Un pont entre l’Europe et l’Amérique du Sud et René Maran, l’éveilleur de conscience seront proposés à la mairie du 6e arrondissement de Paris dans le cadre du festival des outre-mers qui se poursuit jusqu’au 15 mai 2011.
Dans le premier film, de Annick Thébia et Benoît Sourty, c’est le pont sur l’Oyapock, entre la Guyane et le Brésil, qui fait l’objet d’un documentaire : il pose la question des effets de cette construction sur la vie des deux populations concernées par la mise en service de ce lien entre l’Europe et le Brésil. Le second documentaire, à caractère historique, revient sur la vie de René Maran, écrivain guyanais et Prix Goncourt 1921 pour son roman, Batouala.
Un pont entre l’Europe et l’Amérique du Sud, de Annick Thébia et Benoît Sourty, 16 h 30
Quand Brasilia et Paris décident en 1997 puis en 2009 de construire un pont binational sur leur frontière commune, beaucoup ignorent que le fleuve Oyapock sépare sur plus de 500km un département français d’outre-mer, la Guyane, et l’un des États de l’extrême Nord du Brésil, l’Amapa. Dans le contexte de la mondialisation, la construction de ce pont s’inscrit alors dans une planification tardive mais réelle de désenclavement de la zone frontalière, dans le contexte amazonien. À ce titre, ce pont sera irréversible pour une Guyane insulaire et seul territoire non indépendant d’Amérique du Sud. Pour autant, région ultra-périphérique de l’Union Européenne, la Guyane partage avec l’Amapa la particularité de concentrer les problèmes inhérents aux enjeux frontaliers : afflux d’immigrants, orpaillage clandestin, circulation des habitants d’une rive à l’autre du fleuve.
Alors, face aux enjeux stratégiques exposés par les acteurs des deux bords, pessimisme et optimisme cohabitent dans un climat où plane, avec un certain scepticisme, une interrogation majeure : comment l’arrivée de ce pont va-t-elle changer la vie des populations locales ? Pourra-t-il aider la Guyane à trouver sa place dans les nouveaux rapports entre Nord et Sud, entre centre et périphérie ?
René Maran, l’éveilleur de conscience, de Barcha Bauer et Serge Patient, 17 h 30
Ce documentaire entre dans le cadre de la collection des grandes figures noires de la République : Gaston Monnerville, Félix Eboué, Frantz Fanon, Léon Gontran Damas, etc. En décembre1921, René Maran reçoit le Prix Goncourt pour son roman Batouala. À l’époque, il est administrateur colonial dans l’Oubangui-Chari (république Centrafricaine). Dans sa préface, il dénonce l’attitude répressive de l’administration coloniale auprès des peuples de l’Afrique équatoriale. Ce roman donne à René Maran, d’origine guyanaise, martiniquaise et bordelaise, la renommée et une légitimité nationale qui va pousser des écrivains comme Senghor à lui donner le titre de précurseur de la négritude. Il démissionne en 1926 de l’administration coloniale, se consacrant dès lors à la littérature et au journalisme pour la reconnaissance de l’égalité de l’homme noir dans la société française, tout en soutenant l’idée d’une France humaniste et celle d’une politique coloniale progressiste et assimilationniste. Il reçoit de nombreux prix pour son travail d’écrivain, le Prix Broguette-Gonin de l’Académie Française, le Prix des Gens de Lettres, le Prix de l’Outre-mer pour ces œuvres poétiques et littéraires ainsi que le prix de la Poésie de l’Académie Française. René Maran sensibilisera des écrivains comme Léon Gontran Damas, Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor, Gabriel Glissant et des auteurs africains comme Henri Lopez à une littérature engagée. Il meurt à Paris en 1960 dans l’oubli le plus total.
Mairie du 6e arrondissement de Paris
78 rue Bonaparte Paris 75006
Samedi 14 mai 2011 à 16 h 30 – Un pont entre l’Europe et l’Amérique du Sud, 2011
Samedi 14 mai 2011 à 17 h 30 – René Maran, l’éveilleur de conscience, 2006