250 personnes vont se réunir à Cayenne lors des États généraux du multilinguisme dans les outre-mer. Leur but : trouver les meilleures combinaisons applicables pour allier la mise en valeur des langues régionales avec un apprentissage optimal de la langue française.
Deux tiers des langues de France sont usitées dans les territoires d’outre-mer. De quoi faire de ces terres un laboratoire de réflexions portant, entre autres, sur l’apport de ce plurilinguisme dans les domaines susceptibles de servir l’expansion de ces régions et la valorisation de leur patrimoine. Les nouvelles technologies et les domaines de création les plus divers peuvent servir au développement de la pratique de ces langues et de leur transmission générationnelle. Des échanges de vues et d’opinions initieront les débats entre spécialistes détaillés dans le programme de ce grand rendez-vous guyanais, un des événements phares de cette fin de l’Année des outre-mer.
Le multilinguisme à la française est envisagé comme un atout mais nécessite la mise en place de politiques adaptées, au centre desquelles l’homogénéité français/langues d’outre-mer, pour que les langues de France prennent toute leur place dans la culture. Une prise en compte qui doit trouver les méthodes et les stratégies les plus appropriées pour satisfaire à la nécessité de préserver le multilinguisme en tant que ressource humaine immatérielle à valoriser. Une nécessité que présente Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France, pour qui « les langues d’outre-mer sont dès lors un bien commun, qu’il faut enseigner parce que c’est en elles que s’inventent et se transmettent des œuvres d’imagination et de savoir. La création culturelle est le plus sûr moyen de garantir à ces langues la légitimité qui est la leur et de préserver la place qui leur revient dans l’espace public français. Il s’agit donc aussi de faire connaitre et reconnaitre un patrimoine exceptionnel et parfois méconnu : les contes qui se disent dans les langues bushinenge de Guyane, le théâtre caribéen, l’art oratoire tahitien sont partie intégrante de notre culture. »
Durant trois jours, les participants, issus notamment de l’ensemble des territoires d’outre-mer et de l’hexagone, feront part de leurs préconisations et de leurs approches, l’échange et le partage de connaissances étant l’objectif premier de ces rencontres. Les journées seront clôturées en présence du ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, le vendredi 16 décembre 2011. Une découverte de la Guyane est organisée pour les participants, les organisateurs considérant qu’elle « a une légitimité particulière a accueillir une telle rencontre, à l’heure où s’esquisse par ailleurs la constitution à Cayenne d’un pôle d’excellence dans le domaine de la politique linguistique et des traditions orales. »
Outre les « témoignages de quelques grandes personnalités », les participants se retrouveront au sein de tables rondes et d’ateliers autour de sujets riches et très contemporains comme : Les technologies de la langue, la présence des langues sur la toile et sur les réseaux sociaux ; La graphie des langues : le passage du parlé à l’écrit ; Les possibilités offertes par les technologies de la langue pour améliorer la relation aux usagers dans les services publics, etc.
Les débats se dérouleront les 15 et 16 décembre autour de sept principaux thèmes, en faisant alterner des exposés généraux ou des argumentaires fondés sur un savoir scientifique, d’une part, et des retours d’expériences ainsi que des présentations de bonnes pratiques, d’autre part :
– L’emploi des langues : plurilinguisme, pratiques individuelles et pratiques sociales ;
– L’équipement des langues : de l’oral à l’écrit, description et outillage linguistique ;
– La transmission des langues : la prise en compte des compétences linguistiques et des acquis culturels dans l’apprentissage du français et dans la construction du bilinguisme ;
– Les technologies de la langue, la présence des langues sur la toile et sur les réseaux sociaux ;
– La médiatisation des langues : le rôle des institutions publiques de radio et télédiffusion ;
– Langues, culture, patrimoine et création artistique ;
– Le plurilinguisme, une ressource à exploiter.