Quelques jours après le Salon du livre de Paris, Ibis Rouge Éditions lance ses dernières publications qui font la part belle à l’histoire, notamment celle de la Guyane. L’actualité de l’éditeur, c’est aussi un livre de photographies de Karl Joseph, sorti sous le titre très suggestif Les Guyanais.
Les Guyanais, plus qu’un livre, un projet photographique sur l’identité guyanaise
Les Guyanais, de Karl Joseph, font aussi l’objet d’une exposition à découvrir jusqu’au 23 avril à la salle d’exposition de l’EnCRe (ensemble culturel régional) à Cayenne. L’auteur a voulu « documenter la Guyane d’aujourd’hui » et « retrouver un lien avec mo ti-peyi que j’ai quitté, dans une sorte d’exil volontaire il y a 18 ans ». Le grand public peut aujourd’hui bénéficier ce travail de recherche qui a conduit Karl Joseph, une fois de retour sur ses terres, à choisir la photo afin de saisir « les réalités de ce territoire marqué par l’oralité ». La photographie, un mode d’expression artistique définitivement adopté par Karl Joseph dans sa démarche de prospection esthétique, qui lui permet de mettre à la disposition des regards et des connaissances les caractéristiques « des sociétés façonnées par l’esclavage et la colonisation… Chaque voyage au sein de ces différentes cultures a des contours incertains, en mouvement, lui réservant la surprise de l’humain, qui reste finalement au centre de ses préoccupations ».
Les Guyanais, un livre de témoignage photographique, à classer dans la série des belles œuvres de votre bibliothèque.
La police des Noirs en Amérique et en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, d’Hurard Bellance
XVIIe et XVIIIe siècles, la France est une puissance colonisatrice qui prospère en outre-mer. Face la domination blanche, les esclaves se livrent au marronnage de toutes parts, entreprennent la destruction des intérêts de leurs maîtres, attentent même à leur propre vie, compromettant ainsi l’objectif qui fut à la base de l’occupation des territoires.
Pour enrayer les nombreuses révoltes noires et contenir ses insoumis, le pouvoir français se voit dans l’obligation d’adapter et de réorganiser totalement ses institutions judiciaires et son système policier.
Cette étude minutieuse, pleine de finesse et fort bien documentée, aborde une tranche de l’histoire de l’esclavage sous un angle nouveau, celui du rapport complexe régissant la justice, le pouvoir des hommes blancs et les Noirs, asservis ou libres.
Interroger les morts – La dynamique politique des Noirs marrons ndjuka du Surinam et de la Guyane, de Jean-Yves Parris
Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent aux Noirs marrons du Surinam et de la Guyane. Fondé sur une enquête de terrain longue et minutieuse, il traite particulièrement de l’histoire et de l’organisation sociale et politique des Marrons ndjuka à partir de l’analyse d’une controverse interne concernant la conduite et le devenir d’une pratique religieuse caractéristique : l’interrogatoire du cadavre.
Abordé dans sa dimension principalement politique, ce débat, tel un phénomène social total, constitue le fil conducteur de ce livre et permet d’accéder à une compréhension d’ensemble de ces Marrons, notamment dans leurs rapports aux groupes sociaux du littoral, au sujet du devenir de la tradition ou encore de la mémoire de l’esclavage et du marronnage.
Il s’agit d’un ouvrage extensible aux autres sociétés de Noirs marrons et, au-delà, à l’ensemble des Amériques noires dont ces sociétés constituent une part emblématique, puisque quelque peu négligée par la recherche française.
Les jésuites en Guyane française sous l’Ancien Régime (1498-1768), de Régis Verwimp
Entre guerre et dominations religieuses, faiblesses humaines et militaires, l’implantation du catholicisme est improbable aux premiers temps de la colonisation en Guyane.
Quand l’identité du royaume de France – et donc du catholicisme – est considérée comme acquise, les jésuites doivent s’atteler non pas à une mission en Guyane, mais à un triple apostolat : d’abord auprès des colons venus de France et d’Europe dont il est difficile de conserver une conduite chrétienne, auprès des Amérindiens si déroutants par leurs croyances et leur mode de pensée au point de déstabiliser, parfois, les méthodes jésuites, et enfin auprès des esclaves qui soulèvent peu d’enthousiasme évangélique.
Les Compagnons de Jésus mènent une colonisation temporelle par les habitations qu’ils possèdent, par le collège dans lequel ils enseignent, par le palais dans lequel ils brillent ; mais le centre de leur mission apostolique est avant tout une colonisation spirituelle.
Tous ces ouvrages sont disponibles sur le site de l’éditeur, Ibis Rouge Éditions.