Babette de Rozières, tout le monde connaît. Elle est aujourd’hui l’une des nombreuses personnalités qui invitent les téléspectateurs dans sa cuisine. Mais elle est aussi et surtout celle qui depuis des années impose les couleurs et les parfums de la cuisine créole dans la gastronomie made in France. À l’heure où l’engouement pour les livres et autres guides de recettes ne cesse de grandir, Babette de Rozières fait une immersion gastronomique dans la cuisine végétarienne en publiant La bonne cuisine végétarienne de Babette. On y retrouve toutes les saveurs qui font le succès de ses recettes.
E-karbe – Pouvez-vous nous parler de vos dernières parutions ?
Babette de Rozières – J’en ai deux : j’ai La bonne cuisine de Babette qui est sortie il y a quelques mois. Dans ce livre-là il y a un peu tout, les entrées, la viande, les sauces, les condiments. Et puis La cuisine végétarienne, où il y a évidemment des légumes mais cuisinés avec la touche de Babette. C’est-à-dire que, compte tenu de ma culture des épices, je me suis arrangée pour donner du goût aux légumes. Si bien qu’on peut trouver dans ce livre par exemple un goût créole, un goût thaïlandais, un goût de tout… tout en gardant les vraies saveurs des légumes et ça, c’est pas facile. Je me suis rendu compte en écrivant ce livre et en cuisinant les légumes que c’était plus complexe que de cuisiner un poulet ou un lapin. Parce que quand on fait un poulet, on renforce son goût par les épices, mais les légumes c’est subtil, il faut vraiment aller tout doucement pour éviter qu’ils perdent leur saveur et faire en sorte qu’ils restent croquants. Et c’est très amusant de cuisiner les légumes. Je pense que maintenant je vais passer aux légumes parce que j’ai tellement mangé de bonne viande en mangeant des légumes que je me dis que j’aurais pu commencer plus tôt. Maintenant, je comprends bien pourquoi les végétariens sont végétariens…
E-K- Que pensez-vous de l’engouement actuel pour la cuisine et spécialement pour les cuisines qui viennent d’ailleurs ?
BdR – J’aurais tellement aimé que ça vienne plus tôt parce que quand j’ai commencé, la cuisine était presque tabou, surtout dans ma spécialité, et puis j’ai eu du mal à m’imposer au niveau de la télévision et des médias. Ça m’a demandé quelques bonnes années mais maintenant je ne regrette pas étant donné que les gens s’intéressent de plus en plus à la cuisine, même les jeunes. Plus il y a de livres ou d’émissions de cuisine, meilleur c’est, je pense, pour les gens. Ça leur évite justement de manger n’importe comment. Bien manger, c’est important.
E-K – Comment la touche créole que vous apportez à la cuisine est-elle accueillie par le public ?
BdR – Beaucoup mieux qu’il y a quelques années. Quand j’ai commencé la cuisine créole, ce n’était pas un atout du tout. Les gens pensaient que c’était pimenté, ils ne connaissaient pas la vraie culture créole. Désormais, avec les voyages, les échanges, ils connaissent mieux la cuisine créole et ils l’apprécient. Ça me fait plaisir de voir des gens qui viennent et qui me parlent des produits que l’on trouve aux Antilles assez facilement comme on parle de la pomme de terre – quoique la pomme de terre c’est le produit le plus exotique qui existe… – mais enfin ça me fait plaisir de voir que la papaye ou la mangue sont désormais aussi connues que la pomme de terre. Il y a cette dimension d’échanges qui me plaît beaucoup. Et c’est beaucoup plus facile maintenant de cuisiner des produits exotiques qu’autrefois. Et même quand on va chez un grand cuisinier, on trouve à la carte des produits de chez nous, c’est un vrai régal.
E-K – Votre arrivée à la télé est-elle une cause ou une conséquence de cet engouement ?
BdR – Quand je suis arrivée à la télé, on ne parlait pas de cuisine créole du tout. J’étais la première femme noire, antillaise, à faire des émissions de cuisine sur la chaîne publique. Ça n’a pas été facile. Maintenant, c’est devenu presque monnaie courante. Avant, ce n’était pas un atout mais maintenant c’est devenu un atout.