Les mardi 14 et mercredi 15 février prochain, à 20 h 35, France 2 diffusera un téléfilm en deux volets consacré à l’histoire de Toussaint Louverture, chef de la révolte des esclaves de Saint-Domingue et père de l’abolition de l’esclavage en France. Pour cette épopée, le réalisateur Philippe Niang s’est entouré de Jimmy Jean-Louis, d’Aïssa Maïga, d’Arthur Jugnot ou encore de Sonia Rolland.
À la veille de la Révolution de 1789, Toussaint Louverture prépare Saint-Domingue à se libérer de ses chaînes, imposées par la colonisation française. Fort de caractère, pétri de convictions démocratiques et empreint alors des valeurs et bienfaits tout neufs de la République naissante, il s’allie à la France après avoir combattu aux côtés des Espagnols, des Anglais et avoir refusé l’Alliance avec les États d’Amérique. Après la trahison du Consul Bonaparte, devenu alors Napoléon en 1804, Saint-Domingue prend le nom de Haïti, car Toussaint, au prix de sa vie, aura préparé son pays à devenir le premier État Nègre Indépendant d’où l’esclavage est enfin banni. De sa prison du Fort de Joux où Napoléon le fit enfermer, il analyse ses comportements devant chaque situation.
Héros national en Haïti, Toussaint Louverture est l’initiateur de la première République libre formée d’un peuple majoritairement noir qui verra le jour en 1804, un an après sa mort. La trajectoire de ce personnage historique et son influence restent pourtant largement méconnue en France. Une anomalie contre laquelle la productrice France Zobda a lutté pendant des années afin de faire aboutir son projet, qu’elle voulait « instructif et populaire« .
Les deux parties du téléfilm, baptisées L’Envol de l’aigle et Le Combat des aigles, retracent l’histoire de ce révolutionnaire des temps modernes à coups de flashbacks. Les producteurs et le réalisateur ont souhaité proposer un angle qui permette de parler de l’homme plus que de ses batailles et de sa vie épique. En ce sens, leur objectif est largement atteint et le public de France 2, que nous souhaitons nombreux, pourra découvrir un spectacle pas si fréquent sur les chaînes françaises. Philippe Niang explique que « ce film est aussi et surtout dédié à ces jeunes qui, aujourd’hui, manquent de repères. Qu’ils sachent que deux siècles auparavant, un esclave noir, un chef de bande devenu général, puis gouverneur, a « filé la raclée » à l’armée napoléonienne. Qu’ils sachent qu’il y a peut être parmi eux, un futur Toussaint Louverture, car si les chaînes de l’esclavage ont été brisées, il en reste d’autres à briser : celles qui entravent aujourd’hui certains esprits qui refusent de voir en la diversité une chance pour la France. »
Ces bonnes intentions se heurtent cependant à un sensible manque de moyens qui a poussé l’équipe du film à faire l’impasse sur de nombreuses étapes de la vie du héros, autant d’éléments qui empêchent le téléspectateur de comprendre certaines de ses décisions. Un de ses compagnons se demande à un moment si Toussaint se bat « pour un roi, pour la liberté ou pour l’abolition de l’esclavage« . Cette question, il est possible que vous vous la posiez également mais il est indéniable que le format contraint ne permettait pas de creuser toutes les facettes de cet homme unique, fort et digne, aux motivations forcément complexes. Le téléfilm, qui se regarde avec un réel intérêt, devrait ainsi inciter le grand public à se pencher plus avant sur l’histoire d’Haïti et à s’interroger sur la responsabilité de la France dans les malheurs que connaît ce pays depuis plus de deux siècles…