Difficile de passer à côté de l’événement : le 19e festival Rio Loco de Toulouse qui dès aujourd’hui met le cap sur les Caraïbes avec une édition qui réunira les plus éminents représentants de la scène musicale caribéenne.
Du 12 au 16 juin 2013, Calypso Rose, Jimmy Cliff, Eddie Palmieri, Kassav’ ou encore Tabou Combo imposeront leurs rythmes à la ville rose qui adoptera les multiples tempos qui s’imposent : reggae, calypso, zouk, kompa… Ainsi, après « les terra incognita de la Lusophonie » de l’année dernière, cette année sera celle des îles Caraïbes qui rassemblent toute la diversité de la musique, avec ses sonorités traditionnelles et les rythmes plus contemporains qui font la notoriété de bien des artistes et inspirent de nouvelles générations de musiciens qui les font évoluer.
Une multiplicité de genres musicaux que les organisateurs ont voulu bien présenter dans cette édition, comme l’explique le directeur du festival : « trouver un équilibre entre chacune de ces îles aux usages, religions, lois, langues, caractères et musiques différents, fut une mission de rêve. Tant les musiques et instruments qui y ont vu le jour sont indissociables de l’histoire même des ‘musiques du monde’. Du légendaire gwoka guadeloupéen au récent steel drum trinidadien, fil rouge de cette édition, ambianceurs caribéens par excellence, la sélection Antillas ressemble à une mosaïque culturelle, un grand mix entre le passé et le présent ».
Place aux Dòkò
Plusieurs figures ou formations de la scène musicale internationale seront de la partie dès le premier jour, avec par exemple le groupe Tabou Combo, des ambassadeurs reconnus et avérés de la musique haïtienne et plus précisément du kompa. Ils précéderont sur scène Jimmy Cliff, 65 ans et toujours emblème de la musique jamaïcaine. Deux musiques symboles des Caraïbes comme l’est également la musique de Trinidad et Tobago représentée par l’immarcescible Calypso Rose qui règne sur la planète calypso et la soca depuis les années 60 et qui, 20 albums et 58 ans de carrière plus tard, débarque pour la première fois à Toulouse avec son charisme et son énergie. Autre style, autre maestro présent à Toulouse : Eddie Palmieri, émissaire du latin jazz et donc représentant de l’unité portoricaine de la musique caribéenne et qui affiche lui aussi plus de 50 ans à son compteur musical. Le pianiste, reconnu comme l’un des meilleurs musiciens de latin jazz, occupe également une place privilégiée dans l’univers rumba et salsa.
Et pour parachever le tableau des événements, le groupe Kassav’ sera sur la scène le vendredi 14 juin à partir de 22 heures. Entre Bachata, salsa et rumba, ils feront entendre la voix du zouk en parfaits représentants de la Martinique et de la Guadeloupe. L’invitation est lancée pour vivre un « concert événement qui convoquera aussi bien le gwoka (…), le rock, le funk, le calypso que la biguine dans un grand ‘zouk’ détonant ».
De la musique, mais pas que…
La Caraïbe, où les expressions musicales se côtoient et s’influencent, se fait régulièrement entendre sur la place internationale dans toute sa variation, chaque pays composant avec plusieurs rythmes et enfantant des artistes qui prennent à leur compte à la fois les rythmes traditionnels et ceux qui fondent leur espace actuel. Akiyo est justement l’une des formations qui a réussi au fil des ans à agiter la scène musicale tout en entretenant l’identité guadeloupéenne avec le gwoka traditionnel. Le travail initié voilà plus de 30 ans a pu exalter l’enthousiasme autour de cet emblème de la culture guadeloupéenne. C’est par exemple le cas de Sonny Troupé qui « revisite du répertoire gwoka traditionnel » et qui surtout inscrit plus largement son nom au répertoire des représentants musique caribéenne en investissant notamment le monde du jazz.
Mala in Cuba et son dubstep à la sauce cubaine est lui aussi l’un de ceux qui réussissent à faire le lien entre passé et présent, en opérant la fusion entre rythmes consacrés et musique électronique. Tego Calderón et son reggaeton venu de Porto Rico, Fimber Bravo et son électro-calypso, The Bachata Legends, Ti-Coca & Wanga-Nègès ou encore Jacques Schwarz-Bart et son jazz racines Haïti confirmeront tous sur scène les liens et les contrastes qui caractérisent les mondes musicaux qui font la Caraïbes. Le festival Rio Loco offre une vitrine à cette diversité dans sa programmation.
Jusqu’au 16 juin, Toulouse accueillera également bien d’autres spectacles et d’autres artistes parmi lesquels le comédien guadeloupéen Patrick Cheval alias Conteur Soleil, la chanteuse haïtienne Moonlight Benjamin qui entraînera le public à travers un voyage Au-delà des mers, l’artiste de rue cubain Juan Trukyman. Plusieurs autres escales sont prévues durant ces quatre journées, notamment en images puisque durant cette semaine le festival « Rio Loco fait son cinéma » proposera par exemple Moloch Tropical de Raoul Peck, Nord plage de José Hayot, La corne d’abondance de Juan Carlos Tabio ou encore Royal Bonbon de Charles Najman.
En résumé, le festival offre quelques occasions d’emprunter un raccourci pour s’arrêter sur ce qui fait l’imaginaire et l’histoire des différents territoires des Caraïbes en termes culturels et artistiques principalement, une occasion à saisir en profitant également des rencontres, expositions et ateliers qui jalonnent la programmation.