Arte et France Ô diffusent bientôt Les Routes de l’esclavage, une série documentaire événement.
Mardi 1er mai sur Arte puis les 2 et 9 mai sur France Ô seront diffusés les quatre épisodes de la série documentaire Les Routes de l’esclavage. Dans cette œuvre collective, Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant proposent d’entendre l’histoire à travers la « rencontre de trois visions, de trois histoires personnelles où convergent l’Afrique, les Caraïbes et l’Europe. Cette multiplicité de points de vue a permis d’appréhender l’esclavage dans sa globalité, en dépassant les stéréotypes, les idées reçues et les a priori sur la culture de l’autre ».
La série s’appuie notamment sur le travail et l’analyse d’une trentaine de spécialistes de l’histoire de différentes grandes régions de l’Afrique, des Caraïbes, de l’esclavage et de la traite transatlantique. Parmi les historiens intervenants : Elikia M’Bokolo, directeur des études africaines à l’EHESS Paris ; Vincent Brown, professeur à l’Université de Harvard ; ou encore Myriam Cottias, spécialiste de l’histoire sociale des Caraïbes.
Portée, entre autres, par les voix de Mathieu Amalric, Jérémie Renier, Gaël Faye, Aïssa Maïga, Serge Hazanavicius, Alex Descas ou encore Jean-Michel Martial, Les Routes de l’esclavage contribue à montrer « que l’esclavage n’est pas un phénomène historique marginal mais une question centrale de l’histoire du monde ».
L’histoire de l’esclavage n’a pas commencé dans les champs de coton. C’est une tragédie beaucoup plus ancienne qui se joue depuis l’aube de l’humanité. Pour la première fois, cette série retrace l’histoire des traites négrières du VIIe au XIXe siècle. Récit d’un monde où la traite d’esclaves a dessiné ses territoires et ses propres frontières. Un monde où la violence, la domination et le profit ont imposé leurs routes.
Les Routes de l’esclavage
476 – 1375 : Au-delà du désert
476 après Jésus-Christ, Rome s’effondre sous la poussée des invasions barbares. Sur les ruines de l’Empire romain, les Arabes bâtissent un nouvel empire qui s’étend des rives de l’Indus jusqu’au sud du Sahara. Entre l’Afrique et le Moyen- Orient se tisse durablement un immense réseau de traite d’esclaves.
Au coeur de ce réseau continental, deux grandes cités-marchandes se démarquent. Au nord, au carrefour de la péninsule arabique et de l’Afrique, Le Caire, première ville musulmane et principal carrefour commercial d’Afrique. Au sud, Tombouctou, place forte des grands empires d’Afrique de l’ouest et point de départ des caravanes transsahariennes.
Dans un récit épique et documenté, le premier épisode des Routes de l’Esclavage raconte 700 ans d’histoire et révèle comment les populations subsahariennes sont devenues au fil des siècles la principale « matière première » de la plus grande déportation de l’histoire.
1375 – 1620 : Pour tout l’or du monde
À la fin du Moyen-âge, l’Europe s’ouvre au monde et découvre qu’elle se situe en périphérie de la principale zone de production de richesses de la planète : l’Afrique.
Les navigateurs portugais sont les premiers à se lancer à la conquête de l’Afrique. Ils partent chercher l’or, ils reviennent avec des milliers de captifs pour les vendre en Europe. Entre les côtes africaines, le Brésil et leurs comptoirs, les Portugais mettent en place les premières colonies entièrement peuplées d’esclaves. Au large du Gabon, l’île de Sao Tomé devient le laboratoire du système d’exploitation le plus rentable de tous les temps : la plantation sucrière…
1620 – 1789 : Du sucre à la révolte XVIIe siècle
L’Atlantique devient le champ de bataille de la guerre du sucre. Français, Anglais, Hollandais et Espagnols se disputent les Caraïbes pour y cultiver des champs de canne. Pour assouvir ces rêves de fortune, les royaumes européens ouvrent de nouvelles routes de l’esclavage entre l’Afrique et les îles du Nouveau Monde. Avec la complicité des banques et des compagnies d’assurance, ils industrialisent leurs méthodes et portent le nombre de déportations à des niveaux jusque-là jamais atteints. Pris au piège, près de 7 millions d’Africains se trouvent entraînés dans un gigantesque tourbillon de violence.
1789- 1888 : Les nouvelles frontières de l’esclavage
À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain. Après la révolte des esclaves à Saint-Domingue, la Grande-Bretagne abolit la traite transatlantique en 1807. Pourtant l’Europe, en pleine révolution industrielle, ne peut pas se passer de la force de travail que fournissent les esclaves. Pour satisfaire son besoin de matières premières, elle ferme les yeux sur les nouvelles formes d’exploitation de l’homme au Brésil et aux États-Unis.
En Afrique, l’Europe se lance dans une nouvelle entreprise coloniale. À l’heure où la traite est enfin interdite, la déportation des captifs africains va exploser, plus importante que jamais. En 50 ans, près de 2,5 millions d’esclaves sont déportés.