L’Association pour l’Etude de la Colonisation Européenne (Apece) organise le samedi 16 janvier prochain à Paris une conférence lors de laquelle Marcel Dorigny et Bernard Gainot présenteront leurs récents ouvrages Atlas des premières colonisations (Autrement, 2013) et L’Empire colonial français – De Richelieu à Napoléon (Armand Colin, 2015). Ils aborderont notamment la traite négrière et la colonie de Saint-Domingue.
L’Apece a pour objectif de « favoriser les recherches et leur diffusion autour de la période dite « intermédiaire » entre les deux grandes phases de l’expansion coloniale européenne. C’est-à-dire entre l’apogée de la colonisation plantationnaire esclavagiste et sa remise en cause puis sa destruction plus ou moins radicale selon les lieux et les temps, ouvrant la voie à la « colonisation nouvelle » qui répudiait la traite et l’esclavage et se fixait une « mission civilisatrice » envers les peuples extra-européens… » Dans le cadre des conférences mensuelles que l’association organise à cet effet chaque mois dans les locaux de l’Université de Paris I (depuis 1995), elle reçoit ce samedi 16 janvier à 14h30 à la Sorbonne Marcel Dorigny et Bernard Gainot.
L’Empire colonial français – De Richelieu à Napoléon, Bernard Gainot
Au lendemain de la Guerre de Sept Ans, émerge progressivement une doctrine impériale qui reconfigure totalement les liens entre la métropole et ses colonies. Il s’ensuit une période de réformisme ministériel intense ; or, si les aspects commerciaux de cette séquence ont été bien étudiés (Jean Tarrade, Manuel Covo), ils sont trop souvent dissociés de la visée stratégique, réduite de façon simpliste à une compétition pour la puissance.
Or, juridiquement, politiquement et culturellement, cette nouvelle doctrine développe une nouvelle représentation des territoires coloniaux, mais il ne faut pas en avoir une interprétentation unilatérale, comme une ébauche encore imparfaite des impérialismes du XIXe siècle. Il faut envisager la période dans ses spécificités et ses très fortes contradictions.
Pour m’en tenir au temps imparti, je me limiterai à la colonie de Saint-Domingue, et j’exposerai les problématiques à travers les mémoires sur la défense de la colonie parvenus au Ministère de la Marine et des Colonies entre 1763 et 1787.
Atlas des premières colonisations, Marcel Dorigny
Dès la seconde moitié du 15e siècle, l’Europe (Portugal puis Espagne) se lance dans une grande politique d’expansion hors des « frontières » historiques traditionnelles de l’Europe : d’abord sur les côtes d’Afrique occidentale, y compris les îles littorales, puis au-delà de l’Océan et vers l’Orient lointain. Le partage des « Nouveaux mondes » est consacré par un traité arbitré par le pape. Provinces-Unies, Angleterre, France … se lancent à leur tour dans une grande politique d’expansion navale et de conquêtes, fondant ainsi de vastes empires coloniaux, christianisés et exploités à grande échelle, notamment par l’entremise de « compagnies à chartes », bénéficiant de monopoles. Les populations autochtones furent en grande partie exterminées et réduites en servitude. La traite négrière combla en partie le vide démographique créé par cette quasi extinction des peuples du Nouveau monde.
L’Atlas propose une synthèse graphique et cartographique de cette expansion européenne à travers le monde, première mise en place de la mondialisation : les produits, les monnaies, les religions, les idées circulent d’un continent à un autre. En conclusion de cette vaste synthèse, une question est posée : que reste-t-il de ces premiers empires coloniaux vers 1825, alors que des territoires immenses ont imposé leur indépendance : États-Unis, Amérique espagnole, Brésil, Haïti ?
Cette interrogation ouvre la voie à un autre volet de l’histoire coloniale européenne, après 1830….
Samedi 16 janvier à 14h30, la Sorbonne, salle Marc Bloch, escalier C, 3e étage, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, entrée libre.