Le film Case départ de Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee sortira le 22 juillet 2011 en Martinique, mais est dès ce mercredi sur les écrans parisiens. Il relate l’histoire de deux hommes aux personnalités diamétralement opposées qui font un retour forcé dans le temps et se retrouvent en pleine période esclavagiste : Joël est persuadé que le fait d’être noir est la cause unique de tous ses échecs, Régis « essaie de devenir plus blanc que blanc, au point d’en devenir quasiment raciste lui-même ». Le retour sur une plantation pourrait peut-être les inciter à resserrer leurs liens…
Le film voulu et réalisé par les deux anciens du Jamel Comedy Club, parle d’un sujet sérieux : le racisme, à travers une époque douloureuse, l’esclavage, et dans le cadre d’une comédie. À ce propos, Fabrice Eboué explique : « le sujet est tellement sensible aujourd’hui que si nous l’avions traité autrement que par le biais de ce retour dans le passé, nous n’aurions pas réussi à aboutir le propos. C’est en remontant dans le passé et en montrant le chemin accompli depuis trois cents ans que ce film prend toute sa portée… Le film parle vraiment de notre époque, mais il en parle d’autant mieux que c’est abordé par comparaison directe avec le passé… ».
Le tournage a été l’occasion de revenir sur les vestiges et des images qui rappellent l’esclavage, comme à Cuba où avec le troisième réalisateur, Lionel Steketee, l’équipe se retrouve sur un ancien marché aux eclaves ou dans des champs de canne. Autre exemple saisissant, selon Thomas Ngijol, « la scène la plus dure a été celle de la cale du bateau. On n’était pas très à l’aise. Voir les hommes allongés, dans des conditions pareilles… Même si on joue la comédie, il y a un vrai sentiment qui s’installe… » Dans cette riche distribution, des acteurs habitués du grand écran comme Étienne Chicot, Joséphine De Meaux ou encore Michel Crémadès partagent l’affiche avec des acteurs et figures de la scène artistiques que l’on aimerait voir plus souvent sur grand écran : le comédien martiniquais Jean-Claude Duverger ou l’humoriste Jean-Yves Rupert.
Le film
Demi-frères, Joël (Thomas Ngijol) et Régis (Fabrice Eboué) n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine.
Joël est au chômage et pas vraiment dégourdi. La France, « pays raciste » selon lui, est la cause de tous ses échecs et être noir est l’excuse permanente qu’il a trouvée pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus. Régis est de son côté totalement intégré. Tant et si bien qu’il renie totalement sa moitié noire et ne supporte pas qu’on fasse référence à ses origines. Délinquance et immigration vont de pair si l’on en croit ses paroles. Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, document qui se transmet de génération en génération. Faisant peu de cas de la richesse symbolique de ce document, ils le déchirent. Décidée à les punir pour le geste qu’ils viennent de faire, une mystérieuse vieille Tante qui les observait depuis leur arrivée aux Antilles décide de leur faire remonter le temps, en pleine période esclavagiste ! Parachutés en 1780, ils seront vendus au marché comme esclaves. Les deux frères vont alors devoir s’unir, non seulement pour s’évader de la plantation mais aussi pour trouver le moyen de rentrer chez eux, au XXIe siècle.