À partir du jeudi 5 septembre se déroule, au Centre Culturel International de Cerisy, dans le département de la Manche, un important colloque placé sous le thème : Césaire 2013 : « Parole due ».
L’événement, lié au Centenaire de la naissance d’Aimé Césaire, réunira jusqu’au 11 septembre spécialistes de la littérature et des lettres modernes, chercheurs, étudiants et enseignants d’Europe comme Louise Hardwick en Grande-Bretagne, d’Afrique comme Alioune Diané au Sénégal, d’Amérique du Nord comme Anny Dominique Curtius dans l’Iowa, des Caraïbes comme Mariella Aïta au Vénézuela ou encore d’Asie comme Kunio Tsunekawa qui a introduit Césaire (entre autres auteurs des Caraîbes) au lectorat japonais. Cette manifestation s’impose pour objectif d’aborder « principalement l’œuvre par l’étude du signe avant celle du concept. Se voulant ainsi la Noria qui permet de racler les profondeurs et de les faire remonter au jour« . À ce titre, la trentaine d’intervenants échangeront à partir de trois pôles de réflexion qui portent sur l’approche et la connaissance de l’œuvre d’Aimé Césaire : « Lire Aimé Césaire : retourner au texte, au mot, à la chair de l’œuvre, à sa genèse ; Traduire Aimé Césaire: arts visuels, théâtre, peinture (Picasso, Wifredo Lam) ; Enseigner Aimé Césaire : enseignement concret, biographie, poésie, politique, histoire, essais, ouverture à l’Universel. »
Ce colloque est dirigé par Anne Douaire-Banny (Contrechamps tragiques – Contribution antillaise à la théorie du littéraire) et Romuald Fonkoua (Aimé Césaire, 1913-2008), tous deux professeurs de littératures francophones. Son calendrier prévoit des communications sur la portée de l’œuvre de Césaire à travers les continents et les générations. Une œuvre qui échappe au cloisonnement communautaire et pour laquelle chercheurs, écrivains, artistes et enseignants se retrouveront et viendront confirmer qu’elle « est aujourd’hui vivace, qu’elle habite notre temps comme un ‘vouloir obscur’ et têtu, comme une ‘vaste pensée’ qui nous est nécessaire. Elle est un mascaret, à contre-courant du flot convenu des évidences ; l’affirmation d’une tendresse et d’une éruption non seulement compatibles, mais indissociables. L’œuvre de Césaire, luciole et phénix, engage ».
Parmi les communications prévues sur la lecture, l’enseignement ou la traduction des textes de Césaire : Aimé Césaire et les liens intergénérationnels ; Lire et enseigner le Cahier d’un retour au pays natal en Grande-Bretagne: un outil d’apprentissage en ligne ; La tentation du roman dans l’essai historique: la vérité subjective du Toussaint Louverture de Césaire ; Le défi de la décolonisation: l’opacité de la poétique d’Aimé Césaire ; Le conte populaire créole dans la création césairienne : l’hypotexte lumineux ; Traduire Césaire, entre l’oral et l’écrit, d’un langage à un autre ; Spécificités de la traduction du Cahier d’un retour au pays natal vers l’espagnol ; Fanon et Glissant, deux versants du volcanique Césaire ; Aimé Césaire: une poétique de la douleur ; Césaire et les arts (peinture, photo et discours sur les arts autour des figures nègres), encore Aimé Césaire au cinéma, etc.
Le centre culturel international de Cerisy affiche sur son site le détail de cet important rendez-vous, qui accueillera pendant une semaine non seulement la réflexion que fait naître les textes, la poésie, les essais ou le théâtre d’Aimé Césaire, mais les participants considéreront aussi les prolongements de sa pensée à travers d’autres écrivains et artistes, un aspect que plusieurs d’entre eux ont abordé dans leurs publications en évoquant l’influence ou les paradoxes qu’elle a su engendrer.
Ce colloque, comme les événements marquant le centenaire, est l’occasion de braquer l’attention sur la durabilité et le dynamisme de la parole de Césaire et, pour les organisateurs, il apparaît surtout « légitime d’attendre un regard neuf ».