Les marrons Boni de Guyane – Luttes et survie en logique coloniale (1712-1880), c’est le nouvel ouvrage de Jean Moomou, maître de conférences en histoire des mondes moderne et contemporain à l’Université des Antilles et de la Guyane. Ses travaux et ses projets explorent une part méconnue de l’histoire de la France qui se déroule au 18e siècle et se déploie entre Guyane et Surinam.
Jean Moomou est lui-même Boni, une caractéristique essentielle dans ce cas précis, comme il l’avait également souligné lors de la sortie d’un premier ouvrage en 2004, dans lequel il voulait « retracer l’histoire des Boni ». Après une première sortie où il s’agissait de mettre « par écrit une histoire chantée, racontée à travers des contes, dans les formules de prières, lors de rencontres coutumières, dans l’art du Timbé, dans les récits des Gran Man », il poursuit ses travaux et ajoute au projet global d’une meilleure connaissance de la Guyane et de sa composante humaine. Un travail qui s’adresse « aux personnes d’ici et d’ailleurs, au sujet de l’intérêt d’écrire l’histoire des Boni et quant au métier d’historien » et qui veille « à la prise de conscience de l’être de son histoire et de son identité multiple » selon l’avant-propos de ce second livre paru chez Ibis Rouge Édition.
Extrait de la préface de l’anthropologue néerlandais Wim Hoogbergen,
Les marrons Boni de Guyane – Luttes et survie en logique coloniale (1712-1880) : l’histoire des Aluku fit l’objet dans les années 1960 d’articles et de livres importants écrits par Jean Hurault, qui vécut lui-même quelques temps parmi les Boni. Aux Pays-Bas, je publiai en 1985 une thèse sur l’histoire des Aluku, étayée par des sources conservées dans les archives des Pays-Bas et du Suriname. Je donnai peu d’attention aux sources orales.
Ce livre solide et très important de Jean Moomou concerne, pour une grande part, ces sources orales. Il nous offre une autre vision de l’histoire du peuple boni, fondée sur des entretiens qu’il a eus avec un grand nombre de marrons connaisseurs, qui gardaient les récits de leurs ancêtres. Aux données orales, sont adjointes les sources écrites pour établir un discours scientifique. Comme dans ses œuvres antérieures, l’auteur se montre un chercheur de classe supérieure. Il ne nous emporte pas seulement par l’histoire tellement captivante de son peuple ; il nous donne aussi une compréhension stupéfiante des structures culturelles des Marrons aluku, en rassemblant beaucoup d’informations orales importantes sur la religion, les relations entre hommes et femmes ou l’économie. En plus d’être un historien solide, l’auteur sait aussi manœuvrer le discours anthropologique. Nous pouvons dire qu’avec cet ouvrage Jean Moomou devient une référence pour qui veut aborder l’histoire orale et écrite du peuple aluku.
Les marrons Boni de Guyane – Luttes et survie en logique coloniale (1712-1880)
Parution : 6 septembre 2013, 598 pages
[Article modifié le 24 septembre avec la correction du statut professionnel de Jean Moomou]