Haïti, 12 janvier 2010 : Port-au-Prince est touchée par un indescriptible séisme dont le monde découvre les conséquences et les impacts à travers les différentes correspondances et les reportages des dizaines de médias internationaux. Haïti, 19 février 2010 : Lise Dolmare, journaliste guadeloupéenne, atterrit. Son objectif initial : un reportage sur la reprise des vols commerciaux vers Haïti. Les 36 heures que Lise Dolmare passera sur le sol haïtien seront finalement l’occasion d’un regard actif sur la situation à Port-au-Prince, une incursion sensible éloignée de l’abrupte réalité des images d’un énième reportage sur les ruines de la ville.
Lise Dolmare témoigne aujourd’hui au Salon du livre, sur le stand des Éditions Jasor, avec son premier livre, 36 heures en Haïti. Elle se souvient des détails qui l’ont d’abord conduite à faire ce voyage, puis de ceux qui ont constitué la nécessité impérieuse de mettre des mots sur les sensations et les émotions. Une démarche purement journalistique au départ, avec en ligne de mire les images du JRI qui l’accompagne et ses commentaires sur un sujet précis, démarche qui évolue pendant 36 heures qui vont bouleverser la journaliste et l’entraîner sur la voie de l’écriture qui germait certainement en elle. Ainsi, après avoir mis en boîte son reportage, elle approfondit sa découverte de la ville : « Et là on plonge dans les entrailles du pays à Port-au-Prince, ce qui a été pour moi quelque chose de douloureux et de beau. Douloureux parce que forcément tout le monde l’a vu avec ces scènes de désolation, mais étonnamment beau… »
Un mois après la catastrophe, la situation de la capitale reste bien évidemment très grave et les conditions de vie ne sont pas encore en passe de trouver des solutions. Pourtant, Lise Dolmare va y trouver ce que ses téléspectateurs n’ont pas vraiment l’occasion de constater, une sorte de force palpable avec laquelle le peuple haïtien résiste face à la destruction et qui renferme la beauté qu’elle décèle et les valeurs qui en découlent : « au-delà de tout ça, il y avait des vérités qui se présentaient, qui étaient là étalées. Des vérités sur la puissance de l’homme, sur la force qu’on peut développer quand on est dans une douleur, sur la divinité que l’on peut retrouver quand on est dépassés par des événements… C’est pour moi un terrain qui donne une leçon non seulement de vie, mais d’être… »
En plongeant dans ce bien inhabituel quotidien, même pour une journaliste, Lise Dolmare prolonge assez naturellement sa mission en celle d’un écrivain. Son regard devient celui d’un témoin qui va prendre la décision d’en dire plus et de dire encore mieux ce qui se passe et ce que vivent les gens. Son livre, c’est un moyen de dire comment les Haïtiens ont réagi suite au tremblement de terre, comment ils veulent continuer à répondre aux malheurs qui les accable. Elle explique, fait part des sentiments qui la saisissent, même en pleine nuit sur l’une des principales places de Port-au-Prince investie par les victimes. Elle va donc dire ce qui s’avère tellement vrai et l’interroge, avec en plus l’acuité et la profondeur d’un témoin responsable de sa perception de la situation : « Comment se fait-il que quand j’arrive sur la place du Champs-de-Mars avec le cameraman, il fait nuit, les enfants dorment, et pourtant j’ai un sentiment de sécurité ? Je vois des gens amputés d’un membre, mais pourtant je n’ai jamais vu des gens qui ont autant d’équilibre. C’est le contraste des situations et c’est tout cela que j’ai voulu raconter. Dans ma tache journalistique, je n’ai pas eu le temps de raconter les détails qui donnent un reflet du réel et pas seulement les clichés que l’on vient observer le plus souvent ».
Le récit de Lise Dolmare, qui est vue dans sa rédaction comme « cette qui écrit en romançant, celle qui se nourrit de l’image pour dire des choses », ne sera (désormais, pour elle, c’est certain) que le premier. Elle prépare d’ailleurs un nouvel essai « selon la même démarche » et pourrait donc retrouver un public de téléspectateurs devenus lecteurs après l’avoir découverte à travers 36 heures en Haïti.
36 heures en Haïti, une journaliste guadeloupéenne témoigne – Éditions Jasor
Haïti, code d’accès : 12 janvier 2010…
Un palais s’effondre. Des certitudes s’écroulent. Le monde entier est ébranlé. Les caméras sont en alerte. La chasse à l’image commence.
En point de mire : René Préval, président d’Haïti. A Pointe-à-Pitre, Lise Dolmare, journaliste à RFO, s’extirpe lentement d’un petit bonheur familial. Le réveil est brutal. Mais en elle, de suite, une certitude s’impose : se rendre à Port-au-Prince. Objectif : appréhender l’instant. Le moment inédit.
Vendredi 19 février 2010. Elle arrive à Port-au-Prince en ruines où elle nous guide, partageant ses impressions, 36 heures durant, dans un pays dévasté. Un ailleurs dont elle décrit chaque détail. Grâce à son obstination et à une succession de hasards – mais sont-ce vraiment des hasards ?- elle parvient à interviewer le président René Garcia Préval dans un cadre surréaliste. C’est ce moment unique qu’elle fait partager dans 36 heures en Haïti, soutenue par la vision particulière de son confrère JRI. Dans cet entretien à brûle-pourpoint, Lise Dolmare capte l’indicible, les non-dits, chez un homme qui cherche à poser des mots sur l’incommensurable, lui donnant ainsi une dimension dramatique. En contrechamp, le séisme qui a ravagé le Japon en mars 2011 donne toute son actualité à ce livre-document et invite à s’interroger sur la capacité de l’Homme à faire face collectivement aux déchaînements de la Nature…