Le festival Afriques en vision lancera sa 4e édition avec près d’une vingtaine de films projetés au cinéma Utopia de Bordeaux. Le festival se déroulera du 28 novembre au 2 décembre 2024.
L’événement mis en place par l’Institut des Afriques est l’occasion, à travers une série de films et de rencontres, de porter un regard autre sur des réalités sociales, politiques et contemporaines. Le festival « Afriques en vision » offre une programmation qui vise à faire découvrir les réalisations de « cinéastes du continent africain et de ses diasporas » et à « poser un regard complexe sur le récit politique du monde et du continent africain ». Parmi les 18 films de la programmation, visibles au Cinéma Utopia Bordeaux, une sélection évoquant l’histoire d’Haïti, de Martinique et la figure emblématique de Frantz Fanon, différentes productions qui suggèrent « de renouveler les imaginaires longtemps façonnés par un seul récit qui s’est imposé au monde. »
Sous les feuilles, de Florence Lazar
Après Tu crois que la terre est chose morte (2019), Florence Lazar revient avec Sous les feuilles, un documentaire qui prend de nouveau place en Martinique. Également plasticienne, Florence Lazar réalise des films qui « construisent des narrations dans lesquelles se déploient les récits subjectifs face à l’autorité de l’Histoire. »
Il y a quelques années, le cyclone Dean a retourné le sol de la Martinique : un cimetière d’esclavisés a resurgi à Anse Bellay. À l’hôpital psychiatrique se formule l’idée d’associer ce bout de terre en lisière de mer à une démarche curative inédite. Le lieu cristallise des attentions multiples que le film fait exister ensemble. S’entremêlent alors la parole des vivants, le soin des corps, les esprits des morts et l’empreinte coloniale. C’est la relation d’un lieu à ses invisibles, à ses fragments dispersés, le récit des plantes, ce qu’elles ont vu, ce qui a été tu.
1964 : Simityé Kamoken, de Rachèle Magloire
Précédé d’une lecture musicale consacrée à Haïti et basée sur la thématique de l’exil, le film de Rachèle Magloire s’arrête sur l’un de ces mouvements armés qui a marqué l’histoire du pays dans les années 60, alors que la population tentait de résister à la violence de François Duvalier et des macoutes.
Un récit courageux, une quête politique et poétique pour dire l’Histoire occultée du massacre des Kamoken, dans le Sud-Est d’Haïti, par les survivant·e·s.
En 1964, suite au débarquement d’une trentaine d’hommes armés pour le renverser, le dictateur haïtien Duvalier déclenche une campagne de terreur pour dissuader les paysans de rejoindre la rébellion, composée d’hommes originaires de la région où ils s’étaient installés : le Sud-Est. Plus de 50 ans après, les paysans racontent pour la première fois leur histoire. Près de 40 ans après la fin de la dictature, on réalise que le travail de mémoire est loin d’être terminé.
Mémoire d’asile, d’Abdenour Zahzah et de Bachir Ridouh
Le documentaire revient sur la portée des combats de Frantz Fanon, auteur de Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la Terre. À l’aide notamment d’images et de témoignages, le film d’Abdenour Zahzah et Bachir Ridouh trace le portait du psychiatre aux méthodes révolutionnaires dont le travail et les réflexions sur le colonialisme occupent toujours les débats. La projection du film sera suivie d’une rencontre à laquelle prendront part divers spécialistes.
Si le nom de Frantz Fanon évoque moins le psychiatre que le révolutionnaire, c’est pourtant par sa pratique auprès des malades qu’il a mesuré les inégalités et les injustices engendrées par le colonialisme. Des méthodes révolutionnaires pour l’époque, impliquant malades indigènes, déconsidérés jusqu’ici, et personnel soignant. Ses idéaux le conduisent très vite à épouser la cause de la lutte de libération, en hébergeant et en soignant des combattants algériens. Contraint de démissionner, il poursuit la lutte en rejoignant le FLN à Tunis.
Rencontre : Fanon dans le cinéma, Fanon et le cinéma
Frantz Fanon, psychiatre martiniquais et penseur avant-gardiste des libérations et des luttes anti-coloniales, a fait l’objet de nombreuses productions littéraires, cinématographiques et universitaires. Auteur de nombreux ouvrages fondateurs du courant décolonial, il a influencé de nombreux·ses intellectuel·le·s et artistes de la vague des indépendances tri-continentales et mêmes actuel·le·s. Dans cette rencontre, il est question de retracer la figure de Frantz Fanon et sa représentation dans les cinémas dont il ou sa pensée est le centre. Mais également, d’explorer la manière dont sa pensée a irrigué et continue d’irriguer les auteur·ices.
Sous les feuilles – 29 novembre à 18 h
1964 : Simityé Kamoken – 29 novembre à 20 h
Mémoire d’asile – 30 novembre, à partir de 10 h 30