La maison Ibis Rouge Éditions, riche de 16 prix littéraires, d’un catalogue de 250 auteurs et d’une quinzaine d’année d’expérience, s’est illustrée dans tous les genres littéraires. Interview de son fondateur, Jean-Louis Malherbe.
Présente lors de grands rendez-vous, tel que le Salon du livre de Paris, Ibis Rouge Éditions offre une vitrine aux auteurs ultramarins et permettre à tous les publics la chance d’appréhender la création littéraire contemporaine de l’outre-mer. Malgré les difficultés inhérentes aux maisons d’éditions indépendantes et à la réalité économique de son département d’implantation, Jean-Louis Malherbe ne manque pas de projets.
e-karbe – Pouvez-vous retracer l’histoire d’Ibis Rouge Éditions et nous dire ce qui fait aujourd’hui l’authenticité de votre maison d’édition ?
Jean-Louis Malherbe – J’ai créé Ibis Rouge Éditions en 1995 en Guyane pour combler le manque cruel de structure éditoriale. Très vite, les manuscrits me sont parvenus, j’ai commencé à publier des livres, à enrichir et développer le fonds de la maison d’édition. A l’époque, on comptait encore ici une trentaine de librairies et de points de vente, il y a avait une véritable dynamique entre l’offre et la demande de lecture. Ce qui fait l’authenticité d’Ibis Rouge, je dirais que d’une part c’est son identité locale, guyanaise, artisanale, où tout est fait au sein de la maison et aucune tâche n’est sous-traitée à l’extérieur. D’autre part, son authenticité repose aussi sur sa ligne éditoriale qui mise sur la qualité des textes publiés.
EK – Comment s’opèrent les choix des manuscrits, ont-ils évolué depuis la création d’Ibis Rouge et à quelle « identité éditoriale » doivent-ils répondre ?
J-L M. – Les choix des manuscrits se fondent donc sur la qualité, sur leur potentiel commercial mais s’adaptent aussi à la ligne éditoriale de la maison qui évolue avec le temps. Depuis la création d’Ibis Rouge, j’ai créé des collections diversifiées (poésie, théâtre, roman, beaux livres, livres créoles, jeunesse, etc.) mais désormais, c’est le domaine des sciences humaines que je souhaite développer et mettre en évidence : la collection Espace outre-mer. Il s’agit d’ouvrages universitaires qui recoupent les domaines de l’histoire, de la géographie et la géopolitique, l’anthropologie, etc.
EK – Quels sont les livres qui ont marqué la vie de votre maison d’édition et combien d’auteurs composent désormais le catalogue d’Ibis Rouge Éditions ?
J-L M. – Le catalogue compte aujourd’hui environ 250 auteurs. Quant aux livres, chacun a marqué la vie d’Ibis Rouge à sa façon, ajoutant à chaque fois une pierre à l’édifice.
EK – Nombre de maisons d’édition sont confrontées à des difficultés, quelles sont celles que vous rencontrez au quotidien ? A ce propos, est-ce que votre situation géographique ou vos objectifs en tant qu’éditeur s’intéressant surtout aux « sociétés créoles » ajoutent aux difficultés que vous rencontrez ?
J-L M. – Ibis Rouge se heurte à la fermeture consécutive des points de vente en Guyane qui sévit depuis quelques années mais aussi, malheureusement, au manque d’intérêt généralisé de la population et des médias pour le livre. Les conséquences sont évidemment financières. Il ne reste que cinq librairies pour plus de 230 000 habitants… Cela dit, le fait d’être une maison d’édition d’outre-mer, spécialisée dans l’espace social, culturel et historique créole n’est pas un obstacle en soi. C’est justement cela qui fait la spécificité d’Ibis Rouge, qui fait d’elle une référence dans ce domaine, au niveau national et international.
EK – Pouvez-vous nous dire ce qui fera votre actualité dans les prochaines semaines et notamment nous en dire plus sur ce que vous réservez au public pour le prochain salon du livre ?
J-L M. – Ibis Rouge participera donc au Salon du Livre de Paris et présentera ses dernières publications en présence de nombreux auteurs.
La nouveauté de cette année 2011 c’est que dorénavant Ibis Rouge proposera à ses lecteurs une version papier et une version numérique de chacune de ses nouvelles publications. Pour l’avenir, Ibis Rouge Éditions affiche la volonté de développer les publications en sciences humaines et d’offrir aux universitaires du plateau des Guyanes et de la Caraïbe une véritable structure éditoriale de qualité en Guyane.