Manga antillais : deux nouveaux tomes à venir chez Caraïbéditions

Le premier manga antillais est né en Guadeloupe chez Caraïbéditions. Les îles du Vent est un récit authentique sur la « chasse aux Haïtiens » en Guadeloupe et dépeint l’évolution de Dionine à travers cette réalité sociale et les conséquences sur la quête identitaire de l’héroïne au fil de ses rencontres et investigations.

Hector Poullet © SL
Hector Poullet © SL

Hector Poullet, le scénariste, et Élodie Koeger, la dessinatrice, vont ensemble donner vie à un manga empli de thématiques en lien avec la réalité sociologique et politique de la Guadeloupe, laissant au terme de la lecture l’impression de parcourir un manga-chronique qui livre une part de l’histoire de la Caraïbe.

L’histoire (Source – www.caraibeditions.fr)
La Guadeloupe en 2009.
Toutes les polices de l’île se livrent à la chasse aux Haïtiens qui fuient leur pays ravagé par la misère et l’insécurité. A vrai dire, les autorités ne font que se conformer à un sentiment de xénophobie généré au sein des populations.
Dionine, une jeune antillaise de père guadeloupéen et de mère martiniquaise, en pleine crise d’identité, se trouve sans le vouloir au cœur de ce dilemme social. Or, au moment où Dionine rentre d’un voyage linguistique à la Barbade, le chien de la famille débusque dans un bosquet du jardin un jeune Haïtien, Adama, qui s’était réfugié là…
Faut-il livrer Adama à la police ou lui porter secours ?

Deux nouveaux tomes à venir

© caraibeditions

L’idée de ce manga, d’un genre nouveau, croît toit d’abord dans l’imagination de Florent Charbonnier, l’éditeur, puis séduit Hector Poullet intéressé par cette novation : « ce que j’aime, c’est la démarche innovante, d’ailleurs je fais les deux tomes suivants et ensuite j’arrête pour laisser le place aux jeunes. Il faut juste ouvrir la voie… » En octobre 2009 paraît donc Les îles du Vent qui sera le premier des trois tomes scénarisés par celui qui se définit comme un lexicographe : il est en effet un des auteurs du premier dictionnaire créole-français, un travail qui l’a consacré légitimement comme une figure de la culture guadeloupéenne pour son implication dans le défense et la diffusion de la langue créole. Il jouait là un rôle de pionnier qui se retrouvait ensuite dans la traduction de l’album d’Astérix Le grand fossé (devenu Gran kannal la), l’occasion de « faire un pied de nez à l’histoire », l’occasion de railler les excès de l’histoire antillaise ou guyanaise et ses références « aux ancêtres gaulois ».

Plutôt que de se référer constamment au passé, Hector Poullet considère que « c’est la Guadeloupe d’aujourd’hui qui est intéressante : sur dix Haïtiens qui arrivent en Guadeloupe, huit sont renvoyés, les deux qui restent seront Guadeloupéens. » Les sujets traités dans Les îles du Vent affrontent cette réalité que le scénario organise autour du personnage de Dionine, en faisant apprécier au lecteur (au fil de la quête identitaire du personnage) l’idée que la Caraïbe existe concrètement. Plus encore, Hector Poullet qui, quand on échange avec lui, donne une impression d’optimisme sain et dynamique, voit dans ce travail réalisé avec Élodie Koeger l’expression concrète de confluences culturelles, par exemple quand Dionine rencontre Yann (jeune douanier blanc d’origine bretonne), c’est pour lui le rapprochement entre « Lewoz et Fest-Noz, une rencontre qui va créer l’étincelle ».

Le réalisme social qui conduit le scénario est renforcé par le pragmatisme de la démarche mise en place par tous les protagoniste du projet avec par exemple l’installation en Guadeloupe d’Élodie Koeger durant plusieurs mois, qui pour s’imprégner de l’authenticité de l’environnement local a sillonné le pays avec Hector Poullet. « Elle est venu en Guadeloupe pendant six mois et je lui ai fait découvrir les lieux, visiter par exemple les sites où les haïtiens sont jetés à l’eau quand les passeurs ne peuvent pas accoster », explique -t-il. Cette démarche sera de mise pour les prochains tomes : le second volet se déroulera entra la Martinique et la Guadeloupe avec, en plus de la question haïtienne, celui du trafic de drogue, de la prostitution et celle du regard mal fondé qui est porté sur la communauté rasta. Quand au 3e tome qui devrait se dérouler en Guyane (Hector Poullet compte découvrir la vie sur le fleuve en Guyane au mois de juin), il pourrait avoir pour toile de fond le milieu des chercheurs d’or et des garimpeiros.

Les Îles du vent, chez Caraïbéditions,
Elodie Koeger, dessinatrice,
Hector Poullet, scénariste.

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