C’est le 10 juin que la Guyane commémore l’abolition de l’esclavage (en référence au 10 juin 1848, date de promulgation du décret en Guyane). Le Festival du tambour et des artistes engagés consacrera ce 162e anniversaire de l’abolition définitive, du 7 au 11 juin 2010. Cinq jours de célébration entre traditions et devoir de mémoire pour marquer l’événement.
Un programme riche en rencontres et animations, musicales notamment, organisé par le conseil général de Guyane avec plusieurs points forts : Images et Colonies, une exposition iconographique et d’histoire coloniale, la projection de Made in Jamaïca de Jérôme Laperrousaz suivi d’un débat, la présentation de Massak (pièce d’Elie Stéphenson), un grand concours de tanbou ou encore un concert de Fondering et Prince Koloni. Autour du festival de tambour dont les rythmes investiront le jardin botanique, des lieux culturellement représentatifs ou symboliques – les bibliothèques départementale de prêt ou Alexandre Franconie, la musée départemental, le rond-point Adélaïde Tablon- accueilleront les manifestations.
Expo, ciné, théâtre et musique
Le programme reproduit ci-dessous reflète la volonté d’associer rappels historiques et patrimoine culturel. L’exposition Images et Colonies, constituée sous la forme de vingt panneaux, présente dans un ordre chronologique trois grandes périodes de l’histoire coloniale : 1880/1913, 1919/1939 et 1945/1962. Ces visuels peuvent ajouter à la connaissance qu’ont les plus jeunes de cette période et à la vision des rapports historiques entre l’Europe et l’Afrique. L’exposition réalisée il y a quelques années sous le patronage de l’Unesco montre plusieurs aspects de l’histoire sous des thèmes qui illustrent cette période : l’Afrique avant la colonisation, Arts, exotisme et voyage, l’Image de l’indigène, les Africains dans la publicité, l’enjeu impérial : la Seconde Guerre Mondiale, Indépendances et décolonisations. Vous pourrez découvrir Images et Colonies à la bibliothèque Alexandre Franconie.
Côté cinéma, le film de Jérôme Laperrousaz Made in Jamaïca, présenté à la bibliothèque départementale de prêt, met en scène une star née le l’esclavage et de ses résistants : le reggae. Le film, sorti en juin 2007, dans lequel on retrouve des têtes d’affiche comme Elephant Man, Gregory Isaacs, Third World, Bunny Wailer ou Bounty Killer qui font vivre le reggae et le dancehall, est l’occasion de plonger dans un bouillon de culture reggae inter-générations. Du tout bénef pour les amoureux du reggae et ceux qui veulent (re)découvrir l’environnement social et musical dans lequel est née et a évolué cette musique toujours très populaire. Le synopsis précise : « Made in Jamaïca met en scène les leaders des mouvements Reggae et Dance Hall. Né de l’esclavage et de la misère sur une île de près de trois millions d’habitants, le reggae est un chant de révolte et d’amour qui résonne dans le monde entier. Si Bob Marley a laissé un précieux héritage, une nouvelle génération d’artistes émerge désormais avec le Dance Hall, issu du Reggae, drainant les foules avec un message puissant et franc. Du ghetto au Star System, voici le destin d’artistes exceptionnels. Au travers des performances des pères du Reggae et des stars de la nouvelle génération, selon un casting sans précédent, Jérôme Laperrousaz rend compte de ce « rêve jamaïcain ». Made in Jamaïca est l’histoire d’amour d’une musique, d’un peuple, d’un mouvement qui, avec ses colères et ses révoltes, nous emporte. »
Sur les planches, Massak, la pièce de théâtre d’Elie Stéphenson jouée par les élèves du lycée Max Joséphine de Cayenne, montrera encore un autre aspect de l’esclavage, plus précisément de ceux qui, comme Pompée, chef des marrons de la Comté, décident de s’en libérer. L’histoire prend naissance dans la période où Napoléon décide de rétablir l’esclavage, avec un héros qui s’y oppose : « celui là-même qui avait aboli l’esclavage en Guadeloupe avait pour mission de le rétablir en Guyane et surtout de mâter les nègres marrons, retirés dans les profondeurs d’une forêt équatoriale quasi inaccessible à la gendarmerie coloniale. De là ils attaquaient Cayenne, incendiaient les zones stratégiques de l’autorité coloniale, notamment les plantations aux alentours de Cayenne. »
Parmi les rendez-vous musicaux : Tanbou Lévé. Sous la forme d’un concours qui mettra en vedette les rythmes traditionnels et diversifiés des percussions guyanaises. Plus que les spécificités techniques de ces instruments centenaires qui se retrouvent dans toutes les populations post-esclavagistes de la Caraïbe, le concours et la confrontation entre les musiciens mettra à l’honneur les rythmes qu’ils font naître : kasékò, gragé, lérol, etc. Les rencontres également au programme, du vendredi 11 juin, Parol lib et la conférence sur le gragé de Marie-Françoise Pindard et Jean-Paul Agarande, apporteront des éclairages sur cet autre profil de l’héritage africain.
