Le parcours et l’œuvre de René Ménil, essayiste et philosophe martiniquais, feront l’objet d’un colloque le 24 mars prochain à la mairie de Paris. Presque 20 ans après sa disparition, plusieurs personnalités donneront à découvrir ou à considérer la dimension contemporaine des écrits « d’un éveilleur de consciences ».
Un colloque initié par l’association Pomme Rose – présidée par Geneviève Sézille-Ménil, veuve du penseur martiniquais René Ménil, qui participera aux échanges – réunira le 24 mars prochain à partir de 18 h, l’écrivain et sociologue André Lucrèce, la chercheuse et auteure Kora Véron ou encore l’universitaire et poète guadeloupéen Roger Toumson. Des intervenants qui porteront leur regard avisé sur ses textes et permettront de « relire l’œuvre de René Ménil, la faire connaître et notamment aux jeunes générations ». Un événement autour de l’idéologie et de l’activisme d’un intellectuel engagé, fondateur (avec Aimé Césaire) de la Revue Tropiques et qui a marqué par la pertinence de son regard d’écrivain et d’ethnographe sur son environnement.
En 2024, le vingtième anniversaire de sa disparition fera également l’objet d’un événement en Martinique.
Trois conférences pour mieux connaître René Ménil
René Ménil et la question identitaire aux Antilles, par André Lucrèce, docteur en sociologie, écrivain, critique littéraire.
André Lucrèce écrivait dans son livre Souffrance et jouissance aux Antilles : « C’est le lieu de souligner qu’il est absurde d’opposer l’art à la réflexion sociologique ou philosophique : Bataille, Leiris, Caillois et tout le Collège international de sociologie l’ont parfaitement compris, eux qui ont renouvelé l’approche de la société tout en produisant des œuvres poétiques et romanesques, abaissant les hautes barrières dressées artificiellement dans l’existence active de l’homme de réflexion et d’esprit. » Son intervention consiste à montrer que l’œuvre de René Ménil est précisément une œuvre ouverte sur l’esprit, là où la puissance de la parole et de l’écrit nous révèle l’identité antillaise aussi bien dans des réflexions issues de la théorie critique que dans des textes littéraires marqués par un humour tout en imagination. L’autorité forte avec laquelle René Ménil a analysé la question de l’identité antillaise, en prenant ses distances avec le superficiel, est présente dans l’ensemble de ses textes.
Aimé Césaire et René Ménil, « transformer le monde » ou « changer la vie » ?, par Kora Véron, responsable du groupe Aimé Césaire de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) (…), auteure de la plus importante biographie d’Aimé Césaire, parue aux éditions du Seuil en 2021.
Les relations entre Aimé Césaire et René Ménil peuvent se lire à travers leur désir de concilier Marx et Rimbaud aux Antilles. Ils en tireront des conclusions finalement adverses. Ces relations d’une quinzaine d’années (de 1940 à 1956) peuvent utilement être éclairées par les débats très animés menés dès les années 1930, quand Ménil puis Césaire étudiaient à Paris. Et ce sont les revues auxquelles ils contribuèrent pendant cette période que j’analyserai principalement.
René Ménil polygraphe : Littérature, Philosophie, Politique, par Roger Toumson, agrégé de Lettres modernes, docteur d’état et lettres, Professeur émérite de l’université des Antilles
René Ménil est avec Aimé Césaire une grande figure de la révolution culturelle qui, aux Antilles françaises, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans l’ordre de l’histoire politique, de l’histoire des idées, de l’histoire littéraire, a disqualifié les bases du système esclavagiste. Idéologue marxiste connu pour ses écrits militants, René Ménil demeure un homme de Lettres méconnu, philosophe, prosateur, et prioritairement, lui aussi, poète. C’est à l’écrivain qu’il est grand temps d’accorder toute l’attention méritée.
René Ménil, un penseur prolifique et d’actualité, par Geneviève Sézille-Ménil, ancienne professeure, présidente de l’association Pomme Rose
Philosophe, homme de lettres et militant des forces de progrès social au service des Martiniquais, les écrits de René Ménil sont importants dans le sens où Ménil apporte une autre vision du monde, un autre rapport à l’homme et à l’être au monde.
« Nous sommes des descendants d’Africains, nous sommes noirs et nous devons penser par nous-mêmes ». Depuis Légitime défense en 1932, en passant par Tropiques, le journal Justice, Carbet, Action, Mibi, La Nouvelle Critique, Les Temps modernes, La Quinzaine Littéraire, Tracées, la Casa de Las Americas, Antilles déjà jadis en 2000 … Il n’a cessé d’écrire des chroniques, des scénarios, des articles, des poèmes, qui sont pour beaucoup pratiquement introuvables de nos jours. Il a abordé des thèmes très variés, proposé des analyses encore largement d’actualité, qui n’ont rien perdu de leur puissance et de leur poésie. C’est pourquoi, j’ai trouvé nécessaire, de les rechercher et les rééditer à compte d’auteur, indispensables supports pédagogiques pour tout étudiant, chercheur, lecteur désirant… lire, découvrir, ou redécouvrir René Ménil.
Parmi les écrits de René Ménil
Tracées Identité Négritude Esthétique aux Antilles (Robert Laffont, 1981)
Pour l’émancipation et l’identité du peuple Martiniquais (L’Harmattan, 2008)
René Ménil, éveilleur de consciences – Tomes 1 et 2 (autoproduction Geneviève Sézille-Ménil, 2019)Colloque
Vendredi 24 mars, à partir de 18 h
René Ménil – Retour sur le parcours d’un éveilleur de consciences
Auditorium de la Mairie de Paris
5 rue Lobau, Paris 4e