Dans la collection « I love democracy » proposée par Daniel Leconte, Arte programme ce mardi « Cuba sans Castro », « un portrait sans concession d’un régime en déliquescence », un film de Léa Viktoria et Frédéric Vassort. Un documentaire qui s’arrête sur différents aspects de la réalité économique et sociale ce pays de la Caraïbe et veut s’attacher « à dégager les enjeux politiques (…) et à accompagner l’émergence des nouvelles démocraties en revisitant les anciennes ». Le dernier opus de la collection est donc consacré à Cuba et au régime castriste.
Cuba sans Castro a été tourné notamment à Cuba mais s’appuie aussi sur des témoignages et considérations d’intellectuels cubains parmi lesquels celui de Zoé Valdés, romancière née à Cuba en 1959 et installée à Paris depuis 1995, année où est publiée La nada cotidiana. Elle y trace elle aussi le portrait de Cuba, son pays, et y fait une description « d’une impardonnable vérité ». Dans ce documentaire, elle apporte son témoignage tangible.
Loin du Cuba chaloupant de Buena Vista Social Club, de la caserne emblématique de Moncada aux taudis de La Havane, retour sur la Route de la Révolution, hantée par le fantôme fatigué de Fidel, 86 ans. Sous l’impulsion de son cadet de quatre ans, le pragmatique Raúl Castro – dont la fille, avocate de la cause gay, pourrait lui succéder -, le « secteur non étatique » s’étend. Avides de consommer, jeunes et moins jeunes, dont d’anciens cadres et ingénieurs, se lancent dans de petites affaires, quand le salaire moyen est de treize euros par mois. L’île, qui exporte 80 % de son alimentation, bouge par nécessité. Et même son système de santé dont la réalisatrice, souffrante, fait l’amère expérience, n’est que ruines, alors que la dingue et le choléra progressent. Quant à la liberté d’expression, elle reste le privilège de la plus importante diaspora au monde. Filmé avec un visa cinéma dans des conditions difficiles, ce documentaire pénètre au cœur des âpres réalités quotidiennes cubaines. Avant d’interroger journalistes et intellectuels en exil, parmi lesquels les écrivains Eduardo Manet et Zoé Valdés. Un terrible réquisitoire, après plus d’un demi-siècle de régime castriste.