À partir de ce mercredi 21 novembre 2012, le Jardin d’acclimatation à Paris et plus précisément le musée des enfants accueillera l’exposition itinérante L’invention du sauvage.
Une nouvelle occasion pour les plus jeunes d’apprendre ou d’en savoir toujours plus sur le passé et sur la façon dont des idées préconçues ont permis que s’impose le racisme. Un moyen pour le Groupe de recherche Achac et la Fondation Lilian Thuram d’attirer l’attention des enfants pour qu’ils portent un œil critique sur le passé et rejettent les discriminations.
Le Jardin d’acclimatation est en plus un lieu symbolique pour un tel événement plus de 130 années après les premières expositions coloniales. Pascal Blanchard et Lilian Thuram l’expliquent dans leur communiqué : « Cette présentation en avant-première au Jardin d’acclimatation est un événement à plus d’un titre après l’important succès de l’exposition présentée au musée du quai Branly, ouverte il y a tout juste un an (le 29 novembre 2011), et qui a reçu plus de 250 000 visiteurs en six mois. Car ce lieu est à la fois un lieu d’histoire et un lieu de distractions pour les enfants depuis des générations. En effet, de 1877 à 1937, des exhibitions coloniales et humaines y ont été organisées. C’est pourquoi l’exposition présentée pendant un mois et demi est à la fois un regard objectif sur ce passé, et un désir commun de regarder ensemble celui-ci ».
Présentée en avant-première dans un lieu privilégié apprécié des enfants comme le Jardin d’acclimatation, l’exposition l’invention du sauvage zoome sur cinq siècles d’histoire à travers la présentation de panneaux thématiques qui mettent en exergue la façon dont s’est construite l’image du « sauvage » qui se différencie de celle du « civilisé ». Le travail des historiens et les documents évoquent différents sujets : La science en quête des prétendues « races » ; le Jardin d’acclimatation de Paris et 60 ans d’exhibitions ; les premières dénonciations des « zoos humains »…
L’invention du sauvage, exposition
« Cette exposition raconte l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants, venus d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, des Amériques et parfois d’Europe, exhibés en Occident et ailleurs, dans des cirques, des cabarets, des foires, des zoos, des villages itinérants ou d’importantes reconstitutions dans les expositions universelles et coloniales. L’Europe, l’Amérique et le Japon vont, pendant presque cinq siècles (1490-1960), les exhiber comme de prétendus « sauvages ». C’est un immense « spectacle », avec ses figurants, ses décors, ses impresarios, ses drames et ses récits. C’est aussi une histoire oubliée, au carrefour des histoires coloniales, de la science, du racisme et de celle du monde du spectacle et des expositions universelles… L’Occident recrute aux quatre coins du monde de nouvelles troupes, familles ou artistes, certains de force, la plupart par contrat. L’exhibition de groupes humains à une telle échelle demeure une pratique propre aux Occidentaux et aux nations coloniales. Elle contribue à légitimer la hiérarchie entre les hommes selon leur couleur de peau et produit encore ses effets dans le présent. »