Les thèmes de l’empire colonial français et des premières colonisations, qui ont fait l’objet de publications, ont donné lieu à une présentation par leur auteur respectif, dans le courant du mois de janvier à Paris.
Marcel Dorigny et Bernard Gainot, deux membres de l’Association pour l’étude de la colonisation européenne (Apece), ont publié des ouvrages, avant tout des outils pédagogiques, concernant les périodes qui entre autres concernent la traite négrière, mais aussi celles qui voient s’installer puis se développer les procédés qui vont conduire à l’installation durable de l’empire colonial et du système esclavagiste.
La présentation des deux ouvrages : L’empire colonial français – De Richelieu à Napoléon (Bernard Gainot) et l’Atlas des premières colonisations (Marcel Dorigny) aura permis à leurs auteurs de partager le fruit de recherches qui au final impliquent pour les personnes intéressées la mise à disposition d’un certain nombre de documents cartographiés, visant à apporter un éclairage circonstancié sur des cycles telles que ceux qui voient l’instauration des compagnies de commerce, des domaines coloniaux, puis de l’habitation sur les îles à sucre, le tout avec la mise en place du système esclavagiste dans les colonies.
L’ouvrage de Bernard Gainot, un outil pédagogique
Une part de l’histoire de l’empire colonial français se traduit, comme le démontre Bernard Gainot, par une évolution quant à la conception du système colonial lui-même. D’abord basé sur un processus classique qui repose sur une conception domaniale où « le maître » est au centre du système, il se transforme pour laisser place à des territoires qui deviennent partie intégrante d’un ensemble plus global qui instaure pour finir une conception impériale des colonies. Le travail et les recherches de Bernard Gainot visent à montrer comment le contexte, les faits et le raisonnement militaires, la militarisation du paysage autour de la défense des colonies (construction des fortifications et forteresses à Saint Domingue) qui en découlent vont faire naître une conception différente des colonies dans plusieurs îles de la Caraïbe. Et ce avec une transformation urbaine des territoires qui entraîne la mise en place de nouvelles forces ou institutions par l’empire. Parmi les conséquences, un exemple : « les territoires se développent au-delà de la partie utile, les esclaves tiennent des rôles différents dans un système qui cherchent à évoluer économiquement ».
Ses recherches, établies entre autres sur les archives militaires et les cartes de l’époque, ramènent à l’histoire des sites militaires notamment sur l’île de Saint-Domingue et permettent d’expliquer comment est apparu ce qui deviendra l’empire colonial. Bernard Gainot met en évidence dans le détail pourquoi sont instaurés les pouvoirs locaux, comment les aspirations et doctrines économiques ont prévalu à cette époque dans les sociétés coloniales. Il fait l’état des lieux de différents aspects de l’empire colonial tout en analysant de façon didactique les doctrines et stratégies qui lui ont permis de perdurer
L’Atlas des premières colonisations
L’Atlas des premières colonisations de Marcel Dorigny recueille quant à lui plus d’une centaine de cartes, répertoriant et explicitant des faits sur l’expansion européenne depuis le Traité de Tordesillas de 1494 (Pape, Espagne et Portugal) sur le partage des terres à découvrir. Marcel Dorigny part de la réalité des puissances coloniales de l’époque pour fournir des données sur les colonies valables jusqu’au 18e siècle. Les rapports entre les puissances coloniales et les sociétés amérindiennes, les impacts démographiques des différentes conquêtes dans les grandes Antilles (Cuba, Jamaïque, Saint-Domingue) et l’extermination des populations en seulement un demi-siècle (chocs bactériologiques, progression des épidémies) font partie des sujets abordés. L’atlas prend en considération des données qui dessinent avec bien des précisions le profil de la colonisation européenne telle qu’elle se définit à partir du postulat définit par les européens.
Dans cet atlas, on repère encore des dates symboliques : l’arrivée des premiers bateaux d’esclaves dans le cadre de la traite négrière, 1506 et la première révolte connue d’esclaves, 1863 et le dernier navire connu transportant des esclaves, etc. Autres données compilées : la mise en rapport de données chiffrées entre période de guerres et courbes des chiffres de la transportation des esclaves, les nouvelles orientations à la veille du 18e siècle et l’évolution des colonies notamment en termes de territoires, etc. Ce sont autant de données sur lesquelles il est possible de se pencher pour analyser avec détails la réalité coloniale européenne à partir du 15e siècle.
Deux ouvrages didactiques à l’usage, notamment, des étudiants, mais qui peuvent intéresser les lecteurs curieux de découvrir des aspects spécifiques de l’histoire de l’empire colonial ou de détenir des données documentées sur la colonisation européenne.
L’Empire colonial français – De Richelieu à Napoléon (éd. Armand Colin, 2015)
Bernard Gainot
Atlas des premières colonisations / XVe – début XIXe siècle : des conquistadors aux libérateurs (éd. Autrement, 2013)
Marcel Dorigny
Cartographie Fabrice Le Goff