Dans Noirs d’encre, Dominic Thomas, directeur du département d’études françaises et francophones de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), aborde, à partir de l’analyse des écrits de plusieurs auteurs, les relations entre l’Afrique et la France et « explore les circonscriptions transcoloniales issues du colonialisme et de l’immigration et l’émergence d’une littérature afro-française ».
De « l’éducation coloniale » aux « mobilités transcoloniales« , Dominic Thomas, spécialiste des politiques d’échanges culturels entre l’Afrique et la France et des questions d’immigration et de racisme en Europe, a vu son ouvrage Black France : Colonialism, Immigration, and Transnationalism (2007) traduit en français.
Noirs d’encre, aux éditions La Découverte
La France est entrée depuis les années 1990 dans une ère nouvelle : l’immigration et les productions culturelles qui ont émergé des communautés postcoloniales ont produit des structures socioculturelles radicalement nouvelles, interrogeant ainsi l’idée de « francité » et le sens même du mot « nation ». Dans cet ouvrage original à plus d’un titre, Dominic Thomas explore les impacts sur les sociétés et populations africaines de la dissolution partielle des structures d’États-nations modernes en faveur de mécanismes économiques, juridiques et politiques supranationaux.
Pour analyser les bouleversements qui ont résulté de la domination coloniale et postcoloniale, de l’affaiblissement de l’État-nation et de l’émergence de générations de jeunes exclus, l’auteur s’appuie sur une étude comparatiste des œuvres littéraires d’écrivains africains, français ou antillais. Ce faisant, il donne à voir les circonscriptions transnationales issues du colonialisme et de l’immigration et l’émergence d’une littérature « afro-française », qui rafle les prix littéraires internationaux et fait connaître la langue, plus profondément sans doute que ne le peuvent les institutions de la francophonie. Et en mobilisant les apports de différentes disciplines (anthropologie, sociologie, études francophones, gender studies, études sur les diasporas, études postcoloniales), cet ouvrage permet d’envisager de nouvelles manières de réfléchir sur la dimension symbiotique des relations entre la France et le monde francophone.
Soulignant l’importance pour la société française de valoriser une nouvelle histoire de France qui prendrait en compte la longue histoire des échanges coloniaux et postcoloniaux, ce livre fait clairement comprendre que les diasporas noires se trouvent au cœur de l’ouverture de la France au monde, au cœur même de sa modernité.
Noirs d’encre – Colonialisme, immigration et identité au coeur de la littérature afro-française (272 pages)
Traduit sous la responsabilité de l’auteur par Dominique Haas et Karine Lolm
Collection : Cahiers libres
Janvier 2013
23,50 euros