Le festival America, qui se déroule du 11 au 14 septembre 2014 à Vincennes, reste « le carrefour prisé de la culture nord-américaine », mais va pousser plus loin son périple en visitant d’autres « rives d’Amériques » pour inviter des auteurs haïtiens. Dany Laferrière, Yanick Lahens et bien d’autres prendront part à la septième édition du rendez-vous littéraire de la rentrée qui accueillera aussi de nombreux auteurs américains, canadiens ou français. Le festival America, « considéré comme la seule manifestation européenne entièrement consacrée aux littératures et cultures d’Amérique du Nord », réunira à Vincennes, du 11 au 14 septembre 2014, des dizaines d’auteurs rassemblés pour illustrer les littératures francophones d’Amérique du Nord. Des auteurs d’Haïti interviendront dans le cadre des débats, parmi lesquels Portraits de femmes, Des histoires d’amour ou Notre époque, une inspiration ? Des cafés littéraires, de grandes soirées, un forum des écrivains, des scènes comme celle consacrée aux Amérindiens de Guyane, des événements comme la conversation avec « l’académicien pas comme les autres » Dany Laferrière, ou encore un café des libraires comptent parmi les nombreux rendez-vous d’un programme qui met également au centre de l’attention la poésie et la littérature jeunesse à travers son Festival jeunesse et sa journée scolaire qui enregistreront la présence de l’auteur cubain Joël Franz Rosell pour La légende de Taïta Osongo (éd. Ibis Rouge Jeunesse). Les auteurs haïtiens du festival America 2014 Dominique Batraville, Louis-Philippe Dalembert, Henry Kénol, Dany Laferrière, Yanick Lahens et Anthony Phelps feront partie des 65 auteurs présents pour le festival America aux côtés de leurs homologues des États-Unis, du Canada, du Québec, de la France dont Saint-Pierre-et-Miquelon avec Eugène Nicole. Le dimanche 14 septembre, une conversation avec Dany Laferrière sera animée par Grégoire Leménager et l’auteur de L’art presque perdu de ne rien faire prendra le même jour part à l’événement débat organisé autour de L’amour de la langue française qui « unit les trente-trois millions de francophones qui vivent aujourd’hui en Amérique du Nord ». Parmi les rendez-vous où il sera question d’Haïti figure la scène du samedi 13 septembre à 19 h. Objet de la rencontre qui réunira les auteurs, échanger sur le pays qui les inspire : « Haïti, une histoire tragique née de l’esclavage, des héros comme Toussaint Louverture et Alexandre Pétion, une île meurtrie par les catastrophes naturelles, marquée par des années de dictature, un pays qui doit faire face à une misère endémique et qui offre malgré tout au monde une culture vibrante et éclatante. Être écrivain en Haïti, c’est être l’héritier d’une culture marquée par le métissage et la créolité ». Parmi les invités marquants de cette édition : Anthony Phelps, l’un des plus importants poètes haïtiens, qui est installé depuis plusieurs années au Québec. Traduit entre autres en anglais, en italien, en allemand, en japonais ou encore en ukrainien, Anthony Phelps est le lauréat 2014 du Prix international de poésie Gatien Lapointe. Au programme de son festival, plusieurs occasions de rencontrer les lecteurs, par exemple lors du café du café des poètes ou de l’atelier d’écriture du 13 septembre à la médiathèque-cœur de ville de Vincennes. Anthony Phelps, qui publie aussi dans les genres roman et théâtre, est avec Dominique Batraville l’un des auteurs multiformes invités de ce festival. « Écrivain, poète, comédien, voyageur », ce dernier publie en 2014, après plusieurs ouvrages de poésie et de récits, son premier roman : L’Ange de charbon. Paru aux éditions Zulma, dans ce premier roman « Tout commence par le tonnerre et l’engloutissement, le grand tremblement de gorge de Monsieur Richter », le livre fait « l’extravagante synthèse d’imaginaire caribéen, l’Ange de charbon traduit à merveille l’intériorité vécue d’un artiste pris dans l’œil du cyclone, qui en ressort comme ivre mort dans un quartier fantôme habité de belles de nuit ». Lui aussi multipliera les interventions et rencontres lors du festival comme Yanick Lahens, seule femme de la délégation haïtienne, dont l’actualité sera la publication de Bain de Lune, « un roman politique, mais aussi très poétique, sur l’histoire de l’île contée à travers trois générations, et donne la parole aux paysans dans ce livre magistral », d’après Hubert Artus, dans Lire (septembre 2014). Louis-Philippe Dalembert (Ballade d’un amour inachevé) et Henry Kénol (Le désespoir des anges) sont les deux autres auteurs représentants Haïti présents lors de ces quatre jours de festival. Joël Franz Rosell au festival Joël Franz Rosell figure parmi les invités du programme jeunesse auquel le festival fait une belle place avec une journée scolaire bien chargée et la présence de plusieurs auteurs, dont l’auteur et illustrateur cubain. Joël Franz Rosell est l’auteur de La légende de Taïta Osongo (éd. Ibis Rouge jeunesse, 2005), une légende pour adolescents et un roman qui selon son auteur « peut nourrir la réflexion et susciter la discussion à propos de thématiques liées à l’esclavage. Ce roman n’affiche aucune ambition pédagogique ni même d’intention prosélyte et c’est justement pour cela, je crois, qu’il peut faire naître le débat avec – et entre – les jeunes sur le racisme et la discrimination, l’exploitation sauvage des êtres humains, l’injustice ou le colonialisme, des sujets d’une actualité toujours brûlante ». Outre la journée scolaire à laquelle il participera pour faire découvrir aux élèves de primaire et de maternelle la littérature hispanique, il prendra part au débat du dimanche 14 septembre sur le thème la littérature jeunesse : « comment décide-t-on un jour d’écrire pour les plus jeunes ? Est-ce différent d’écrire pour les adultes ? Parcours d’écrivains ». Le festival America, c’est donc une série d’occasions de rencontrer les auteurs et plus précisément ceux d’Haïti protagonistes lors de plusieurs débats, rencontres et événements : Stupeurs et tremblements, Haïti, le café des poètes, La société des humains, Notre époque, une inspiration ?, Partir à tout prix, Face à la mer, Vivre pour l’art ou encore Mémoire d’ici et vies d’ailleurs. Et c’est aussi le temps d’aborder différentes histoires d’Amériques, comme celui des peuples amérindiens de Guyane avec « la rencontre en écho à l’ouvrage Les abandonnés de la République, une enquête menée sur le terrain par Yves Géry, Alexandra Mathieu et Christophe Gruner » au programme de la dernière journée de festival. Rencontre suivie du film Dirty paradise réalisé par Daniel Schweizer présent lors du débat qui précèdera, film qui évoque « l’immigration massive des chercheurs d’or clandestins en Guyane » et « le combat de Parana, Akama, Mélanie et de leurs enfants, Indiens Wayana qui endurent quotidiennement les conséquences de cette destruction ». Rendez-vous à Vincennes pour quatre jours de festival avec un salon du livre et de nombreux éditeurs présents, des joutes de traduction ou encore ses petits déjeuners littéraires dont celui avec Yanick Lahens le samedi 13 septembre 2014 à 10 h.