme un peintre influencé par son environnement urbain quotidien, les racines de sa pratique « expressionniste », « primitiviste » sont à trouver du côté d’une peinture européenne d’après-guerre, celle de Jean Dubuffet, réfractaire à l’«asphyxiante culture», ou celle de Cobra, ainsi que du côté de la grande tradition américaine de Robert Rauschenberg à Cy Twombly.
Après sa mort prématurée en 1988, il laisse une œuvre considérable habitée par la mort, le racisme et sa propre destinée. Sa vie brûlante et explosive, mêlant le star-système et la révolte, a inspiré en 1996 le film Basquiat du peintre et cinéaste Julian Schnabel. En 1984, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris avait déjà présenté Jean-Michel Basquiat dans une exposition collective consacrée au mouvement de la Figuration Libre France/USA, aux côtés de Robert Combas, Hervé Di Rosa et Keith Haring. Cette rétrospective composée d’une centaine d’œuvres majeures (peintures, dessins, objets) provenant de nombreux musées et de collections particulières américains et européens permet de reconstituer le parcours chronologique de l’artiste et de mesurer son importance dans l’art et dans l’histoire de l’art au-delà des années 80.
L’exposition Basquiat a été conçue par la Fondation Beyeler et organisée en collaboration avec le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Présentée d’abord à la Fondation Beyeler à Bâle (9 mai – 5 septembre 2010), elle ira ensuite au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. À l’occasion de l’exposition, un catalogue sera publié aux éditions Paris Musées (264 pages, 34 euros). Par ailleurs, une projection du film de Tamra Davis, Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child est programmée dans le cadre de cette exposition le jeudi 28 octobre à 19 h.
Basquiat pour les plus jeunes
Tous les mercredis et les samedis à partir de 14 h, le service éducatif et culturel du musée propose des ateliers son et arts visuels pour enfants (sur réservation). L’univers de Basquiat est propice au collage sonore. Il mêle la culture urbaine aux origines haïtiennes de l’artiste. Les enfants visitent d’abord l’exposition avant de réaliser des montages sonores en atelier. A partir d’une sélection de peintures qu’ils auront étudiée, ils assemblent sur ordinateur des fragments de sons puisés dans différents domaines, des bruits de la ville à des bruits domestiques, en passant par des sons réalisés pendant la séance.
Musée d’Art moderne de la ville
11, avenue du Président Wilson, Paris
Métro Alma-Marceau ou Iéna, RER C Pont de l’Alma
Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22 h