Le Centre Pompidou propose une rétrospective Sarah Maldoror organisée dans le cadre de l’exposition Paris noir. Du 3 au 7 avril 2025 à Paris, plusieurs films de la cinéaste et actrice disparue en 2020, connue pour ses engagements et pour être à l’origine de la première compagnie théâtrale noire en 1956, seront proposés.
L’exposition Paris noir, qui revient sur « l’influence des artistes noirs en France entre les années 1950 et 2000 » dont celle de Sarah Maldoror, sera enrichie d’une programmation cinéma au cours de laquelle plusieurs films de la réalisatrice d’origine guadeloupéenne seront projetés du 3 au 7 avril 2025, dont huit en version restaurée, dont certaines pour une première mondiale. En outre, des rencontres et lectures de scénarios marqueront cet événement.
L’exposition Paris noir montre le travail de l’artiste Sarah Maldoror, notamment l’une de ses œuvres phares, Et les chiens se taisaient, tournée en 1978 dans les réserves du Musée de l’Homme, et construite autour des extraits filmés de la pièce éponyme d’Aimé Césaire. À l’occasion de l’exposition, les cinémas du Centre Pompidou rendent hommage à cette cinéaste unique dont le travail documente et questionne plus que jamais le présent.
Un événement de cinq jours mêlant des projections (toutes accompagnées par des artistes et des témoins durablement influencés par le travail de Sarah Maldoror), des lectures, des rencontres et la présentation d’archives inédites, invite le public à écouter la voix de la cinéaste au présent. Les films Et les chiens se taisaient (1978, 13 min), Le Masque des mots (1987, 47 min) et Regards de mémoire (2003, 24 min) sont présentés pour la première fois en France en version restaurée, grâce au soutien de MansA, Maison des Mondes Africains, ainsi que Monangambééé (1969, 17 min) et la trilogie réalisée en 1979 et 1980, composée des films Fogo, île de feu (34 min), À Bissau, le carnaval (18 min), Un carnaval dans le Sahel (28 min).
La vie comme la carrière de la cinéaste Sarah Maldoror épousent tous les engagements du 20e siècle : le surréalisme, la négritude, le panafricanisme, le féminisme et le communisme.
Née Marguerite Sarah Ducados en 1929, d’une mère gersoise et d’un père guadeloupéen, elle décide de prendre le pseudonyme de Maldoror se reconnaissant dans l’ouvrage poétique de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, redécouvert par les surréalistes dans l’entre-deuxguerres. Sarah Maldoror crée les Griots, la première troupe noire à Paris, en 1956, puis étudie le cinéma à Moscou avant de réaliser à Alger son premier court métrage, Monangambééé, en 1969. Son premier long métrage sorti en salles, Sambizanga réalisé en 1972, reconnu depuis comme son chef-d’oeuvre, est restauré par la Film Foundation créée par Martin Scorsese.
Disparue en 2020, Sarah Maldoror laisse une œuvre de plus de 40 films, fictions et documentaires dont les formats varient, tournés entre la France, l’Algérie, la Guinée-Bissau, l’Angola et autant de projets jamais réalisés. Une œuvre dense traversée par la poésie et la recherche artistique, questionnant sans discontinuer les luttes, particulièrement celle des pays d’Afrique pour leur indépendance, aux côtés de son compagnon, le poète et militant anti-colonialiste angolais Mario de Andrade. « Nous ne serons jamais libres tant que vous nous verrez comme vous nous voyez. Il faut que nous vous débarrassions de l’idée que vous avez des nègres pour que nous soyons des nègres libres… » déclarait Sarah Maldoror à l’écrivaine Marguerite Duras, dans un entretien datant de 1958, résumant sans nul doute la direction donnée tout au long de sa vie à son travail.
Elle adapte à l’écran et réalise les portraits de nombreux artistes et intellectuels du siècle, Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas, le poète caribéen René Depestre et l’artiste cubain Wifredo Lam, les français Louis Aragon et Robert Doisneau ou encore le peintre mexicain Vlady Rusakov. Sarah Maldoror a collaboré avec des cinéastes, dont Chris Marker, Gillo Pontecorvo et William Klein.
Les films présentés
Monangambééé (1969, 17 min)
Sambizanga (1972, 102 min)
Aimé Césaire – Un homme, une terre (1977, 57 min)
Et les chiens se taisaient (1978, 13 min)
Un carnaval dans le Sahel (1979, 23 min)
Un dessert pour Constance (1979, 60 min)
Fogo, île de feu (1979, 34 min)
À Bissau, le carnaval (1980, 18 min)
Louis Aragon – Un masque à Paris (1980 – 19 min)
L’Hôpital de Leningrad (1982 – 52 min)
Toto Bissainthe (1984, 4 min)
Aimé Césaire – Le masque des mots (1987, 47 min)
Vlady (1989, 24 min)
Léon G. Damas (1994, 26 min)
Scala Milan AC (2003, 17 min)
La Route de l’esclave : Regards de mémoire (2003, 24 min)
Ana Mercedes Hoyos – Peintre (2008, 13 min)