En octobre 2022 paraissait La poétique de la cale de l’écrivaine et réalisatrice Fabienne Kanor. Dans le cadre des journées de la mémoire, son premier essai fera l’objet de plusieurs événements comme la projection du premier épisode de sa série Les contes de la cale. À Bordeaux puis à La Rochelle, plusieurs rendez-vous sont organisés autour de la mémoire de l’esclavage et des créations de Fabienne Kanor.
Le Musée d’Aquitaine participe aux Journées de la Mémoire, avec à son agenda des visites et des rencontres sur « Bordeaux le commerce atlantique et l’esclavage ». Parmi les rendez-vous, des rencontres autour de La poétique de la cale de Fabienne Kanor. Avec tout d’abord un arpentage littéraire le mardi 16 mai 2023 animée par Ella Bordai, puis, le lendemain, mercredi 17 mai 2023, une déambulation littéraire toujours autour du livre de l’essayiste sous-titré « Variations sur le bateau négrier ». Le 21 mai 2023, elle se rendra cette fois à la Rochelle où elle rencontrera le public au sein du Musée du Nouveau Monde.
Autres rendez-vous à retenir, les projections du documentaire Et le grand trou noir où je voulais me noyer. Il s’agit du premier épisode de la série Les Contes de la cale, réalisé en 2023.
La poétique de la cale, de Fabienne Kanor
Un siècle et demi après le passage avéré du dernier navire négrier, la cale hante toujours, telle une ombre, les œuvres écrites, visuelles et musicales des artistes afro-descendants. Dans les archives coloniales, elle est le décor central des vieux journaux de bord des marins. Elle affleure dans l’espace public, les musées et lieux de commémoration. Elle est dans le corps de ceux qui, sans y être tombés, ne peuvent pour autant pas l’oublier. Elle est une mélancolie, une blessure ancrée dans la chair de millions de personnes dont les racines ont été brouillées et éparpillées.
Dans ce livre intime et puissant dont la cale est le personnage- spectre, Fabienne Kanor entreprend de descendre en poésie dans les entrailles de ces monstres flottants et d’enjamber la mer dévoreuse d’hommes en sens inverse afin de libérer le pouvoir curateur de la mémoire.
Et le grand trou noir où je voulais me noyer
Et le grand trou noir où je voulais me noyer est le premier épisode des Contes de la cale, une série de documentaires expérimentaux écrite et réalisée par Fabienne Kanor, avec le soutien du musée d’Aquitaine, l’université de Penn State en Pennsylvannie, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et l’Institut des Afriques. A partir de lieux de mémoire informels et officiels, à partir de morts oubliés mais ayant existé, cette série pose et tient ce questionnement personnel : que reste-t-il des Africains engloutis dans la panse de la mer Atlantique et dans le néant des plantations ? Comment retrouver les traces de mes ancêtres déplacés et défunts ? Comment rendre présente, incarnée, à notre portée, cette histoire endormie dans les archives coloniales ? Anton Çape est le héros de ce premier conte. Capturé en Sierra Leone, jeté dans les cales d’un vaisseau négrier et déporté à Lisbonne vers 1559, il fut acheminé en Espagne jusqu’à la mine d’argent de Pozo Rico, à Guadalcanal. Au cœur de ce conte, il y a aussi l’épopée de Makha, un jeune homme sénégalais qui, en 2018, a quitté son pays en zodiac pour débarquer sur une plage de l’Europe fantôme.
Fabienne Kanor à Bordeaux, Musée d’Aquitaine
16 mai, 14 h 30 : Arpentage littéraire de Poétique de la cale
16 mai, 18 h 30 : Projection, Et le grand trou noir où je voulais me noyer
17 mai, 14 h 30 : Déambulation littéraire dans les salles du musée
Fabienne Kanor à La Rochelle
21 mai, de 15 à 17 h, au Musée du nouveau monde : déambulation poétique
25 mai, à 18 h 30, projection de Et le grand trou noir où je voulais me noyer, bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle. Suivi d’un débat en présence de la réalisatrice.