Pour exprimer son indignation devant l’impunité dont continue de jouir l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, le grand écrivain haïtien Anthony Phelps vient de refuser d’être honoré par le président d’Haïti Michel Martelly. « Je ne saurais accepter un hommage en temps qu’auteur de Mon pays que voici tant et aussi longtemps que Jean-Claude Duvalier ne sera pas traduit en justice » a écrit Anthony Phelps au président Martelly le 15 juin dernier.
Âgé de 83 ans et vivant en exil au Québec depuis plus de 45 ans, après avoir connu les geôles du dictateur, Anthony Phelps associe une œuvre magistrale à une droiture d’esprit qui fuit résolument toutes les compromissions. Les éditions Bruno Doucey viennent de publier son anthologie personnelle, Nomade je fus de très vieille mémoire, invitation à découvrir 50 ans d’une œuvre poétique colossale, sommes solidaires de cette courageuse démarche. Pour Bruno Doucey, « tous les Haïtiens connaissent son livre culte Mon pays que voici, hymne à son île natale, publié en pleine dictature, et son refus de cette décoration est une véritable onde de choc. Son geste est l’honneur de la littérature haïtienne.«