Le Centre Pompidou accueillera du 8 au 19 novembre 2023 la rétrospective Euzhan Palcy, l’itinéraire d’une pionnière. Au programme de l’événement, une dizaine de films issus de la filmographie de la cinéaste martiniquaise et, entre autres, la rencontre Ouvrir la marche, 1983-2023 : 40 ans de lutte contre le racisme.
Le travail et l’implication d’Euzhan Palcy, réalisatrice et scénariste martiniquaise, sera au cœur d’une rétrospective qui ouvrira le mercredi 8 novembre 2023 à 20h avec Rue Cases-Nègres, événement mis en place par le Centre Pompidou qui sera également marqué par la présence de la cinéaste.
En adaptant au cinéma La Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel, la réalisatrice Euzhan Palcy avait fait une entrée percutante dans le monde du cinéma. Le succès était au rendez-vous pour cette réalisation qui a récolté nombre de récompenses, parmi lesquelles le César de la meilleure première œuvre (1984) ou encore un Lion d’argent spécial pour la meilleure première œuvre à la Mostra de Venise (1983). La cinéaste avait confié avoir très tôt décidé de mettre en image le récit autobiographique de son compatriote quand, à l’âge de 12 ans, elle reçut ce livre des mains de sa mère : « Je tenais entre les mains un roman qui, justement, racontait la Martinique que je connaissais, les enfants que je côtoyais – bien que l’époque ne soit pas la même – les familles de coupeurs de cannes à sucre qui étaient mes voisines. Je me levais avec ce bouquin, je l’avais toujours avec moi, c’est devenu ma religion. Je trouvais fou qu’aucun film n’ait été réalisé à partir de cette histoire et j’ai décidé que ce serait le but de ma vie… »
C’est donc tout d’abord avec ce film, puis avec Une saison blanche et sèche (1989) pour lequel elle dirige Marlon Brando, qu’elle marque définitivement le cinéma en français et qu’elle se distingue également aux États-Unis d’Amérique et sur le continent africain. Avec Euzhan Palcy, l’itinéraire d’une pionnière, le Centre Pompidou revient sur ce parcours engageant et inspirant initié en 1975 avec La Messagère (qu’Euzhan Palcy décrit comme la « première fiction télé dramatique de l’Outre-mer« ). Tout au long de ce parcours, la native du Gros-Morne en Martinique est toujours restée attentive aux mobilisations contre le racisme. Lors de de cette programmation consacrée à la réalisatrice, la soirée Ouvrir la marche, 1983-2023 : 40 ans de lutte contre le racisme, proposée et animé par Rokhaya Diallo, reviendra sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme (15 octobre au 3 décembre 1983) en écho au travail d’Euzhan Palcy.
Parmi les moments clés au calendrier de cette rétrospective : le documentaire en trois parties Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire, autre incontournable de la filmographie d’Euzhan Palcy.
Rue Cases-Nègres, d’Euzhan Palcy (1984)
L’empire colonial français est à son apogée, l’Exposition coloniale de 1931 va se tenir à Paris. À la Martinique, l’esclavage a été aboli en 1848, mais les Blancs « békés » contrôlent toujours l’économie et les Noirs sont toujours misérables, travaillant pour quelques sous dans les plantations de canne à sucre. Dans la bourgade de Rivière-Salée, les békés vivent dans de somptueuses villas, les Noirs dans des cases de bois et de paille alignées dans ce lieu-dit : rue Cases-Nègres.
La journée, les parents travaillent aux champs, et les enfants vont à l’école, obligatoire pour tous depuis la loi républicaine de Jules Ferry. Lorsqu’arrivent les vacances, les enfants, livrés à eux-mêmes à leur plus grande joie, sont les maîtres de la rue Cases-Nègres. Puis vient la rentrée des classes. José, 11 ans, est un bon élève, curieux et attentif. M’man Tine, la grand-mère affectueuse qui élève José, fait tout pour qu’il puisse, grâce à l’instruction, vivre une vie meilleure que la sienne, elle qui s’est échinée au travail. L’instituteur noir, qui a écrit au tableau que « l’instruction est la clé qui ouvre la deuxième porte de notre liberté », estime que José peut obtenir une bourse. Sage du village et mémoire de la communauté, M. Médouze a pris José sous son aile et lui apprend de nombreuses choses sur la vie, la nature, le passé d’esclaves de leurs ancêtres. Mais un jour, José le trouve mort.
José obtient son certificat d’études puis, par concours, un quart de bourse, insuffisant pour lui permettre de payer ses études. Alors M’man Tine quitte le village pour aller vivre avec José à la capitale, Fort-de-France. Elle travaille encore plus dur qu’avant, lavant, reprisant, repassant le linge des propriétaires. Quand, par ses bons résultats, José se voit attribuer une bourse complète, M’man Tine peut enfin souffler. Rassurée sur le sort de son petit José, elle peut mourir. « M’man Tine est allée dans l’Afrique de M. Médouze. » José va continuer à étudier à Fort-de-France mais il emportera avec lui sa rue Cases-Nègres.
La programmation
Mercredi 8 novembre, 20 h (séance semi-publique – Grande salle)
Rue Cases-Nègres
Soirée d’ouverture en présence de la cinéaste
Jeudi 9 novembre, 20 h (Cinéma 1)
Une saison blanche et sèche, en présence d’Euzhan Palcy et de la journaliste et femme politique Audrey Pulvar
Samedi 11 novembre, 16 h (Cinéma 2)
Le combat de Ruby Bridges, précédé du court métrage Comment vont les enfants ? et Hassane
En présence d’Euzhan Palcy et de la réalisatrice Maïmouna Doucouré
Dimanche 12 novembre, 17 h (Petite salle)
Masterclasse d’Euzhan Palcy, animée par Amélie Galli et quatre étudiantes de l’école Kourtrajmé et de l’Université Picardie Jules-Verne à Amiens
Dimanche 12 novembre, 20 h (Cinéma 1)
Siméon, en présence d’Euzhan Palcy
Lundi 13 novembre, 20 h (Cinéma 2)
L’Ami fondamental : Césaire / Senghor, suivi de Parcours de dissidents, en présence d’Euzhan Palcy et du journaliste Harry Roselmack
Mercredi 15 novembre, 20 h (Cinéma 1)
Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire, en présence d’Euzhan Palcy et de la réalisatrice et autrice Rokhaya Diallo, à l’occasion du 110e anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire
Jeudi 16 novembre, 19 h (Cinéma 1)
Les Mariées de l’Isle Bourbon
Vendredi 17 novembre, 20 h (Cinéma 2)
Siméon
Samedi 18 novembre, 16 h (Cinéma 2)
Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire
Samedi 18 novembre, 20 h (Cinéma 2)
Rue Cases-Nègres, séance présentée par le critique Emmanuel Burdeau
Dimanche 19 novembre, 15 h (Cinéma 1)
Le combat de Ruby Bridges, précédé de Comment vont les enfants ?, Hassane
Dimanche 19 novembre, 18 h (Cinéma 1)
Une saison blanche et sèche