Le film Le gang des Antillais, de Jean-Claude Barny, sera à l’affiche en France métropolitaine à compter du 30 novembre 2016, après une première sortie en salles le 15 octobre en Guadeloupe, Guyane et Martinique. Inspiré du livre de Loïc Léry, cette adaptation revient sur le parcours de jeunes Antillais débarqués à Paris via le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer).
Le gang des Antillais a pour décor une organisation instituée de la migration entre les départements d’Outre-mer et la France métropolitaine dans les années 70. Dans cette adaptation du livre de Loïc Léry, Jean-Claude Barny propose de faire irruption dans les années 70 et d’appréhender, à travers les parcours bouleversés et bouleversants de ses personnages, l’infortune de ceux qui ont fait partie de la « génération Bumidom ».
Du Bumidom au gang
En choisissant d’utiliser des images d’archives dès le début du film pour déployer son propos, Jean-Claude Barny sollicite la réalité historique, ce qui devrait permettre au public de saisir avec le plus de composantes possibles le sens du film et d’y percevoir « la multiplicité du comportement humain… » que souhaite dépeindre le réalisateur.
Par le biais des personnages Jimmy Larivière, Molokoy, Politik, Liko et pour finir Jackson qui forment Le gang des Antillais, le film offre l’opportunité de se faire, entre autres, une idée des personnalités qu’a pu engendrer une politique migratoire instituée et les dommages qui en découlent.
Pour Jean-Claude Barny, ces protagonistes « sont en quelque sorte des archétypes symboliques. Jimmy est un idéaliste mais très vite il se rend compte que la vie qu’on lui propose n’est que misère et souffrance. Il est pris dans un engrenage, il passe du côté obscur. Il dit même qu’il était devenu un smicard du braquage. ‘Le braquage était sans doute un mauvais raccourci mais la rage est sortie comme ça’ explique-t-il en voix off alors qu’il est en prison. Molokoy vit très mal la double identité du métis. Rejeté pas les deux communautés, il a un comportement extrême, schizophrène. Liko est à l’image de tous ces migrants qui ont souscrit, adhéré à la République. Il s’est intégré mais comme il n’a eu aucune évolution de carrière au bout de dix ans au tri postal, il est dans la rébellion. Politik, c’est la conscience politique, il est dans un processus d’indépendance, dans la lutte armée pour sortir de la discrimination. Avant eux, pour faire sortir l’homme noir de sa torpeur, il y avait eu des intellectuels, des poètes de la négritude comme Aimé Césaire ou Léon-Gontran Damas ».
Si le film prend sa source dans des faits qui font partie de la mémoire antillaise, il doit donner lieu à des questionnements plus universels, comme avec l’intervention d’un personnage tel que celui de Patrick Chamoiseau (interprété par Lucien Jean-Baptiste). Cette dimension conceptuelle et cet état d’esprit peuvent notamment s’expliquer par le positionnement du réalisateur, qui est l’un des scénaristes du film : « …Mon cinéma prend essence dans la culture caribéenne que je souhaite faire partager. Par ailleurs, j’ai toujours été très féru de récits écrits par des hommes de la communauté afro-américaine, abîmés par une vie de violence et qui, par l’écriture d’un roman ultra-réaliste, ont atteint une forme de rédemption. Si cela était très fréquent dans la littérature afro-américaine ce n’était pas le cas dans la littérature noire antillaise. Et ‘Le Gang des Antillais’ avait cette matière-là. À sa sortie en 1986, il a fait un tabac aux Antilles et il vient d’ailleurs d’être réédité aux Editions Caraïbes. »
Dans ce « thriller nègre… qui parle de la révolte de ceux qui ne veulent pas subir la caricature du colonisateur », on retrouve Mathieu Kassovitz, Romane Bohringer et Jocelyne Beroard. La voix féminine du groupe Kassav, présente dans le premier long métrage de Jean-Claude Barny, s’y était installée dans le rôle de « la mère de Josua » en 2005, aujourd’hui elle occupe celui « de la marraine affectueuse de Jimmy ».
Synopsis
Dans les années 70, le Bumidom promettait de favoriser l’insertion en métropole des français des Dom-Tom. Jimmy Larivière, arrivé à Paris pour refaire sa vie, ne parvient pas à trouver sa place dans la société. Sa rencontre avec un groupe de trois jeunes antillais va l’entraîner dans une série de braquages retentissants.
Une plongée sans concession dans la France désenchantée des années 70. Jimmy Larivière se débat pour survivre avec sa fille et trouver sa place. Sa rencontre avec le Gang des Antillais, des malfrats idéalistes, sonne sa révolte, l’exaspération d’une communauté arrivée en métropole avec le Bumidom. Violence, amitiés, rivalités, trahisons, Jimmy se perd : Une arme à la main, comment ne pas devenir à son tour esclave de l’argent facile ?
Le gang des Antillais
Sortie nationale 30 novembre 2016
Film de Jean-Claude Barny, adapté du livre de Loïc Léry,
Avec Djedje Apali, Eriq Ebouaney, Adama Niane, Vincent Vermignon, Zoé Charron