Le prix Carbet de la Caraïbe a été attribué le 12 décembre à Fort-de-France à Alain Plénel, ancien haut fonctionnaire de l’Education nationale en Martinique dans les années 50, reconnu pour ses idées humanistes et anticolonialistes. Vice-recteur de la Martinique de 1955 à 1960, il avait été révoqué de son administration après ses prises de position publiques lors des émeutes de la Martinique de décembre 1959.
En son absence, c’est son fils, le journaliste Edwy Plénel, qui a reçu le prix lors d’une cérémonie à l’hôtel de la Région Martinique. « Je pense que le jury du prix Carbet a voulu symboliquement, à travers Alain Plénel, honorer un moment historique et une attitude individuelle, a-t-il déclaré. Le moment historique, ce sont les trois glorieuses de décembre 1959, ces trois jours de surgissement de l’émeute et qui marquent l’ébranlement de l’idéologie de l’assimilation. Cette idée qu’il fallait tous se ressembler pour devenir de bons citoyens français. L’attitude individuelle, c’est celle d’un homme qui a pris un risque de dire non, non à la répression, non à la violence coloniale et dire non à tout ce qui trahissait des idéaux de liberté et d’égalité qu’il était censé représenter dans ce pays« .
Pour l’édition de ce prix qui récompense et promeut chaque année, depuis 20 ans, une œuvre littéraire, de réflexion ou de fiction, le jury présidé par l’écrivain martiniquais Edouard Glissant a créé la surprise en honorant un homme d’engagement qui n’est ni écrivain, ni romancier, ni essayiste. « Désormais, nous allons décerner ce prix non pas à un livre ou à une œuvre mais à l’ensemble de l’œuvre d’un homme ou d’une femme. Une œuvre qui peut être une œuvre de l’esprit« , a déclaré M. Glissant lors de la remise du prix (avec AFP).