La ville de Saint-Laurent du Maroni, en Guyane, accueillera très bientôt le Fifac, Festival International du film documentaire Amazonie Caraïbes dédié au documentaire, qui inaugurera sa première édition le 14 octobre 2019. Le Fifac a été créé pour promouvoir l’image des Guyanes, du bassin amazonien et de la région Caraïbe auprès des diffuseurs, des médias et du grand public.
Le Fifac, nouveau festival de cinéma qui se déroulera du 14 au 19 octobre 2019 à Saint-Laurent, se déploiera sur les écrans en trois temps avec : les films en compétition qui « concernent les régions de Guyane, d’Amazonie et des Caraïbes et ont été produits après 2017 » et les contenus digitaux ; les Écrans parallèles avec la projection de huit films documentaires et le festival America molo man axé principalement sur la fiction.
Fifac, première
L’événement, au terme duquel le jury choisira de récompenser l’un des treize films ou des deux web-documents en compétition, prendra principalement place au sein du Camp de la Transportation où se retrouveront les festivaliers. Le lieu métamorphosé en village du festival réunira l’ensemble des publics, notamment lors des projections en plein air qui verront la projection de plusieurs des films en compétition. Le jury présidé par l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau désignera quatre créations : le grand prix du festival (meilleur documentaire), le prix spécial du jury, le prix des lycéens et enfin le grand prix du festival (meilleur contenu digital). À noter que des séances seront exclusivement réservées aux publics scolaires déjà très concernés lors des années précédentes à travers le festival America molo man. Ils pourront également prendre part à des séances-rencontres.
Martinique, Guadeloupe, Jamaïque, Brésil, Haïti ou encore Équateur enrichissent la liste des pays représentés pour cette première édition. Parmi les films en compétition, des documentaires déjà très remarqués comme celui de Gessica Geneus, Douvan jou ka levé (grand prix et le prix du public au Fifig à Groix, grand prix du jury catégorie moyen métrage de Saint-Louis au Sénégal), ou encore le film de Miquel Galofré, Breaking the cycle (prix du meilleur film caribéen).
Douvan jou ka levé, Gessica Geneus
Quelle est cette « maladie de l’âme » qui ronge le peuple haïtien ? À travers ce film je cherche à comprendre cette forme de bi-polarité culturelle exprimée principalement à travers notre spiritualité en m’appuyant sur mon cheminement personnel, marqué par la maladie mentale de ma mère. Une maladie qui selon elle est une malédiction des esprits vodous.
Breaking the cycle, Miquel Galofré
La violence dans les relations homme-femme est souvent maintenue par le secret. Camika, mère de famille trinidadienne, a été une femme battue par son mari, elle est maintenant résiliente et a trouvé la force d’élever la voix pour faire cesser l’abus et rompre le cercle du silence.
Tous les films en compétition
- Breaking the cycle (Briser le cercle), Trinidad et Tobago / 2018 / 1h02 / VOSTFR
- Douvan jou ka lévé, Haïti / 2017 / 52mn / VOSTFR
- El pais roto, Espagne – Venezuela / 2018 / 1h09 / VOSTFR
- Ka’apor, le dernier combat, France / 2018 / 52mn / VOSTFR
- Fabulous, France – Guyane / 2018 / 46mn / VF
- Flag, une vie en trompe-l’œil, France / 2018 / 52mn / VF
- Modelo estereo, Colombie – France / 2018 / 54mn / VOSTFR
- Last street, Espagne – Jamaïque / 2019 / 61mn / VOSTFR
- Le vertige de la chute, France – Brésil / 2018 / 86mn / VOSTFR
- Tournés vers la Mecque, France – Guadeloupe / 2019 / 52mn / VF
- Scolopendres et papillons, France – Martinique / 2019 / 52mn / VF
- Spears from all sides, USA – Équateur / 2018 / 1h30 / VOST
- Untɨ les origines, France – Guyane / 2018 / 56mn / VOSTFR
Les conférences et master class
Les nouvelles pratiques numériques, l’avenir de la télévision et les mutations en cours dans le monde de l’audiovisuel feront partie des sujets abordés lors de ce premier Fifac qui réunira des professionnels de l’image, acteurs, réalisateurs, journalistes, etc. Outre la réflexion sur les actions visant à favoriser la production audiovisuelle dans la zone Amazone/Caraïbe, les professionnels du secteur s’attacheront à initier des pistes de développement notamment en prenant en compte les décisions politiques en cours, et une question sera notamment posée : « À la veille de la réforme de l’audiovisuel public et de la disparition de France Ô, comment France Télévisions va-t-elle ré-orienter sa politique de commande et de coproduction dans les outre-mer ? ».
La production documentaire étant au centre de l’événement, on notera la présence de Guy Deslauriers qui animera une master class sur la place du documentaire dans le récit des histoires collectives d’outre-mer et la construction de ses identités. Le réalisateur martiniquais sera également présent à travers les Écrans parallèles avec son documentaire Césaire vs Aragon écrit par Patrick Chamoiseau remarqué lors de précédents événements, tout comme Pedro Ruiz, avec Sur les toits Havane (Havana, from on high, grand prix meilleur documentaire au Rhode Island international film festival).
Césaire vs Aragon, Guy Deslauriers
Paris, 1955. Le poète martiniquais, Aimé Césaire, écrit une lettre-poème au poète haïtien, René Depestre. Cette dernière qui s’avère en réalité être une attaque frontale contre le poète français Louis Aragon entrera dans l’Histoire. C’est par cette lettre-poème que Césaire, Depestre, Aragon – et à travers eux la France, les Antilles et l’Afrique – vont se retrouver au cœur d’une des plus fécondes controverses poétiques de l’après-guerre. Elle débordera les cercles littéraires pour inaugurer l’un de ces renversements politiques qui bouleversera le XXe siècle français…
Sur les toits Havane, Pedro Ruiz
La grande pénurie de logements au centre de La Havane a poussé les gens vers le haut, où la vie déborde sur les toits. Ces habitants résilients et singuliers ont un point de vue privilégié sur une société en proie à un grand changement.
Niché au-dessus d’un quartier délabré de La Havane, se cache un village secret, à l’abri du brouhaha des rues qu’il surplombe. Ces maisons de fortune sont habitées par Roberto, Lala, Tita, Arturo, Juan, José, Reynol, Leonardo, Alejandro, Diosbel, Katiuska, Gabriel, Jean et Maria. Comme beaucoup d’autres habitants du centre de La Havane, ils ont été contraints de se réfugier dans les hauteurs devant la pénurie chronique de logements. De leur perchoir juché au sommet de la ville, ils témoignent d’une société en pleine transformation historique après plus de 60 ans de révolution.
Le programme s’achèvera le 18 octobre en soirée avec la cérémonie de remise de prix et la projection du grand prix du festival et du contenu digital primé.