Les 11, 12 et 13 mai prochain se tiendra un colloque international sur le thème « Exposer l’esclavage ». L’événement est également organisé en hommage à Édouard Glissant.
À l’occasion des dix ans de la loi du 21 mai 2001, votée à l’unanimité par le parlement français et qui portait à la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage comme « crime contre l’humanité », le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE) et le musée du quai Branly se sont associés pour organiser un colloque international autour du thème « Exposer l’esclavage ».
Co-organisé avec le Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage, consacré à la question de la présentation de l’histoire de l’esclavage dans des contextes muséographique, ce colloque rassemble des professionnels de musées, des artistes et des chercheurs de la France métropolitaine et des Outres-Mer, de l’Europe, de l’Afrique et des Amériques.
Les traites et l’esclavage ont profondément transformé la cartographie du monde, ont globalisé des économies, ont affecté le droit, la philosophie, les arts et mis en contact des cultures, des langues, des savoirs et des croyances. Ces dernières décennies, les historiens ont renouvelé le regard sur ces siècles d’histoire, en relisant les archives et en ouvrant de nouvelles pistes de recherche. Leurs travaux ont enrichi la muséographie de l’esclavage et ceux des artistes, romanciers et cinéastes.
Les héritages de l’esclavage sont complexes et multiples : expérience de l’exil et de la déportation, création de nouvelles cultures, croyances et savoirs… Les sociétés et les cultures créoles en sont des témoins. La lutte incessante des esclaves pour leur liberté a contribué à l’extension des idéaux de la démocratie et le mouvement antiesclavagiste fut l’un des premiers grands mouvements internationaux pour les droits humains. Un tel bouleversement ne peut qu’interpeller le musée, lieu d’exposition, de débats et d’échanges, lieu de citoyenneté.
La muséographie de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition soulève de nombreuses questions que ce colloque se propose d’examiner. Comment l’esclave « entre-t-il au musée » ? Comment montrer la torture, les punitions, l’exil, la perte, la résistance, la complicité, la création et leurs traces contemporaines ? Comment penser la temporalité et l’espace de l’exhibition : commencer par quoi, quand, et en quel lieu ?
Le colloque réunira des responsables de musée, des chercheurs, des artistes et des intellectuels de pays d’Afrique, des Amériques, d’Europe, de la France et des outre-mer. Ils s’interrogeront dans un premier temps sur les questions suivantes : « Y a-t-il une nécessité à exposer l’esclavage ? Pourquoi ? Quels esclavages? Pour quels publics ? » Ce débat posé, il s’agira ensuite de confronter des expériences concrètes de muséographie dans des institutions et des lieux de mémoire, puis de réfléchir avec des artistes et des chercheurs sur des exemples de création et de médiation portant sur l’esclavage.
Le colloque s’organisera autour de tables rondes, consacrées chacune à un aspect de la mise en musée de l’esclavage.
Chacune de ces séances sera introduite par un exposé synthétique, suivie d’une table ronde associant une demi-douzaine d’intervenants. Une synthèse et une discussion générales clôtureront ce colloque dont les actes devraient faire l’objet d’une publication.
Retrouvez le programme sur www.quaibranly.fr