Rhapsodie jazz pour Damas est le premier roman de Catherine Le Pelletier, docteur en littérature et journaliste. Elle nous fait pénétrer dans l’humanité et l’engagement qui font le monde du poète du mouvement de la Négritude.
2012 a vu se multiplier les manifestations autour du centenaire de la naissance de Léon-Gontran Damas. Parmi les événements, le livre de l’écrivaine guyanaise rend hommage à l’auteur des Veillées noires, Contes Nègres de Guyane.
Dans Rhapsodie jazz pour Damas, le lecteur se laisse entraîner par Mamoune qui, lors d’une veillée improvisée, assisse sur « sa berceuse fétiche », raconte son oncle Léon, qui en fait « s’appelait Léon Damas », un oncle qui parlait aux enfants et que le lecteur ne demande dès lors qu’à connaître mieux. Depuis la Guadeloupe, où le décor est planté et d’où s’évadent les souvenirs parfois tendres, quelquefois impérieux, d’autres fois très éloquents et qui tous témoignent de la personnalité résolument audacieuse de l’auteur de Black-Label, de Graffiti et de Retour de Guyane.
C’est, et de façon très originale, à travers un roman que Catherine Le Pelletier a décidé de nous introduire dans la vie du poète guyanais. » J’ai été contactée par l’éditeur qui m’a proposé d’écrire un ouvrage sur Damas. Le roman historique s’est imposé de lui-même. Parce que, d’abord, la vie même de Damas est extrêmement riche. C’est une vie liée à sa poésie. C’est une vie liée non seulement à sa poésie mais à ses écrits de manière générale, aux contes, à la Guyane, à la France, aux Etats-Unis où il a vécu. C’est une vie qui peut parfaitement entrer dans la littérature d’aujourd’hui. Damas est resté extrêmement actuel », nous expliquait-elle lors de son passage au salon du livre de Paris en mars 2012.
Présenté au départ comme une biographie fictionnelle, Rhapsodie jazz pour Damas est un roman qui éclaire des moments forts de la vie de Léon-Gontran Damas. Aux confluents de plusieurs genres entre l’histoire et la biographie, on retrouve les épisodes comme celui qui a rapproché Damas de Robert Desnos et s’est traduit concrètement par la préface de ce dernier dans le recueil Pigments. On adhère au récit de Mamoune, tout en ayant l’opportunité de se voir proposer une incursion emballante dans la vie de Damas. La démarche qui a conduit à la réalisation de ce livre qui solennise cette année de centenaire est celle qui préside à l’écriture d’un roman historique. On le comprend avec l’explication de Catherine Le Pelletier qui, pour un premier roman, a travaillé « en faisant beaucoup de recherches. C’est d’abord un travail historique avec une documentation précise, c’est-à-dire que tous les faits, toutes les dates, toutes les rencontres qui sont dans l’ouvrage sont réels. Maintenant, il y a des personnages qui sont créés pour le roman. Mais toutes les relations sont réelles ».
Un travail qui, au-delà du propos narratif et des faits tangibles, permet également d’ajouter aux échange de vues permanents sur la place de Léon-Gontran Damas dans le mouvement de la Négritude, aux côtés de Césaire et Senghor. Quand on sollicite la
journaliste sur ce sujet afin de savoir si ses recherches lui avaient permis de comprendre pourquoi Damas est celui des trois chantres de la négritude qui est le moins connu, elle propose une analyse qui clarifie également des passages du roman. Selon elle, « plusieurs raisons expliquent cette situation. La première, c’est qu’il a occupé le champ politique beaucoup moins longtemps que Senghor qui est quand même resté président de la République du Sénégal pendant 20 ans, que Césaire qui est tout de même resté à la tête de la mairie de Fort-de-France, de façon effective ou honoraire, pendant 57 ans. Damas, lui, est devenu député de la Guyane en 1948, à la suite de la mort de René Jadfard dont il était suppléant, mais n’a fait qu’un demi-mandat. Trois ans de carrière politique, peut-être que ça peut jouer un rôle particulier dans la non connaissance de Damas par rapport à Senghor et Césaire. »
Le chemin emprunté par Mamoune pour traverser l’existence de Damas, le poète, l’homme politique et engagé, l’humaniste, suit le rythme d’une vie qui a également été marquée par le jazz, d’où le titre. Comme un morceau de jazz, l’ouvrage compile plusieurs éléments : part de faits réels, évoque leurs impacts sur la vie du poète, parle de convictions et de leur dimension intemporelle. Ce qui faisait la vie de Damas et son écriture jazz.
Avec ce livre, on entre dans le monde de Léon-Gontran Damas, non seulement pour en savoir plus sur les rencontres et les circonstances qui l’ont rendu écrivain et poète, mais aussi pour se voir dévoiler ce qu’il a pu laisser comme impressions et influx dans la vie de Mamoune et, au-delà, dans notre propre vie.
Rhapsodie Jazz pour Damas, chez Idem éditions
Mamoune est la conteuse qui invite le lecteur dans l’univers de Léon-Gontran Damas, co-fondateur du mouvement de la Négritude, qu’elle a bien connu. Le poète y est présenté à Paris, avec Robert Desnos et Guy Lévis Mano ; on le retrouve à Cayenne, au moment d’une lutte politique aux côtés de ses amis René Jadfard, Auguste et Joséphine Horth. Dans ce roman se succèdent anecdotes et faits marquants, dans une réalité historique du milieu du XXe siècle, entre Cayenne, Paris, Rio et Washington. La cadence entraînante de Rhapsodie Jazz pour Damas offre le plaisir d’une remontée dans le temps où les personnages les plus attachants se dévoilent avec bonheur.
*Catherine Le Pelletier est Guyanaise. Docteur en littérature comparée, elle enseigne la littérature à l’Université des Antilles et de la Guyane. Rhapsodie Jazz pour Damas est son premier roman.
Rhapsodie Jazz pour Damas
Catherine Le Pelletier, chez Idem éditions
Prix de vente : 11,80 euros