Les Aventures haïtiennes de Jean-Philippe Aude sont parues aux éditions aux éditions du Panthéon. Il s’agit d’un récit épistolaire né de ses échanges avec ses correspondants lors de son passage à Haïti en tant qu’enseignant.
Dans un genre et un style abrupts, Jean-Philippe Aude relate son séjour long d’une année en moins de 70 pages. Les Aventures haïtiennes de l’auteur combinent ironie, expression contemporaine et vocabulaire urbain : rien de plus normal au vu du genre littéraire choisi. Il ajoute quelques grains de « kreyol » afin de faire couleur exil temporaire choisi, mais aussi des descriptifs qui n’évitent pas l’exagération des traits pour dresser le tableau de la situation en Haïti. Il dépeint entre autres la situation dans son environnement direct, Corail ( l’une des douze communes du département de Grand’Anse), où il a posé ses valises « d’instit en quatrième fondamentale » en provenance de Belgique.
Le récit de Jean-Philippe Aude, diplômé en philosophie arrivé en Haïti dans le cadre d’un projet de développement local, laisse entrevoir sa volonté de garder un regard sardonique face aux « aventures » vécues sur place et sa disposition à ne surtout pas éviter la caricature. Son outrancière description de la famille haïtienne en est un exemple. À la lecture de cet essai, on oscille entre curiosité et agacement, selon les présentations qui sont faites de sa réalité, selon ce que l’on est disposé à admettre ou pas la pertinence de cet exposé de la réalité. Finalement, on se résoud à croire que l’auteur ne peut voir que ce que lui permet son œil d’habitant provisoire de Corail. Entre sarcasmes et réalisme dénonciateur, il dépeint à ses correspondants sa vision d’Haïti, sans se défaire d’un propos volontairement arbitraire mais approximatif qui peut justifier l’intitulé « Essai épistolaire de pseudo-ethnographie parcellaire et partiale ».
Tout commence par un état des lieux et un inventaire qui permet de bien situer l’enseignant dans cet environnement tout nouveau pour lui. La commune de près de 18 000 habitants où il vivra, les infrastructures manquantes, le quotidien des habitants, la langue qu’il pense à terme réussir à parler, son « taf intéressant », la place de la religion, la présence des « forces d’occupation », etc. sont évoqués sur un ton qui fait bien entendre comment se dérouleront les « Aventures haïtiennes » de l’auteur. Des aventures rythmées par les occasions de « boire un coup », les rencontres plutôt prévisibles dans la sphère où évolue l’auteur, celles moins attendues mais peu essentielles, les hurlements, les activités cultu(r)elles ou touristiques presque obligées, quelques découvertes gastronomiques, tout ça retracé sur le ton de la dérision au travers duquel on a parfois un peu de mal à apprécier le témoignage.
Aventures haïtiennes de Jean-Philippe Aude
« Les hurlements de toutes sortes font maintenant partie du paysage sonore, l’aveuglant soleil n’est plus qu’une fatalité, l’annonce de soi-disant tragédies n’a plus réellement d’impact sur mon esprit anesthésié, et l’exotisme de la nature commence à me blaser. »
Haïti, terre méconnue, ambivalente. Passée de destination touristique antillaise la plus courue du milieu du XXème siècle à ce qu’il semble être l’enfer sur terre. Loin de la vision manichéenne, de la description figée d’une carte postale ou des limbes, Jean-Philippe Aude raconte dans son carnet épistolaire la première république noire avec ironie et bienveillance.
Débarqué sur l’île caribéenne en tant qu’enseignant, l’auteur découvre le département de la Grand’Anse dans le Sud-Ouest. Il empreinte le genre du récit de voyage pour informer son entourage de ses découvertes, réflexions et observations. Haïti a connu de nombreux bouleversements politiques, économiques et naturels, mais ne comptez pas sur l’auteur pour gommer sa subjectivité et son franc-parler.
Aventures haïtiennes: Essai épistolaire de pseudo-ethnographie parcellaire et partiale – Jean-Philippe Aude
Essai épistolaire de pseudo-ethnographie parcellaire et partiale
Éditions du Panthéon, 10,80 euros