Gérard Théobald est un réalisateur et producteur guadeloupéen. En observateur des événements de la société qui l’entoure, il se signale notamment par un regard assidu porté sur les réalités contemporaines des populations issues de l’esclavage et de la traite.
Le travail de Gérard Thébald concentre des films et des écrits au centre desquels on retrouve l’humain et ce qui se joue dans son environnement. Le Guadeloupéen, qui multiplie les projets, est également à l’origine du site Inversalis.
Dans un rôle de documentariste et de journaliste, il fournit régulièrement des éléments didactiques qui permettent d’examiner des faits d’histoire ou des contextes d’actualité. Une rencontre avec le cinéaste incite à de nombreux questionnements sur le rôle de la mémoire, sur l’histoire de l’abolition dans un contexte global même hors de la Caraïbe, ou encore sur l’influence de personnalités comme Aimé Césaire dans l’évolution de la pensée, avec pour thématique cohérente une réflexion sur les effets de toutes ces circonstances tangibles sur la société actuelle, mais aussi sur ce qui fait le lien entre ces périodes espacées dans le temps.
Gérard Théobald a fait le choix du cinéma, de la réalisation de documentaires qui pour lui permet de ne pas altérer la réalité et de faire part de ses observations. En choisissant la voie de « l’image qui délivre un message central » et qui lui correspond, il donne l’occasion d’interpréter une pensée en portant son attention et les regards des témoins sur un objet de réflexion. Cela lui permet de construire un propos et à ses lecteurs et spectateurs de disposer des moyens de comprendre, une finalité pédagogique qui se dégage de ses écrits et de ses réalisations. Au fil du temps, il explore différents domaines de l’histoire qui poussent à se réapproprier des espaces de connaissances ou tout du moins à mieux les appréhender.
Des questionnements portés sur les sujets politiques et sociétaux abordés par le biais du cinéma et que l’on retrouve sur le site Inversalis – le site de la diversité, une plateforme qui rassemble, entre autres, les travaux montrant « comment les personnes héritières des cultures de la traite, de l’esclavage, de la décolonisation et du prolétariat se sont approprié les espaces sociaux, politiques et culturels ». En découvrant sur Inversalis ses écrits, ses réalisations et au gré d’une discussion, on se voit confirmer le travail illustratif de son propos, des manifestations perçues avec l’œil d’un ethnologue, des actes longuement analysés et qui constituent les objets déclencheurs de la réflexion. Des travaux qui s’attachent également à approfondir un concept comme celui de la Négritude avec son Hommage à Aimé Césaire qui évoque l’objectif « à la fois littéraire et politique » de son œuvre. Une pensée qui peut également trouver des accents à travers la réflexion d’autres personnalités comme celle de Cheikh Anta Diop et que l’on peut retrouver dans un autre documentaire, Cheikh Anta Diop en Guadeloupe.
De Césaire et de la Négritude, il peut en être largement question lors d’une rencontre avec Gérard Théobald pour qui il est aisé d’expliquer que la Négritude évolue. Tony Morisson, Maryse Condé ou Gisèle Pineau sont pour lui parties de l’expression continue de la Négritude, comme peuvent l’être bien d’autres modes d’expression. Pour le cinéaste, il est intéressant de voir comment chacun se l’approprie.
Les œuvres d’Aimé Césaire justement, Gérard Théobald devrait les investir dans le cadre d’un nouveau projet d’écriture. Il appréhendera des questionnements différents sur le rôle et l’influence du poète martiniquais. Il s’agira pour lui de démontrer que le parcours du chantre de la Négritude se présente comme un triptyque : « on ne peut pas appréhender son rôle en tant qu’homme politique, en tant que poète, si on ne regarde pas aussi son influence sur les droits de l’Homme ». Il va mettre en évidence le lien entre Aimé Césaire, qui a mis des mots sur la souffrance de l’homme noir, et l’abolitionniste Victor Schoelcher et tenter de replacer le débat sur le rôle de Césaire dans les droits de l’homme pour sortir du schéma habituel, montrer qu’il n’est pas auteur que par divertissement et éviter ainsi de « le réduire à ce que l’école française a fait de lui ».
Pour vérifier combien l’écriture est l’autre vecteur d’expression de Gérard Théobald, retrouvez notre article sur son dernier livre, paru chez Edilivre De l’indigène, à l’individu au citoyen : mémoire d’une diversité, publié en avril 2013.