Sur France Ô, le magazine Archipels revient sur un épisode important de l’histoire de la Martinique avec Les 16 de Basse-Pointe, diffusé en deux parties, dès ce mardi 12 octobre 2010 à 20 h 35.
Ce documentaire à caractère historique est signé de Camille Mauduech qui enquête et s’interroge sur le drame qui a lieu le 6 septembre 1948 et sur ses conséquences : 16 ouvriers agricoles noirs sont accusés d’assassinat et l’État français décide de déplacer le procès hors des murs de la Martinique… à Bordeaux. Dans le cadre du magazine Archipels, diffusé en deux parties les mardis 12 et 19 octobre à 20 h 35, Les 16 de Basse-Pointe retrace les événements d’un procès très médiatisé, où les avocats de la défense (antillais et métropolitains) sont pour la plupart communistes et nommés par le Secours Populaire Français. Le procès qui se déroule en 1951 prendra immanquablement un tournant politique et est aujourd’hui considéré comme le premier procès du colonialisme français aux Antilles.
Camille Mauduech réalise avec ce documentaire son premier long métrage, après s’être fait remarquer internationalement avec plusieurs court métrages. L’affaire des 16 de Basse-Pointe lui donnera l’idée d’un film quand elle découvrira les documents relatifs à ce procès dans les archives de Georges Gratiant, l’un des onze avocats.
Le film fut très remarqué à sa sortie en avril 2009. Il s’agit d’une enquête poussée sur l’assassinat de Guy de Fabrique et sur le procès. Une enquête unique pour une affaire qui a fait la une dans un contexte particulier. L’ensemble a demandé un traitement particulier de la part de la réalisatrice et scénariste : « je la revisite, poursuivie par son exemplarité historique en même temps que par sa violence et ses secrets, 60 ans plus tard. Je me positionne parfois comme un enquêteur sans obligation de résultat, parfois comme une glaneuse de souvenirs, parfois comme un guide, pas à pas, et fondamentalement en tant que narrateur dans les méandres d’une histoire à tiroirs.
Ma voix, mes questionnements, mes interrogations, mes suppositions, jamais mes certitudes, jalonnent la narration comme un liant, un ciment entre les pièces d’un puzzle. Je raconte une histoire basée sur une investigation solide et documentée, entre la Martinique, Paris et Bordeaux, mais je tente aussi de saisir l’histoire des 16 de Basse-Pointe telle qu’elle s’inscrit dans la mémoire des « gens », parfois proche de l’histoire officielle, parfois plus officieuse et secrète, parfois déformée, avec ses contradictions, ses non-dits, ses « on dit », ses scénarios, ses regrets, ses fiertés, ses héros. Quant à la dramaturgie, elle s’inscrit d’elle-même dans l’histoire vraie. L’histoire singulière du meurtre de Guy de Fabrique et le procès qui en découle soutiennent, dans ma démarche, le portrait d’un pays résolument français, qui s’est fondé sur le système de plantation, la division raciale, la suprématie coloniale, l’exploitation et la manipulation. »
Synopsis
En 1948, en Martinique, dans un climat de grève sur une habitation sucrière, un « géreur », blanc créole, est assassiné de 36 coups de coutelas et retrouvé mort dans un champ de cannes de la plantation qu’il administre.
Après une chasse à l’homme de plusieurs semaines, seize coupeurs de cannes noirs sont arrêtés et maintenus en détention préventive pendant trois ans. En 1951, leur procès, renvoyé à Bordeaux, ancien port négrier, avec l’assurance d’un verdict exemplaire et sans appel, deviendra le premier procès du colonialisme français aux Antilles, jugé devant « ses pères ».