Guyanes Arts Marrons, c’est une exposition présentée dans le cadre du Festival des outre-mers qui se tient à Paris. Présentée depuis le 29 avril, l’expo combine peinture, sculpture, gravure sur bois et métal, broderie et vannerie et divulgue une collection des arts pratiqués par les Marrons des deux côtés du Maroni, en Guyane et au Surinam.
Cette présentation est une mise en valeur des arts pratiqués par ces communautés. Avec Guyanes Arts Marrons, le Musée des Cultures Guyanaises et le Centre Culturel Mama Bobi révèlent un bel ensemble du registre artistique et esthétique dont les marrons ont hérité et qu’aujourd’hui encore ils maîtrisent. On retrouve dans cette exposition les objets et les instruments de la vie quotidienne ; la technique et le tour de main des artisans prennent « la dimension d’œuvre d’art » que les anthropologues Richard et Sally Price qualifient « d’arts afro-américains ». Ainsi, une pagaie ndjuka résulte d’un travail esthétique qui allie sculpture et peinture, un banc saramaka sculpté dans le bois arbore des motifs qui peuvent être ancestraux, etc. Une expression esthétique qui prend appui sur tous types d’articles ou d’ustensiles comme les plateaux ou les récipients en calebasse que les marrons descendants d’esclaves ont en partage avec certaines populations d’Afrique.
L’exposition présente aussi, notamment pour ce qui est de la vannerie, des objets adoptés et développés dans l’art marron et qui tirent leur authenticité des techniques amérindiennes comme lapresse à manioc ndjuka (couleuvre à manioc). Des procédés et une technicité auxquels s’ajoute une inventivité qui illustre bien du dynamisme culturel habilement entretenu dans les communautés Noirs marrons : Ndjuka, Aluku, Paramaka, Saramaka, Kwinti, etc.
Cette même inventivité que s’octroient les hommes, principalement pour ce qui concerne les travaux de sculpture mais aussi les Tembe. Et les femmes qui travaillent principalement le textile. Et si celles-ci s’adonnent à la sculpture de la calebasse, elles opèrent dans un style différent : alors que les hommes préfèrent les formes très géométriques, les femmes adoptent les formes libres. L’exposition met donc en exergue une « spécialisation par sexe » qui caractérise également l’histoire de ces sociétés. Une histoire et des arts qui trouvent leur source dans la diversité des origines africaines et dans les influences qu’ils côtoient.
Autre codification masculine, celle que l’on peut retrouver sur les tableaux peints, le ferti tembe, que l’on retrouve sur dans tout un pan de cette exposition. Plusieurs tableaux fruits de l’expression d’artistes comme Thomas Adiejontoe ou d’Antoine Lamoraille, aux côtés de ceux spécialement conçus pour cette exposition par Sawanie Pinas, qui compte parmi les artistes tembé les plus réputés de Guyane. Avec un ensemble d’adepte et héritier de cet art, il perpétue une tradition en même temps qu’il lui confère une contemporanéité qui garantit sa pérennité. Une collection de tableaux qui « invite les spectateurs à s’arrêter sur plus de 20 ans de création artistique et d’en discerner ainsi les liens de force et de rupture, les écoles, les styles et techniques propres à chacun des artistes exposés… », selon le centre culturel Mama Bobi.
Une diversité de composantes de l’art marron à découvrir dans le cadre du festival et qui conduit le visiteur à s’initier aux principes qui donnent lieu à la création de ces objets du quotidien et leur évolution.
Exposition Guyanes, Arts marrons
– jusqu’au dimanche 15 mai 2011 à la mairie du VIe arrondissement de Paris, 78 rue Bonaparte – Paris 75006
– lundi au vendredi de 11 h à 17 h, jeudi jusqu’à 19 h, samedi de 10 h à 12 h
– ouverture exceptionnelle : vendredi 13 mai au dimanche 15 mai de 11 à 19 h
– entrée libre