Une exposition événement se tient actuellement au Centre Pompidou à Paris : elle est consacrée au peintre cubain Wilfredo Lam. Il s’agit de « la première grande rétrospective dédiée à l’artiste depuis celle du musée d’Art Moderne en 1983 », visible jusqu’au 15 février 2016.
Le Centre Pompidou consacre une ample rétrospective à l’œuvre et à la trajectoire du peintre Wifredo Lam (1902 – 1982), des années 1930 aux années 1970. L’exposition s’articule en « cinq séquences qui ponctuent la vie et le travail de l’artiste au gré de ses rencontres avec des intellectuels et des poètes qui ont marqué sa vie ». Parmi les périodes retracées : Cuba, les Amériques (1941-1952) ou encore Paris, Caracas, La Havane, Albissola, Zurich (1952-1961).
L’exposition s’attache à replacer l’œuvre de l’artiste cubain dans une histoire internationale de l’art moderne, dont il est l’un des acteurs essentiels, tant en Europe qu’aux Amériques.
Une exposition de grande envergure
À travers plus de 400 œuvres – peintures, dessins, photographies, revues et livres rares, l’exposition propose une traversée inédite de l’œuvre de l’artiste dans un parcours chronologique : Espagne, 1923-1938 ; Paris-Marseille, 1938-1941, Cuba et les Amériques, 1941 – 1952, Paris, Caracas, La Havane, Albissola, Zurich, 1952-1961, Paris et Albissola, 1962-1982. Cette rétrospective bénéficie du prêt exceptionnel de La Jungla, 1943, œuvre phare de l’artiste, conservée au MoMA de New York.
Traversant toutes les périodes, l’exposition retrace le parcours original de l’artiste.
Des toutes premières années cubaines et du séjour espagnol (1923-1938) – dont nombre d’œuvres ont été retrouvées tardivement à Madrid – à l’éblouissante séquence des gravures des années 1960 et 1970, l’exposition apporte un nouvel éclairage sur les œuvres capitales du « Retour au pays natal » (1942 -1952), dans le contexte politique et culturel de l’époque.
Le parcours de l’exposition suit les différentes séquences de la vie et du travail de l’artiste au gré de ses rencontres avec des intellectuels et des poètes qui ont marqué le siècle (…).
Cuba, les Amériques (1941-1952)
Après dix-huit ans passés en Europe et deux exils, Lam débarque en Martinique aux côtés de Breton et autres compagnons de voyage. Il y rencontre Aimé Césaire, poète de la négritude, qui partage le même refus des rapports de domination raciale et culturelle l’aune de ses lectures marxistes et de son engagement dans le siècle. Son retour à Cuba l’affecte douloureusement. Il est frappé par la corruption, le racisme et la misère qui sévissent sur l’île où la culture locale ne semble subsister que sous la forme d’un folklore de pacotille qu’il exècre. Lam produit alors une œuvre peuplée de figures syncrétiques alliant le végétal, l’animal et l’humain faisant écho à l’énergie et aux mondes spirituels propres aux cultures caribéennes. Il est guidé dans cette quête de « cubanité » par les ethnologues Lydia Cabrera et Fernando Ortiz ainsi que par l’écrivain Alejo Carpentier qui interrogent les traditions, l’esthétique et l’histoire complexes de la culture afro-cubaine.
Paris, Caracas, La Havane, Albissola, Zurich (1952-1961)
Durant cette période, de très nombreux voyages éloignent souvent Wifredo Lam de son l’atelier. Les formes sont simplifiées et les œuvres se construisent sur des rythmes internes. En 1952, il met fin au séjour cubain et s’installe de nouveau à Paris. Les expositions internationales se multiplient, notamment aux côtés des artistes CoBrA que lui a présentés son ami Asger Jorn. La spontanéité, la dimension collective ainsi que l’intérêt du groupe pour l’art populaire l’amènent à se confronter à de nouveaux matériaux, comme la terre cuite, et à expérimenter des formes nouvelles. Pour la série des Brousses de 1958, il fait sien le dynamisme de l’abstraction gestuelle américaine, rappel épuré des compositions à la végétation foisonnante des années 1940. Ses dessins à la fois incisifs et oniriques illustrent de nombreux textes d’amis poètes et écrivains, tels René Char et Gherasim Luca.
Autour de l’exposition
Wifredo Lam
La Réunion, 1945
Un dimanche, une œuvre, conférence par Catherine David (commissaire de l’exposition)
15 novembre 2015, 11 h 30, Petite salle, niveau -1
Tarif : 4,50 euros / Tarif réduit 3,50 euros (gratuit avec le laissez-passer)
Le catalogue de l’exposition
Le catalogue qui accompagne cette exposition est l’occasion de revisiter en profondeur une œuvre singulière qui confronte les formes du moderne au creuset culturel cubain et antillais. L’ouvrage présente l’ensemble l’œuvre de Wifredo Lam en s’appuyant sur une riche iconographie. Sous la direction de Catherine David, il revient sur les sources d’inspiration de l’artiste et son parcours singulier dans le XXe siècle.