Cette semaine, de nombreux médias consacrent quelques heures d’antenne à la situation en Haïti, un an après la catastrophe. TV5 Monde, notamment, diffusera le mardi 11 janvier 2011 deux émissions spéciales, l’une à partir de 21 h 04, présentée par Philippe Dessaint et Esmeralda Milce, qui verra la participation d’intellectuels haïtiens qui réagiront aux différents reportages qui reviennent sur les effets et les projets mis en place pour faire revivre le pays depuis le 12 janvier 2010.
La seconde partie de soirée verra la diffusion du documentaire Haïti, la blessure de l’âme (56 minutes), film documentaire de Cécile Allegra et Raoul Seigneur. Toujours lors de la soirée du mardi 11 janvier, Jean-François Lépine présentera à partir de 23 h 38 Une heure sur Terre, son émission consacrée à l’actualité internationale. Avec cette semaine une analyse et un état des choses pour voir où en est la reconstruction à Haïti : Haïti, la république des ONG ? ce sera le thème de l’émission.
Haïti, un an après
Un an après le séisme qui a fait plus de 200 000 morts et laissé un million de personnes sans abri, TV5 MONDE consacre une émission spéciale à Haïti. Tournée à Port-au-Prince, présentée par Philippe Dessaint et Esmeralda Milce, une animatrice de la télévision haïtienne, cette émission donne largement la parole aux Haïtiens eux-mêmes. Une population qui est aujourd’hui cruellement touchée par une épidémie de choléra et qui, à la veille du second tour de l’élection présidentielle, connaît un climat politique incertain. Ces entretiens sont ponctués par cinq sujets inédits signés Pascal Priestley, journaliste à TV5 MONDE, qui était sur place il y a un an quand la terre a tremblé, et qui n’a cessé de suivre depuis, à travers ses reportages en Haïti, l’évolution de la situation.
Reportages :
– Le camp du Golf, dirigé par Sean Penn
– Fort national, un vieux quartier du centre-ville encore sous les gravats
– Canaan, « la terre promise », à 15 kilomètres de la capitale : une « ville champignon » de 80 000 habitants pousse sur une terre sans propriétaires
– Une école détruite et reconstruite de manière précaire
– Le Nouvelliste, un journal haïtien qui n’a cessé de paraître depuis 1880
Réalisation : Pascal Priestley & Guillaume Gouet.
Invités :
– Lyonnel Trouillot, écrivain et journaliste haïtien.
– Fanny Devoucoux, humanitaire française de « Acted », arrivée sur place un an avant le tremblement de terre.
– Jean-Marie Théodate, Haïtien, professeur à la Sorbonne qui a quitté Paris pour aller enseigner à Port-au-Prince l’an dernier. Il est aussi le représentant de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) sur place.
– Les sœurs Lafontant, libraires à Port-au-Prince.
Haïti, la blessure de l’âme, film de Cécile Allegra, Raoul Seigneur
Les deux réalisateurs ont passé plusieurs semaines à Haïti pour en ramener des témoignages qui permettent de mesurer les traumatismes et la détresse qui règne dans le pays. Après la catastrophe, les cas de syndrome de stress post-traumatique aigüs se multiplient et les interview récoltées mettent en exergue cette évidence. Selon les réalisateurs : « ce documentaire est avant tout un film de témoignages, un film de personnages. Il est pensé pour recueillir une parole, une douleur qui a été étouffée par l’ampleur du désastre et de l’urgence humanitaire. La parole d’une population qui a été, est et restera traumatisée… si rien n’est fait pour lui venir en aide. Etant donné la gravité du propos, nous avons évité un tournage en « séquence live » caméra à l’épaule, avec des interview sur le vif qui auraient tendu à banaliser la parole en la noyant dans l’action. »
Le synopsis : Ici, les gens sont aussi fissurés que leurs maisons ». C’est Camille-Louis, un jeune psychologue haïtien, qui parle. Depuis le séisme, il reçoit des dizaines de personnes qui souffrent d’un mal insidieux : perte d’appétit, cauchemars à répétition, prostration, sensations d’étouffement, paniques subites… Ils présentent tous les symptômes d’un stress post-traumatique aigü. Le phénomène est massif : enfants, ados, adultes, personne n’est épargné. Selon Camille-Louis, plus de 60% de la population haïtienne est touchée. Et ce n’est qu’un début. Si rien n’est fait, la situation, déjà catastrophique, risque de devenir la première situation d’urgence psychiatrique au monde. Nous avons suivi des haïtiens, soignants ou souffrants, issus de toutes les couches sociales… et des français, secouristes, eux aussi touchés. Plongée dans le trauma haïtien.
Haïti, la république des ONG ?
Près d’un an après le séisme du 12 janvier 2010, « Une heure sur Terre » retourne en Haïti pour constater que la reconstruction n’a pas vraiment commencé, en dépit des milliards de dollars versés aux organisations humanitaires. Selon le premier ministre Jean-Max Bellerive, Haïti n’a reçu que quinze à vingt pour cent de l’argent promis. Avec plus de dix mille organisations non-gouvernementales installées en Haïti, le pays est désormais décrit comme la « république des ONG ». L’Etat haïtien n’a ni les ressources, ni la crédibilité pour imposer une direction à toutes les initiatives d’aide. Après dix mois, l’immense majorité des 1,3 millions de sinistrés de janvier, aux prises maintenant avec l’épidémie de choléra, vivent toujours sous des bâches dans les conditions précaires des camps.