Dans le calendrier des événements consacrés à Léon-Gontran Damas, l’un des plus importants rassemblements de l’année autour de son œuvre se déroulera cette semaine à Cayenne, en Guyane. Plusieurs partenaires se sont réunis pour organiser un colloque international qui rendra hommage à l’auteur et surtout permettra d’ouvrir la réflexion sur la pensée du « poète post-négritude » dont on ne cesse de souligner la modernité, sur son rapport à la Guyane, au jazz ou à la politique, ou encore sur la portée de sa poésie et de son engagement.
Au nombre des nombreux intervenants prévus lors de ces journées, notons les participations de Catherine Lepelletier, dont l’ouvrage Rhapsodie Jazz pour Damas sera disponible pour la rentrée littéraire de septembre 2012, ou encore Kathleen Gyssels, professeur de littérature à l’université d’Anvers qui prévoit la sortie de son prochain livre Black-Label ou les déboires antillo-guyanais, qui portera également sur Damas. Plus d’une vingtaine d’interventions sont prévues, parmi lesquelles celles d’Ernest Pépin : « Lire Damas aujourd’hui » ; d’Alexander Dickow, Étatsunien, poète contemporain et traducteur qui évoquera les « Chemins de Damas ou sauts du même au même ? Damas et la Modernité » ; d’Abdoulaye Gaye, auteur de Jamaïque, la culture depuis l’indépendance, qui interviendra sur « De Léon-Gontran Damas à Linton Kwesi Johnson, résonance poétique et musicale ».
Le programme détaillé
Jeudi 19 avril 2012
Le penseur postcolonial
10 h – 10 h 20 – Alexander Dickow : « Chemins de Damas ou sauts du même au même ? Damas et la Modernité »
10 h 25 – 10 h 45 – Buata Malela : « Violence et cheminement vers la Guyane ? La postcolonialité de Léon-Gontran Damas »
10h50 – 11 20 h – Kathleen Gyssels : « Sur une carte postale : LG Damas et la F[r]acture coloniale »
Douleur et Déliure
11 h 25 – 11 h 45 – Richard Djiropo : « L’expression du moi comme une synecdoque du nègre ; je, cet autre toi, mon frère nègre ! Chez Damas »
11 h 50 – 12 h 10 – Antonella Emina : « Déliures Damassiennes »
12 h 15 – 12 h 35 – Yves Chemla : « Black Label de Léon-Gontran Damas, l’énigme et la douleur »
Damas au carrefour des arts
14 h 30 – 14 h 50 – Mylène Danglades : Léon Gontran Damas, Tout un florilège de mots
14 h 55 – 15 h 15 – Gérald Desert : « Léon-Gontran Damas : poète jazz du trio de la Négritude »
15 h2 0 – 15 h 40 – Abdoulaye Gaye : « De Léon-Gontran Damas à Linton Kwesi Johnson, résonance poétique et musicale »
Damas et la Guyane
15 h 55 – 16 h 15 – Marie-Paule Jean-Louis, « Damas et le conte »
16 h 20 – 16 h 50 – Isabelle Hidair et Marielle Ledy : « La négritude et les idéologies des racines : Quels héritages dans l’identité créole guyanaise ? »
16 h 50 – 17 h – Catherine Lepelletier : « Les métaphores des trois fleuves, les figures de la négritude »
Vendredi 20 avril 2012
Négritude et Surréalisme
9 h – 9 h 20 – Marc Lony : « Le style canaille de Damas »
9 h 25 – 9 h 45 – René Gnalega : « Léon-Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor ou la rencontre de deux imaginaires »
9 h 50 – 10 h 10 : Dominique Martin – « Damas ou l’écart absolu : ses rapports au Surréalisme »
Quête de l’ailleurs
10 h 50 – 11 h 10 : Audrey Debibakas : « Détour » de Guyane : déperdition, dépossession ou prémices d’une démarche créatrice ? »
11 h 15 – 11 h 35 : Liliane Pestre de almeida : « Damas et le Brésil »
11 h 35 – 12 h : Elisabeth Baldwin : « Damas et George Amado, mémoire et traversées »
Enseigner et lire Damas aujourd’hui
14 h 15 – 14 h 35 : Dominique Boisdron : « Enseigner Damas »
14 h 40 – 14 h 55 : Monique Blerald : « Damas ou le chevalier mal-aimé »
15 h – 15 h 20 : Ernest Pépin : « Lire Damas aujourd’hui »
Ethnographie et témoignages
15 h 30 – 15 h 45 : Christian Cécile : « Représentation de Léon-Gontran Damas dans la société guyanaise, réappropriation culturelle et stratégies identitaires »
15 h 50 – 16 h 20 : Kristen Sarge : « Léon-Gontran Damas, retour en Guyane (1934-1938) »
16 h 25 – 16 h 40 : Gisèle Bourquin « Témoignages »
L’engagement politique
17 h – 17 h 20 : Lydie Choucoutou : « L’activité parlementaire de Damas »
17 h 20 -17 h 50 : Antoine Karam et Elie Stephenson « L’engagement politique de Léon-Gontran Damas »
18 h – 18 h 20 : Pierre-Yves Chicot (synthèse) et Eugénie Rézaire et l’Assald
Objectifs du colloque
Après le décès d’Aimé Césaire (1913-2008), il s’avère une fois de plus que l’un des co-fondateurs majeurs du mouvement de la Négritude reste à l’ombre de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) et d’Aimé Césaire. Pourtant, Léon-Gontran Damas (1912-1978) était un pionnier qui savait donner un retentissement international à la francophonie afro-antillaise et à la pensée postcoloniale.
Dans cet hommage et ce forum international, nous voulons réunir des témoins et des critiques qui apprécient l’homme et l’œuvre à sa juste valeur. Bien que sa poésie soit « moins sophistiquée » (Senghor), et qu’il y ait « du Prévert en lui » (Corzani), Damas reste « The ultimate multicultural intellectual » (Ojo-Ade). A l’ère de la post-Eloge, l’ »étonnante dis-symphonie de ces trois paroles » (Glissant) incite à dresser le bilan de trois générations d’intellectuels et de littéraires qui ont marqué la Caraïbe en particulier, et le « Tout-monde » en général.
Plusieurs pistes seront l’objet d’échanges et de réflexions, sur ce promoteur de la conscience noire, d’origine africaine, amérindienne et européenne, « les trois fleuves qui coulent dans ses veines » comme il l’explique lui-même dans Black-Label en 1956 :
– La pensée de Damas dans la construction de l’identité guyanaise
– Damas, l’ethnographe anti-eurocentriste (Veillées noires et Retour de Guyane)
– Damas, le poète post-négritude (surréaliste, queer (Black-Label) et go-between (Harlem Renaissance, Alain Locke, …)
– Damas, le politicien controversé et le professeur consacré de black literature à Howard University (Washington, D.C.)
– Damas, les femmes et l’amour
– Réception de Damas en Guyane, aux USA, en France
– Damas et l’Afrique
– Damas et le Brésil
– Damas et la musicalité littéraire
– Quelle postérité et quelle relève : post-créolité ?
– Comment traduire Damas ?
– Comment enseigner Damas ?