À partir de l’histoire de la rébellion de l’esclave Armand, Mimi Barthélémy et Amos Coulanges proposent un spectacle où la lecture du code noir interfère avec musiques baroques et créoles. Le code noir et ses musiques, à entendre et à voir à partir du 9 avril 2013 au Théâtre de l’Épée de Bois (Paris 12e, bois de Vincennes).
La pièce est pensée pour mettre en avant les textes et les dialogues de six personnages, tous interprétés par Amos Coulanges et Mimi Barthélémy. Au fil des scènes, ils incarnent Louis XIV, Colbert, Permel et Bérault (deux colons de Saint Domingue), et enfin les deux esclaves Martial et Armand, ce dernier étant l’ancêtre de Mimi Barthélémy qui a inspiré cette création. Outre les textes tirés du code noir et le portrait de la société esclavagiste qui guident les dialogues, la pièce s’appuie dans le même temps sur une vraie densité musicale qui fait intervenir « les musiques européennes, dominguoises et haïtiennes du XVIIIe et du début XIXe siècles ».
Dans une mise en scène « conçue avec le souci d’une esthétique d’une grande sobriété », le public suivra l’histoire et la vie d’Armand de l’élaboration du code ourdit par Louis XIV et Colbert à Versailles, à l’application du code noir sur l’île Saint-Domingue, jusqu’au soulèvement de Toussaint Louverture et des esclaves. Mimi Barthélémy et Amos Coulanges se saisissent d’un texte inhumain et révoltant, le portent à la connaissance et à la réflexion du public en y introduisant l’acuité de textes chantés et la gravité de la musique. Dans les rôles de Colbert, du colon Bérault et de l’esclave Armand, Mimi Barthélémy continue d’amener jusqu’au public la mémoire et les témoignages d’une partie de l’histoire de la Caraïbe. Les spectacles et les récitals de la comédienne, chanteuse et conteuse explorent fréquemment la généalogie d’Haïti et celle de la France. Avec elle, sur scène, évolue le compositeur et guitariste Amos Coulanges (Louis XIV, le colon Permel, l’esclave Martial), à qui l’on doit entre autres la bande originale du film Biguine. Ensemble, ils font vivre à travers Le code noir et ses musiques chacun des six personnages pour dépeindre la portée de ces textes.
Mis en scène par Anne Quésemand, dont le travail aura consisté à « proposer à ces deux magnifiques interprètes d’incarner ce qu’ils avaient à dire et chanter, de les inviter à inscrire l’acte de lire dans une émotion théâtrale », le spectacle, par ailleurs mis en espace par Renaud de Manoël et scénographié par Elodie Barthélémy, propose de mettre au jour ces textes « si mal connus« . Dans la pièce, « les dialogues sont une manière détournée de parler légèrement ou d’une manière risible de choses graves. Le ton général fait sourire ou frémir. On sourit du ridicule de la situation représentée naïvement. On frémit de la cruauté du propos et des actes envers les esclaves ».
Le code noir et ses musiques, du 9 au 21 avril 2013 Théâtre de l’Épée de Bois
Le code noir est un ensemble de textes promulgué en 1685 par Louis XIV pour régir la vie quotidienne des esclaves des îles françaises. L’article 44 de ce code « déclare les esclaves être meubles » au même titre que les animaux, le mobilier ou les champs de canne à sucre. En 1791 l’esclave Armand, ancêtre de Mimi Barthélémy, se soulève contre son maître Bérault, propriétaire d’ une plantation à Saint-Domingue.
Mimi Barthélémy dispose d’une lettre datée du 17 janvier 1793 du colon bordelais Bérault, cette lettre exprime l’étonnement de Bérault à la suite de la rébellion d’Armand, le fidèle commandeur de sa plantation. À partir du récit témoignage de Bérault, Mimi Barthélémy et Amos Coulanges ont imaginé un spectacle entremêlant musique savante du XVIIIe, musique créole, récit et lecture du code noir.
Puis pour prolonger la connaissance du travail et du parcours de Mimi Barthélémy, le théâtre de grille à Paris, programme la projection du film de Roland Moreau : Mimi Barthélémy, la voix de la conteuse. Un cheminement de vie et de création à découvrir, le lundi 15 avril à 19 h 30.
Mimi Barthélémy, la voix de la conteuse
Un film documentaire de Roland Moreau qui mêle étroitement l’histoire mouvementée d’Haïti et le parcours de la conteuse Mimi Barthélémy. Conteuse, comédienne, poète, chanteuse, écrivain, elle nous dévoile les richesses de son identité en nous contant son parcours de femme engagée. Engagée dans le redressement de son pays après le tremblement de terre, engagée dans la représentation de l’histoire de l’esclavage et engagée totalement sur scène, où par sa spontanéité, sa chaleur et son ardeur elle incarne seule de multiples personnages.
Le film raconte le parcours de la conteuse haïtienne Mimi Barthélémy. Son inégalable talent de conteuse et son magnétisme ont fait d’elle une voix qui a sensibilisé un large auditoire dans toute la Francophonie. Elle entraîne le public dans les mondes imaginaires et fantasmagoriques de ses contes. Dans le souci de transmettre ce qu’elle a hérité du monde caribéen et européen, elle tisse ses récits en français et en créole. Elle porte l’histoire de son pays et aussi sa propre histoire, celle d’une femme qui a connu l’exil, puis mené une quête personnelle pour devenir artiste à part entière. C’est cet entremêlement que le film va nous dévoiler.
Le code noir et ses musiques, de la compagnie Ti moun fou
du 9 au 21 avril 2013
Théâtre de l’Épée de Bois
Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvre
75012 – Paris
Mimi Barthélémy, la voix de la conteuse (film documentaire, 52 minutes, 2012)
Lundi 15 avril 2013, 19 h 30
Théâtre de la Vieille Grille
9, rue Larrey
75005 – Paris