Fondering et Prince Koloni en concert, un autre événement à ne pas manquer lors de ces 4 jours de célébration, mais surtout un point d’orgue dans ce festival commémoratif avec le maître de l’aléké, venu du Maroni, qui s’est aussi fait une place sur la scène reggae. Chacune des prestations de cet artiste est un événement remarqué, sa voix unique alliée aux tambours traditionnels du fleuve offre une musique que le chanteur et son groupe Fondering ont su dynamiser et moderniser pour en faire une musique appréciée dans les festivals, par exemple lors du festival Influences Caraïbes ou des TransAmazoniennes.
Le programme en détails
7, 8 et 9 juin 2010 à la bibliothèque départementale de prêt :
– Exposition 1848, l’esclavage aboli
– Projection de film Made in Jamaïca de Jérôme Laperrousaz
– Soirée culturelle : représentation de Rémy Aubert, Poul ké ravet, texte de L.G. Damas
Mercredi 9 juin à la bibliothèque Alexandre Franconie
– Exposition Images et colonies
– Contes sur l’esclavage
– Prestation de Tanbou lévé
– Présentation d’ouvrages sur le thème de l’esclavage
Jeudi 10 juin,
Au musée départemental
– 16 h 30 : conférence sur la période d’occupation portugaise, au début du XIXè siècle, par Jean-Pierre Ho-Choug-Ten
– Présentation d’une affiche sur le règlement du commerce des esclaves (1809)
Au Rond-point Adélaîde Tablon à Rémire
– 9 h, un hommage aux Marrons de la liberté
10 et 11 juin 2010, au jardin botanique : le festival de tambour
Jeudi 10 juin :
– 11 h : prestations de Tanbou Lévé
– 11 h 15 : lecture d’un poème de Léon Gontran DAMAS
– 11 h 30 : ouverture officielle du festival et visite des stands (gastronomie, Artisanat, Exposition, Conférence, Ateliers)
– 12 h : prestation musicale traditionnelle et démonstration avec Les Anciens de Kourou
– 15 h : prestation de Sénéguyane, percussions du Sénégal
– 16 h : Massak, pièce de théâtre d’Elie Stéphenson, par les élèves du lycée de Max Joséphine
– 17 h : prestation de Sainte Rose de Lima, groupe amérindien
– 18 h : Konvwé des apprentis, dans le cadre du concours Tanbou lévé
– 19 h 45 : prestation du groupe Wapa
– 20 h 45 : spectacle de Mika ké Rémy Aubert
– 21 h 45 : prestation Cippe ké Muzanda, musique traditionnelle guyanais
– 22 h 45 : prestation de Lapassion quartet
– 23 h 30 : concert de Fondering et Prince Koloni.
Vendredi 11 juin de 10 h à 00 h 45, au jardin botanique
– 10 h : ouverture de la manifestation
– 15 h : Mix Tanbou, micro ouvert aux jeunes
– 15 h 45 : Parol lib, Le tambour dans les musiques actuelles, avec Djabar et Silo
– 17 h : conférence sur les musiques traditionnelles créoles, par Marie-Françoise Pindard et Jean-Paul Agarande
– 18 h : concours de tambours
– 19 h 45 : présenta d’une pièce de théâtre : Mo gran gran gangan, de Tow vlogodow
– 21 h : remise des prix du concours Tanbou Lévé
– 21 h 15 : Ka mayouri, spectacle de Gwo ka
– 22 h : prestation de Djabar et Touka
– 23 h00: prestation de Papy
– 00 h : Silo et Tanbou Lévé, pour un nouveau spectacle
– 00 h 45 : concert, Tanbou lib